a semaine dernière, la campagne viticole se déroulait sous les meilleurs auspices en Côte d'Or. « La pousse était active sous des températures en constante augmentation qui ont allègrement dépassé les 30°C jusqu'à ce que l'air chaud viennent se confronter à de l'air plus frais pour former une énorme cellule orageuse qui a traversé le territoire châtillonnais dans la nuit de samedi à dimanche », rapporte Christophe Suchaut, conseiller vigne et vins pour la Chambre d'agriculture.
Des vents très forts avec des macrorafales ont soufflé sur l'ensemble du vignoble pendant plusieurs heures. Accompagnant un cumul de 66,5 mm de pluies denses, des grêlons de petit diamètre ont également mitraillé une bande allant de l'ouest de la vallée de la Seine à la rivière Ource. Environ 30 % des 400 hectares morcelés ont été impactés à des degrés divers. « De plusieurs baies et feuilles touchées à partir de Poinçon-lès-Larrey, le niveau de perte s'amplifie très rapidement à 20, 40, 50 %... en remontant vers le nord-est », indique Christophe Suchaut. Les dégâts les plus importants sont constatés sur les communes d'Obtrée, de Chaumont-le-Bois, de Vannaire, de Massingy, de Mosson et de Belan-sur-Ource. La grêle y a anéanti tout ou grande partie des raisins et des céréales à deux doigts des moissons. Dans les vignes, les marques restées sur les piquets en bois témoignent de la violence de l'épisode. « A Chaumont-le-Bois, le domaine Bouhélier a ainsi perdu 100% de sa récolte sur 2 hectares destinés à la production de crémant de Bourgogne », détaille le conseiller.
Dégâts sur feuilles, grappes, et même piquets de vigne. Crédit: Christophe Suchaut
Si le ravinage a rendu les parcelles difficilement praticables pendant deux jours, Christophe Suchaut a rassuré les vignerons inquiets de ne pas pouvoir aider la vigne à cicatriser. « Leur meilleur allié reste le temps sec et chaud qui a déjà ressuyé les sols et semble parti pour durer, assure-t-il. Il faut simplement espérer qu'il ne retourne pas à l'orage avant juillet quand l'Arelfa aura maillé tout le châtillonnais avec des générateurs à iodure d'argent, un investissement définitivement acté l'année dernière après que la grêle ait touché toute la commune de Molesme à quasiment 100%. »
D'autres dégâts à Aloxe-Corton et Pernand-Vergelesses
La grêle semble avoir épargné le reste du vignoble de la Côte d'Or. « Nous avons ressorti les bottes hier pour faire un grand tour de parcelles et n'avons rien vu, si ce n'est quelques marquages très sommaires sur feuilles », témoigne Benoît Bazerolle, consultant d'Apex Conseil Viticole, à Beaune. L'orage a tout de même provoqué d'importants phénomènes d'érosion et d'entraînement de terre dans les bas de côteaux d'Aloxe-Corton et de Pernand-Vergelesses, « où il était déjà tombé une quarantaine de millimètres il y a 15 jours. » Les vignerons nettoient les chemins en attendant que les parcelles se réessuient bien. « C'est le mieux à faire pour ne pas marquer davantage les rangs pour certains déjà très creusés et périlleux, estime Benoît Bazerolle. Du beau temps est annoncé pour 10 jours, nous ne sommes pas à une journée près. »
Alors que dans le châtillonnais Christophe Suchaut ne trouve des taches de mildiou qu'« en les cherchant bien », Benoît Bazerolle note une évolution du mildiou sur jeunes feuilles depuis jeudi dernier suite aux salves de pluie de la première décade de juin, avec des situations variables en fonction des cumuls, des dates et des modalités de traitements. « Comme nous partions d'un vignoble très sain, il y a toujours des parcelles dans lesquelles nous ne voyons qu'une tache ou deux en faisant un aller-retour, mais dans d'autres 80% des ceps présentent une ou plusieurs taches », précise-t-il. Le consultant anticipe un feuillage « beaucoup plus net après le rognage » et prévoit de nouvelles observations à partir de la semaine prochaine pour vérifier l'état des grappes, sachant qu'« elles grossissent très rapidement sous des conditions météos favorables et devraient très prochainement sortir de la zone de turbulences. »
Côté oïdium, la situation est exceptionnellement calme. S'il surveille cette maladie imprévisible comme le lait sur le feu, Benoît Bazerolle ne se rappelle pour l'instant pas d'un autre millésime « avec aussi peu de symptômes même dans les secteurs à fort historique. »
Malgré la coulure marquée sur certains chardonnays, le consultant anticipe une récolte bien plus satisfaisante qu'en 2024, avec des vendanges précoces si la vigne qui atteint aujourd'hui le stade « fermeture de la grappe » n'est pas bloquée par la sécheresse ou des excès de température.