xé sur la préservation des haies et les cépages résistants, le projet de cahier des charges de l’association des vignerons de Normandie va commencer à être travaillé avec l’INAO pour avancer le plus rapidement possible.
Comptant actuellement 60 hectares, le vignoble de Normandie se structure et projette une demande d’Indication Géographique Protégée (IGP). Finalisé ce 2 juillet, « le premier projet de cahier des charges sera remis à l’Institut National de l’Origine et de la Qualité (INAO) la semaine prochaine » indique Édouard Capron, le président de l’Association des Vignerons de Normandie
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(70 adhérents, pour moitié des professionnels). Ayant validé en janvier 2024 l’objectif de création d’un vin IGP, l’association s’appuie sur une étude historique et agro-sociologique de l’École Supérieure d’Agriculture d’Angers (ESA). « Il en ressort que les projets viticoles normands, bien que très divers dans leurs terroirs, leurs cépages et leurs approches, partagent une dynamique commune : produire des vins tranquilles de grande qualité, ancrés dans leur territoire » indique un communiqué.
Se limitant aux seuls vins tranquilles, le projet de cahier des charges n’est pas encore communicable dans le détail (notamment sur les rendements et les densités), mais Édouard Capron acte deux axes forts : la préservation des paysages normands et notamment des haies en formant le bocage (« ça ne recoupe pas la totalité des régions normandes, on ne peut pas dupliquer un paysage viticole type » précise-t-il) et l’autorisation de vignes résistantes au mildiou et à l’oïdium (une dizaine seraient déjà plantées en Normandie, le floréal étant bien représenté et le souvignier gris également). Amorçant de premiers échanges avec l’INAO, l’Association des Vignerons de Normandie espère pouvoir finaliser un projet de cahier des charges pour le rendre début 2026. Parrainé par la région Normandie (sur les départements de la Manche, du Calvados, de la Seine-Maritime, de l'Eure et de l'Orne), le projet IGP doit également se structurer avec une Organisation de Défense et de Gestion (ODG). Soit par une création, soit par un rattachement (avec un autre produit local ou avec des vins d’autres régions) : « c’est en réflexion » indique Édouard Capron.


Dans une période de crise nationale, le vignoble normand trace sa route suivant l’innovation. « Il ne faut pas s’arrêter à ce qui se fait. Sinon pourquoi faire la Clio quand on a la R5 ? » réagit Édouard Capron, pour qui le vignoble normand « essaie d’apporter modestement un nouveau produit, un nouveau plaisir… On ne produira pas les mêmes vins que le val de Loire par exemple. » Sachant que la question de l’adaptation au changement climatique des vignobles septentrionaux est à prendre avec des pincettes pour le vigneron de Freneuse (Seine-Maritime). Si la hausse des températures peut aider à la maturité des cépages, le vignoble normand subit des sécheresses et des canicules, avec ce millésime 2025 qui connait des remontées de grillure et des échecs de plantiers.
Devant cartographier ses terroirs, le vignoble normand s’appuie sur une histoire riche rappelle Édouard Capron, faisant état d’une grande période viticole normande aux XIIème et XIIIème siècle. Au Moyen-Âge, « la Normandie faisait partie des grandes régions viticoles » pointe Édouard Capron, évoquant un vignoble ayant perduré jusqu’au XIXème avant de se réduire à des vignobles familiaux. Désormais, c’est la relance d’un vignoble professionnel et sous IGP qui doit écrire un nouveau chapitre de cette histoire viticole.