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Les vignes bordelaises (re)protégées dès 30 % de risque grêle
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🌩Temporairement❄️
Les vignes bordelaises (re)protégées dès 30 % de risque grêle

Pour ne plus répéter le loupé de l’orage du 10 mai ayant frappé des vignes sans défense, le réseau girondin de générateurs à iodure d’argent antigrêle réaugmente temporairement son seuil d’intervention face aux menaces d’orages. Tout en espérant obtenir de nouveaux fonds rapidement. En l’état, le département de la Gironde considère avoir mis les fonds nécessaires face aux contraintes budgétaires. Ce qui fait grincer des dents parmi les vignerons comptant leurs dépenses à l’euro.
Par Alexandre Abellan Le 20 mai 2025
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Les vignes bordelaises (re)protégées dès 30 % de risque grêle
« On paie toujours 1,5 €/ha, mais il n’y a plus assez d’argent pour déclencher » regrette Maxime Barreau. - crédit photo : Vignobles Barreau
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uits difficiles pour les vignerons bordelais alors que les orages grondent et menacent. « Je n’ai pas bien dormi comme ça tapait partout cette nuit » soupire un vigneron médocain ce lundi 19 mai matin, qui ne cache pas son inquiétude : « je flippe ma race après l’abaissement annoncé de 30 à 40 % du seuil de risque de grêle » pour le déclenchement des 139 générateurs à iodure de l’'Association départementale d'étude et de lutte contre les fléaux atmosphériques de la Gironde (Adelfa 33) faute de budget (avec 220 000 euros réunis en 2025, il manque 100 000 € pour boucler le budget permettant de maintenir ce seuil).

Cette révision des seuils d’intervention passe mal dans le vignoble bordelais alors qu’un orage de grêle a frappé des dizaines d’hectares ce samedi 10 mai sans déclenchement des cheminées et que les orages de grêle menacent cette fin mai. Alors qu’il n’y a pas encore eu d’alerte depuis le début d’année, le viticulteur Dominique Fédieu, président de l’ADELFA 33 et conseiller départemental du canton Sud-Médoc (majorité départementale PS), annonce qu’« en cas de risque de grêle à 30 %, nous déclencherons le réseau. Nous allons être plus souples temporairement. Pour le moment, nous pouvons l’assumer financièrement. » Un renforcement exceptionnel en espérant que de nouveaux fonds vont rallonger le budget réduit « nous devons faire attention pour ne pas être en rupture pendant la saison de lutte » pointe Dominique Fédieu, qui ne désespère pas que le département augmente sa dotation.

Le département fait sa part

Ayant investi 165 000 €/an par le passé, la Gironde a réduit à 35 000 € sa contribution en 2025 (après une chute à 20 000 € en 2024). Si la collectivité est pointée du doigt dans le vignoble pour son désengagement, elle se défend d’avoir abandonné la filière* : « dès juin 2024, le département a organisé une conférence des financeurs, conscient des besoins d’aider l’Adelfa33 à diversifier ses ressources ». Indiquant que « le département fait sa part et a porté un effort significatif au budget 2025 pour relever la subvention de l’Adelfa33 à 35 000 € […] malgré le contexte budgétaire particulièrement contraint », la Gironde précise que « c'est plus largement la mobilisation conjointe et concertée des pouvoirs publics auprès des acteurs de la filière viticole qui permettra de garantir un financement pérenne de l'ADELFA 33 et des solutions d'avenir pour la viticulture ».

Sentiment de frustration

Comptant parmi les 350 bénévoles de l’Adelfa 33, Maxime Barreau, à la tête du château Haut-Garriga (à Grézillac) en veut au département de se désengager alors que « d’autres agriculteurs, les collectivités et les particuliers bénéficient de cette protection collective ». N’ayant eu personnellement que quelques rameaux cassés après l’orage du 10 mai, le vigneron de l’Entre-deux-Mers en fait une question de principe : « le 10 mai, tout le monde savait qu’il allait y avoir de la grêle. Mais nous, on n’a pas allumé le réseau. Si on ne l’allume pas le 10 mai, on ne l’allumera jamais. 40 %, c’est un niveau énorme ! » Si demandant s’il y a encore un sens à verser une cotisation de 1,5 €/ha (le montant commun à toutes les AOC de Bordeaux), Maxime Barreau pointe que le réseau n’était pas allumé les 5 fois où il a eu des dégâts de grêle ces dernières années (surtout en juin 2023 et avril 2022, mais aussi ce mois de mai 2025, ainsi qu’en 2019 et 2020). « On a l’impression d’être abandonnés, c’est intenable dans le contexte actuel. Beaucoup de vignerons ne peuvent pas passer à 4,5 €/ha pour prendre tout seul la charge de cette lutte, beaucoup sont à l’euro prêt » rapporte le vigneron, regrettant qu’« en attendant, rien ne se passe, et tout le maillage construit en 30 ans tombe à l’eau ».

Précisant que, contrairement à ce qui peut être dit dans le vignoble, l’Adelfa 33 n’a jamais descendu à 20 % son seuil de risque (le budget aurait été trop important avec un doublement des déclenchements potentiels), Dominique Fédieu pointe que pour rester durablement à 30 % il faudra des budgets complémentaires. « Dans certains secteurs, le moindre euro compte. Ce sera à mettre en rapport avec les sommes perdues en cas de dégâts » indique le président de l’Association Nationale d'Étude et de Lutte contre les Fléaux Atmosphériques (ANELFA), qui rapporte que la Gironde est nationalement le vignoble cotisant le moins.

 

* : Plus globalement, le département indique qu’il « est présent auprès de la filière viticole, en particulier sur l’accompagnement social et économique des professionnels en difficulté » avec « des solutions d’avenir structurelles comme la diversification des cultures et des pratiques agricoles via le développement du réseau des Fermes Gironde Alimen'terre. Le Département propose avec ce programme, appuis techniques, expertises, accompagnement au développement des filières ou encore animation des réseaux professionnels départementaux : autant d’actions indispensables au soutien de l’agriculture girondine. »

 

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Tous les commentaires (3)
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MG Le 26 mai 2025 à 18:57:00
"il est impossible de se mettre autour de la table pour imaginer une solution pérenne, efficace et durable" : c'est ce que j'appelle le cépaspossiblisme : la moindre initiative est tué dans l'œuf.
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VignerondeRions Le 21 mai 2025 à 08:09:55
Le département n'a qu'a lever une taxe Adelfa sur les impôts fonciers de tout le monde, puisque la protection ne protège pas uniquement les vigne en AOC qui sont les seules contributrices. Mais depuis des mois, il est impossible de se mettre autour de la table pour imaginer une solution pérenne, efficace et durable. Il y en a marre des gens qui nient leurs responsabilités, la réalité est la, le département fait ses choix en son âme et conscience, entrainant une baisse drastique de la protection. Après il faut arrêter de venir voir les paysans à chaque orage en disant, on vous comprends, on est à vos côtés, bla bla...
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Meynard Le 20 mai 2025 à 22:52:30
La viticulture bordelaise avec les difficultés que l on connaît finance pratiquement exclusivement la lutte anti grêle alors qu'elle protège tout le monde, du toit des maisons des particuliers aux carrosseries des voitures. Adelfa fait gagner des milliers d euros aux assurances mais quand il s agit de mettre la main à la poche pour payer...
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