rutal, l’orage de grêle tombé dans la nuit du vendredi 13 au samedi 14 juin sur les vignes de Gironde a touché de nombreuses communes. S’il y a des échos de dégâts ponctuels dans le Médoc ou dans les Côtes-de-Bourg, « l’épicentre se trouve sur la commune de Porte-de-Benauge (regroupant Arbis et Cantois) » François Mechineau, qui suit les aléas climatiques à la Chambre d’Agriculture de Gironde, qui fait état de « dégâts assez importants » sur les communes voisines de Montignac, Saint-Genis-du-Bois, Baigneaux, Daubèze, Saint-Martre, Saint-Pierre-de-Bat, Saint Brice… S’il est encore impossible de chiffrer les surfaces touchées, il y aurait « plusieurs centaines d’hectares » de vignes d’Entre-deux-Mers touchées à des degrés divers, mais conséquents alors que la zone est très viticole.
Vigneron et maire de Porte-de-Benauge, Éric Guérin estime à 600 ha les surfaces de vignes sur la commune de Porte-de-Benauge dont « beaucoup sont grêlées à 50-100 % de dégâts. On voit de tout, avec des feuilles lacérées et des tiges hachées aux endroits où l’orage a été le plus violent. » Au-delà des grêlons, « on a eu une mini tornade qui a arraché des chênes centenaires et a mis le bourg en catastrophe (des toits d’administrés et de l’église se sont envolés). C’était très violent en quelques minutes. Je n’ai jamais vu ça ici en 58 ans » rapporte le vigneron, qui constate « des dégâts importants sur les vignes sur une période où ce n’est pas facile. Ça devient dramatique. »


Ayant eu le vendredi matin une rencontre au tribunal judiciaire de Libourne pour avancer sur son redressement judiciaire, la vigneronne Amandine Noriega, à la tête de la maison du Berneuilh (32 hectares de vignes touchées à 50 % à Porte-de-Benauge) était ragaillardie alors qu’elle avait de nouvelles touches commerciales : mais après la chute du ciel sur la tête de ses vignes, l’espoir a été écrasé par des visions d’apocalypse : « quand il vous tombe ça, en termes de yo-yo je ne vous dis même pas… » Pour la vigneronne, « c’est le coup de trop. C’est compliqué en redressement et sans assurance, on doit faire le plein et on ne peut pas avoir une récolte qui coûte cher à produire. Après 4 ans de petites récoltes, c’est l’accumulation. »
Un cas qui n’est pas isolé pointe Amandine Noriega : « on est tous tellement dans le mal. Depuis le mois de mai, c’est déjà la quatrième fois que la grêle touche mes vignes. La violence du vent a accentué les dégâts. » Si elle pointe que les vignerons se soutiennent entre eux pour ne pas perdre pied, elle pointe la lassitude : « on peut avoir des orages jusqu’en septembre. Il faut un meilleur maillage de la défense antigrêle et des canons allumés » malgré les coupes budgétaires pesant sur les générateurs à iodure d'argent de l’Association départementale d'étude et de lutte contre les fléaux atmosphériques de la Gironde (Adelfa 33).


Son président, Dominique Fédieu, précise que lors de cette orage, « les générateurs ont été allumés. Seul problème sur le couloir de Saint-Selve à Targon, le manque de générateurs en amont sur la façade Atlantique et le sud du Département. Cette situation n’est pas nouvelle et l’arrivée des générateurs semi automatiques en test depuis deux ans pourra améliorer la couverture. Il faudra trouver en revanche les moyens financiers pour fonctionner. Or, cela ne se bouscule pas pour prendre en charge le financement de l’ADELFA. Globalement il faudrait arriver à un budget annuel de 450 000 euros. À l’échelle de la Gironde c’est atteignable. Monsieur le Préfet doit organiser une conférence des financeurs à ce sujet. »
En visite ce dimanche 14 juin dans le vignoble, le préfet de la région Nouvelle-Aquitaine et de la Gironde, Étienne Guyot, a rappelé les outils disponibles en soutien aux vignerons et céréaliers touchés par la grêle. « Les agriculteurs disposant d'une assurance multi-risque climatique ou d'un contrat grêle/tempête sont invités à ouvrir un dossier de sinistre auprès de leur assureur » indique un communiqué, pointant qu’« un dispositif de solidarité, entré en vigueur en 2023, permet également aux exploitations agricoles victimes d’aléas climatiques d’ampleur exceptionnelle de bénéficier d’une indemnisation pour pertes de récolte liés à des aléas climatiques (indemnité de solidarité » nationale ou ISN). »