iqué de grêle. Voté ce 31 mars, le budget du département de la Gironde doit arbitrer un réhaussement du financement de l'Association départementale d'étude et de lutte contre les fléaux atmosphériques de la Gironde (Adelfa 33, 139 générateurs pour 350 bénévoles). « A priori on aurait 35 000 euros de financement ce qui est insuffisant » rapporte Dominique Fédieu, le président de l’Adelfa 33 et conseiller départemental du canton Sud-Médoc (majorité départementale PS). « Vu les incertitudes budgétaires nous sommes obligés de revoir le seuil de déclenchement des alertes pour passer de 30 à 40 %, ce qui était le seuil de 2016 et 2017 » précise le viticulteur médocain, qui fait les comptes : « notre budget de fonctionnement ne dépassera pas les 220 000 €. Il nous manque près de 100 000 €. Nous sommes contraints à la mise en place d'un mode dégradé » pour lutter contre les orages de grêle.
Si le département acte une aide 35 000 €, cela constituerait une augmentation par rapport aux 20 000 € accordés en 2024, tout en restant bien loin des 165 000 € précédemment versés. Comme les autres collectivités locales, le conseil départemental rencontre des difficultés budgétaires nécessitant de revoir à la baisse les aides, dont celles aux structures agricoles (comme peut en témoigner l’Association des Salariés Agricoles). Outil collectif de réduction des risques climatiques en Gironde par la diffusion depuis le sol d'iodure d'argent, l’Adelfa 33 est cofinancé depuis 2016 par le vignoble bordelais, avec une cotisation à 1,5 €/ha pour les vins AOC. Ayant permis l’amélioration du maillage du réseau et de premiers essais de générateurs automatisés, ces fonds restent insuffisants alors qu’en 2024, l’Adelfa 33 a déjà enregistré une dette de 72 000 euros et diminué le temps de travail de son animateur chapeautant le réseau*.
Également président de l’Association nationale d'étude et de lutte contre les fléaux atmosphériques (Anelfa), Dominique Fédieu pointe que d’autres vignobles pratiquent des cotisations bien plus conséquentes : « en Bourgogne, la cotisation pour la lutte contre la grêle coûte 8 €/ha (le vignoble finance seul son réseau). C’est 4 €/ha pour le Madiran, 5 €/ha pour l'Indre et Loire (mais une augmentation est prévue cette année). » Mais il est difficile d’imaginer une forte hausse des cotisations viticoles dans le contexte économique actuel, où le vignoble de Bordeaux compte ses sous face aux trésoreries tendues par les petits prix de vente du vin et les coûts croissants de la production.
Cette réduction annoncée de l’activité antigrêle « n'est pas une bonne nouvelle dans une période où les viticulteurs se désengagent progressivement de l'assurance multirisques climat fort coûteuse et à l'utilité contestable » pointe Dominique Fédieu, qui rappelle que l’Adelfa 33 protège non seulement les vignes bordelaises, mais aussi les biens de ces zones (certaines mairies financent l’outil, les assureurs y restent sourds), ainsi que les autres réseaux Adelfa (en étant un rempart de la façade atlantique pour les Charentes, la Dordogne, le Lot-et-Garonne…). Si la lutte contre la grêle par l’iodure d’argent suscite l'incrédulité de certains vignerons, Dominique Fédieu défend une palette d’outils de protection et le répète : « il n'y a pas de système sûr à 100 % » .
* : La Gironde n'a pas la seule Adelfa en peine, celle des Pyrénées-Atlantiques connaissant également des difficultés économiques suite à la baisse des dotations départementales. Faute de financement, des réseaux sont déjà tombés par le passé, comme celui de la Haute Garonne en 2023.