a journée s’annonce festive : le 8 mars prochain, l’Association des Salariés Agricoles de Gironde (ASA 33) tiendra au château Montrose (grand cru classé en 1855 à Saint Estèphe) sa journée de clôture de la saison 2024-2025 de concours de taille de vigne qui réunit 200 candidats chaque année*. Bref, un moment convivial mais qui pourrait être le dernier pour l’ASA 33, laquelle n’est pas à la fête : « Notre association est en péril. On est au pied du mur. Si nous ne trouvons pas 30 000 € d’ici deux mois, nous mettrons la clef sous la porte. Mon licenciement est programmé » prévient Sophie Galland, animatrice et unique salariée de l’ASA 33, association loi 1901 ayant pour mission de promouvoir les métiers agricoles, largement viticoles en Gironde, et de valoriser les savoirs faire des salariés, comme lors des concours de taille de la vigne.
Les raisons de la débâcle ? L’association bénéficie de subventions, celle de la Chambre d’Agriculture de la Gironde, à hauteur de 15 000 €, et celle du Conseil Départemental de Gironde, à hauteur de 32 000 €. Soutenant l’association depuis de nombreuses années, ce dernier a coupé le robinet pour l’année 2024. « Devant les difficultés financières, le département a été obligé de réduire les subventions. Je précise que nous n’avons pas de compétence agricole, alors que le Conseil Régional de Nouvelle-Aquitaine a cette compétence et n’intervient pas » tacle Stéphane Le Bot, le vice-président chargé de l'Agriculture au département. Ce dernier indique toutefois que malgré les conditions financières délicates, il pourrait accompagner l’ASA 33 au travers d’une nouvelle subvention. Une décision qui pourrait être adoptée lors du prochain vote du budget, le 31 mars.


Forte de ses 300 adhérents, de ses 5 000 followers sur Facebook, l’ASA 33 ne veut pas mourir. « Nous avons plein de projets avec notamment un volet formation. Des salariés agricoles pourraient en former d’autres salariés, notamment dans la taille des vignes. De même nous souhaiterions développer le titre du meilleur ouvrier de France en viticulture. S’arrêter maintenant, c’est totalement incohérent » plaide Sophie Galland. L’association a ouvert une cagnotte fin février. Elle a aussi envoyé un courrier le 20 janvier dernier à de grands châteaux pour solliciter des dons. Le hic : même à but non lucratif, la structure ne peut pas éditer de Cerfa et les faire bénéficier d’une déduction fiscale. On ne peut pas dire que les domaines viticoles se bousculent au portillon.
Le 19 février dernier, l’ASA 33 a été reçue au Département de la Gironde qui l’a assuré d’une subvention de 10 000 € pour 2025. « Même avec 10 000 €, on ne tiendra pas » lâche Sophie Galland. Au salon de l’Agriculture à Paris, avec son président, Alain Beau, elle a pu glisser quelques mots à la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, et l’a conviée à la journée du 8 mars au château Montrose. Une ministre pour éviter le sinistre ?
* : Avec la remise des 4 sécateurs d’or de cette saison, offerts par la société Bahco qui viennent récompenser le meilleur tailleur des trois concours qui se sont déroulés dans le vignoble bordelais. Au château Clarke à Listrac Médoc le 23 novembre 2024, à la maison du Berneuilh dans l’Entre-deux-Mers le 25 janvier 2025, au château L’Evangile à Pomerol le 15 février 2025 et enfin au château Montrose le 8 mars. L’association remettra également pour cette saison, le trophée du meilleur tailleur offert par la société Felco, celui de la meilleure équipe par la tonnellerie Seguin-Moreau, sans oublier le trophée de la meilleure tailleuse.
« Notre association est en péril. On est au pied du mur » prévient Sophie Galland.