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Les arrachages ne réduisent pas la vendange 2025 : -20 000 ha de vignes et +13 % de vins par rapport à 2024
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France
Les arrachages ne réduisent pas la vendange 2025 : -20 000 ha de vignes et +13 % de vins par rapport à 2024

Les premières prévisions de vendanges françaises indiquent un potentiel de récolte en hausse. Les récentes réductions des surfaces viticoles étant compensées par un climat et un état sanitaire plus propices aux bons rendements qu’en 2024. Ce qui accentue les défis de régulation dans toute la filière nationale pour éviter l’accroissement des stocks et permettre le maintien des valorisations sur des marchés en difficulté.
Par Alexandre Abellan Le 08 août 2025
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Les arrachages ne réduisent pas la vendange 2025 : -20 000 ha de vignes et +13 % de vins par rapport à 2024
Si les premières vendanges ont commencé ce début août en France, la campagne viticole est loin d'être terminée. - crédit photo : Alexandre Abellan
A

u premier août, il y aurait un potentiel de 41,25 millions d’hectolitres de vin en France d’après les premières estimations du ministère de l’Agriculture et ses Services de la Statistique et de la Prospective (SSP). Soit une forte augmentation de 14 % par rapport à l’historiquement basse récolte 2024, mais une légère baisse de 4 % par rapport à la moyenne quinquennale (2020-2024). « Cette progression serait particulièrement marquée dans les bassins de Bourgogne, Champagne, Val de Loire et Charentes » alors que « dans d’autres bassins comme le Bordelais, le Sud-Ouest ou le Languedoc-Roussillon, cette hausse est partiellement atténuée par une baisse des surfaces en production, conséquence des plans d’arrachages engagés depuis 2023. Plus de 20 000 hectares au total ont ainsi été retirés dans ces vignobles depuis la dernière récolte » pointe le SSP. Dont les services notent la précocité du millésime au premier août, alors que « le début d’été, sec et chaud, a permis de limiter la pression des maladies, et aucun aléa météorologique majeur n’est à signaler à ce stade ».

Parmi les vignobles dont la production augmente, la Bourgogne se prépare à une récolte « sensiblement supérieure à celle de 2024, fortement réduite l’an dernier par le mildiou » indique le SSP. Le vignoble bourguignon renoue avec une météo clémente en 2025, faisant oublier l’éprouvant millésime 2024. Si la récolte s’annonce précoce, elle ne devrait pas non plus être pléthorique. Certaines zones ont été touchées par la grêle, notamment pour la production de crémants.

Également en croissance nette, la Champagne connaîtrait une vendange dans la moyenne quinquennale pour le SSP. Manuelle, la récolte champenoise s’annonce précoce, dès août. Elle devra être en partie être mise en réserve, l’interprofession champenoise ayant fixé le rendement commercialisable à 9 000 kg/ha face aux déséquilibres actuels entre productions, stocks et commercialisations. Une baisse critiquée par les Vignerons Indépendants.

Dans la vallée de la Loire, « malgré des dégâts de grêle dans le Centre, la production devrait dépasser nettement celle de 2024 et se situer au-dessus de la moyenne quinquennale » prévoit le SSP. En Anjou, le millésime se déroule jusqu’ici sans accroc, dans le Muscadet le potentiel est prometteur, confirmant l’adage sur la qualité des millésimes en cinq, en Touraine aussi la vigne se développe sans pression sanitaire mais avec des craintes de stress hydrique... S’il n’y a pas eu de gelées, des orages ponctuels de grêle ont touché des parcelles comme en Loir-et-Cher début juillet. Jusqu’ici assez épargné par les difficultés commerciales, le vignoble ligérien est désormais sous tension, comme en témoigne la récente manifestation concernant la chute des prix en Cabernet d’Anjou.

Subissant depuis 2023 des difficultés commerciales sur ses premiers marchés, aux États-Unis et en Chine, Cognac peut « envisager un redressement par rapport à la faible récolte de 2024 » indique l’administration. Dans un contexte géopolitique toujours tendu et incertain, entre le signal positif venu de Chine et le passage de 10 à 15 % des droits de douanes aux Etats-Unis, les instances charentaises ont fixé un rendement commercialisable 2025 réduit à 7,65 hl AP/ha et mis en place un Volume Complémentaire Cognac Individuel permettant de compenser un arrachage de parcelles par une augmentation de rendement. Alors que les affectations parcellaires ne sont pas connues, il reste en fond l’enjeu d’éviter de submerger d’autres vignobles producteurs de vins blancs.

Pour Bordeaux, « malgré l’arrachage de 8 000 hectares de vignes depuis la dernière récolte [NDLR : -18 000 ha depuis 2023 avec les arrachages nationaux et régionaux], de meilleurs rendements permettraient d’atteindre le niveau de 2024 » indique le SSP. Si le vignoble bordelais présente jusqu’ici un fort potentiel qualitatif, qui doit passer les prochains coups de chaud pour se maintenir et espérer être volumique. Alors que les difficultés commerciales restent fortes, malgré une récolte 2024 historiquement basse et des ventes supérieures à la production, les instances girondines préconisent un nouvel arrachage couplé à de la distillation et des évolutions réglementaires sur le prix minimum des vins. La qualité du millésime 2025 n’a pas été obtenue sans difficulté, un mois d’avril pluvieux et des orages de grêle ponctuels ayant pesé sur les travaux viticoles. Le potentiel de développement de Botrytis en 2025 s’annonce moyen.

Pour les vignobles du Sud-Ouest, « l’absence d’aléa climatique majeur, contrairement à 2024, devrait permettre une hausse des rendements, sauf dans les Landes » rapporte l’administration, notant que « malgré une baisse des surfaces de 3 500 hectares, la production devrait rester équivalente à celle de l’année précédente ». Le mildiou 2024 ayant ici aussi eu plus d’effet que l’arrachage 2025 sur la production globale. Le millésime reste difficile cette année, avec une pression mildiou et black-rot forte à Fronton (où la grêle a frappé), ou des dégâts inhabituels de noctuelles à Jurançon et Irouléguy.

Dans les vignes du Languedoc-Roussillon, « la situation s’améliore par rapport à 2024, en particulier dans le Roussillon, qui a bénéficié de précipitations depuis le printemps » note le SSP, ajoutant que « malgré l’arrachage de plus de 10 000 ha depuis la dernière récolte, la production devrait progresser sur un an ». Si les vendanges françaises ont commencé ce début août dans le Roussillon, le Midi est surtout marqué ce mois d’août par le violent incendie consumant 16 000 hectares et frappant vignes, matériels et bâtiments de production dans les Corbières (Aude). Il ne s’agit hélas pas du premier incendie de la saison, l’Aude ayant déjà été ravagée sur 3 000 hectares début juin. Dans le Midi, les aléas climatiques frappent d’autant plus fortement que les vignerons sont exsangues, comme en témoignent les vignerons du Gard après la grêle tombée fin juillet. Comme ailleurs en France, le printemps pluvieux a imposé de surveiller le mildiou comme le lait sur le feu, comme dans l’Hérault. Ce sont désormais les demandes d’arrachage, temporaire et définitif, ainsi que de couplage avec la distillation, qui sont surveillées avec impatience, le vignoble occitan partageant les demandes exprimées nationalement en juillet et devant faire l’objet d’un point d’avancement après la récolte avec la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard. Des initiatives sont déjà lancées pour rétablir la valorisation des vins, comme l’orientation du prix en Pays d’Oc pour les certifications bio et Haute Valeur Environnementale (HVE) dès 2025. Un fonds de mutualisation est aussi étudié pour réguler collectivement les excédents de production.

Pour l’Alsace, « la charge en raisin serait faible » rapporte la prévision de vendanges. Voyant son niveau de production se réduire, passsant sous le million hl, l’Alsace n’en est pas moins en difficulté, en dehors des crémantsla question de l’arrachage s’y posant ouvertement, ce qui était inimaginable il y a quelques années. À noter que l’Alsace a eu la particularité de bénéficier de l’assouplissement de l’arrêté pollinisateur pour les traitements 2025.

Dans le vignoble du Sud-Est, « la sortie de grappes est satisfaisante et les maladies fongiques sont sous contrôle. La production devrait être supérieure à celle de 2024 et proche de la moyenne quinquennale » estime le SSP. La Provence a été mise sous pression ce printemps face aux pluies et même une tempête ayant submergé des vignobles fin mai. Le beau temps de ce premier semestre aurait un impact bénéfique sur les ventes, même si la prudence est de mise face à des marchés incertains (notamment le débouché américain sous le coup de taxes Trump). En Vallée du Rhône, le millésime est parti en douceur, mais le manque d’avancée pour garantir un prix rémunérateur commence à peser, avec des demandes d’accélération de la mise en œuvre de la réforme d’Egalim pour que les coûts de production sont intégrés aux contrats de l’amont (le gouvernement promettait un vote cet été), ainsi que la création d’Organisations de Producteurs (OP, sans qu’il y ait de consensus dans la filière), et le déploiement de prix d’orientation pour les vins bio et HVE (article 210 bis de la Politique Agricole Commune) de recommandation de prix pour les vins AOP et IGP (article 172ter de la PAC).

Pour le vignoble de Corse, « le mildiou a eu peu d’impact en début de saison. Les pluies printanières ont rechargé les sols en eau, et la production devrait dépasser celle de l’an dernier » prévoit le SSP. Les vignerons de l’Île de Beauté espèrent également éviter les attaques de cicadelles africaines.

Dans le Beaujolais, le millésime s’annonce plus difficile : « la coulure, le mildiou et la grêle pourraient pénaliser le potentiel de production » rapporte l’administration, les vignerons s’étant mobilisés pour maintenir sous contrôle une situation tendue.

Pour le Jura, « un net rebond est attendu après une récolte 2024 fortement impactée par le gel » indique ces premièrse prévisions. Épargné par les gelées cette année, et espérant éviter la grêle, les vignerons jurassiens comptent amener au bout le potentiel quantitatif qui est là après des années de petite production.

Pour les vignobles de Savoie, « les grappes sont bien formées et l’état sanitaire du vignoble est bon. La production devrait dépasser nettement celle de 2024 » ajoute le service des statistiques.

Risques inhérents aux prévisions

À ce tour de France du SSP manquent les vignobles émergents comme la Bretagne ou la Normandie. Mais ne manquent pas les précautions d’usage à plusieurs semaines des vendanges et vinifications : « par nature, ces prévisions ne peuvent prendre en compte les événements susceptibles de survenir après cette date et d’influer sur la récolte » indique le service ministériel. Souvent critiqué dans le vignoble pour l'inexactitude de ses prévisions précoces, le SSP défendait en 2018 sa méthodologie et ses erreurs de l'ordre de 1 à 3 % entre les prévisions et les déclarations de récolte définitives.

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Tous les commentaires (4)
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Benji Le 16 août 2025 à 10:49:33
Comme quoi il est temps de faire du ménages dans les administrations qui sont grassement payés par le monde agricole et déconnectées du terrain! Il suffit d'aller voir dans les vignes et demander aux viticulteurs pour comprendre facilement que la récolte sera loin des prévisions déphasés des réalités ! Le déclin des productions agricole et viticole française est une évidence mais personne ne s'en préoccupe ,les conséquences sur le territoire ,sur l'emploi et sur le PIB va être catastrophique
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Cahuita33 Le 09 août 2025 à 19:02:37
Je crains que les lanceurs de chiffre ne se promènent que peu dans les vignes. Ils ne font pas la différence entre les vignes entretenues et porteuses de Recolte et les vignes en arrachage ou abandonnés qui sont toujours au Cci et sans les statistiques mais qui ne porteront pas re récolte.
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Renaud Le 09 août 2025 à 09:46:39
Pour les volumes à venir le manque d'eau risque de réellement affecter les prévisions. Avec ou sans 2 à 3 pluies de 15 à 20 mm dans le mois à venir c est + ou - 20% à Bdx. Tant que c'est pas dans le chai on en sait rien. Pour les crémant c'est trop tard et ça va être juste.
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pec Le 08 août 2025 à 11:17:17
Bonjour @vitispehere, pourriez vous faire un article/tableau avec les prévisions de récolte avant début de vendanges versus la récolte réelle pour les 20 dernières années? Bien à vous
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