e nombreuses observations de vignerons appuient l'importance de suivre des principes de la taille respectueuse, mais très peu de recherches ont validé l’intérêt de ne pas perturber le trajet de sève. Lors de la journée Teclimpro* organisée à Bordeaux ce 18 février, le professeur espagnol de viticulture Luis Gonzaga Santesteban est venu présenter les résultats d’une étude comparative conduite par l’Université de Pampelune dans deux parcelles de tempranillo nouvellement plantées et donc exemptes de l'influence des pratiques de taille antérieures.
Les deux parcelles ont été formées en cordon bilatéral en respectant les mêmes étapes de formation du pied. Dans chacune d’elles, trois types de taille ont été comparés : une taille dite « respectueuse », pour laquelle les coupes ont toujours été réalisées du même côté en laissant un chicot supérieur à 1,5 fois le diamètre du bois taillé ; une taille dite « agressive », pour laquelle les trajets de sève n’ont pas été suivis et aucun chicot n’a été laissé ; et une taille « intermédiaire », correspondant aux pratiques courantes des viticulteurs de Navarre qui ne s’empêchent pas de réaliser les coupes sur les côtés opposés du bras et laissent en moyenne un chicot de 0,7 à 1 fois le diamètre du bois taillé. Ces trois tailles ont été appliquées à cinq étapes du processus de formation du cep, en décembre 2019, mai 2020, et décembre 2020, 2021 et 2022.
Pour comparer les effets des techniques, Luis Gonzaga Santesteban et son équipe ont mesuré la surface de la section transversale des bois, le poids des rameaux supprimés lors de la taille en vert, et le poids de bois de la taille d'hiver. Sans surprise, les vignes taillées de manière « respectueuse » ont presque toujours présenté des valeurs de croissance plus significativement plus élevées pour ces trois indicateurs, reflétant un meilleur état physiologique. Les différences ont été particulièrement marquées dans le vignoble le moins vigoureux. L’essai n’a en revanche pas montré de grandes différences entre les vignes taillées de manière « agressives » et les vignes taillées selon les habitudes des viticulteurs.
Luis Gonzaga Santesteban imagine que ces résultats seraient les mêmes dans un vignoble adulte et a mis de nouveaux essais en place pour le vérifier.
*L'évènement Terclimpro est organisé par l'Unité Mixte de Recherche (UMR) Ecophysiologie et Génomique Fonctionnelle de la Vigne (EGFV), Vitinnov, l'International Viticulture and Enology Society (IVES), et INNO’VIN, avec le soutien de Bordeaux Sciences Agro, de l’Institut National de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (INRAE), de l'Institut des Sciences de la Vigne et du Vin (ISVV) et de l'Université de Bordeaux, sous le haut-patronnage de l’Organisation Internationale de la Vigne et du Vin (OIV).