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018 aura été un millésime climatiquement éprouvant pour les nerfs des vignerons, où les coups de tonnerre se sont multipliés au printemps et où les chutes de grêle ont été localement ravageuses. Notamment dans les côtes de Blaye et une partie du Médoc. « Il y a des choses à améliorer, avec des trous dans la raquette à boucher » désamorce Jérôme Laduye, le technicien de l’Association Départementale d’Étude et de Lutte contre les Fléaux Atmosphériques de la Gironde (Adelfa 33).
Pour étendre son réseau de protection, l’association a ainsi implanté, dès juin, 11 nouveaux générateurs afin de mieux couvrir l’estuaire de la Gironde. En 2019, sont annoncées 10 nouvelles cheminées pour étoffer le réseau de la façade Atlantique (à l’ouest et au sud-ouest du département, ce qui ouvre le débat sur une automatisation des postes dans ces zones peu peuplées). Au final, l’Adelfa déploiera 140 générateurs en 2019 (chaque générateur couvrant un rayon de 5 kilomètres). « On sécurise au mieux le réseau en le renforçant sur les secteurs déficitaires, comme le littoral » précise Dominique Fédieu, le président de l’Adelfa 33. Dès 2018, avec 130 générateurs, la Gironde est devenue le département français le plus couvert contre la grêle.
Cette densification répond aux phénomènes de grêle plus aléatoires dans leur fréquence et plus forts dans leur violence. Ces implantations supplémentaires répondent à de nouvelles trajectoires orageuses. Comme celle inhabituelle du 26 mai dernier, qui est monté du sud vers le nord depuis les Landes (ce qui pourrait être une conséquence de la tempête de la fin 1999, à l’origine d’une diminution des forêts protectrices). Traditionnellement, les couloirs de grêle suivent l’estuaire de la Gironde ou remontaient le bassin d’Arcachon. Le 26 mai, malgré le fonctionnement de tout le réseau, l’orage s’est régénéré sur des zones non-couvertes et a ravagé Blaye. Mais même avec un réseau conséquent, l’enjeu de la mobilisation des 500 bénévoles peut être soumis à d’autres aléas. Comme l’orage du 15 juillet, se déroulant non seulement un dimanche après-midi, mais en pleine coupe du monde de football.
Du premier avril au 15 octobre 2018, « il y a eu 21 alertes à la grêle [sur le vignoble bordelais] avec un seuil de risque de 30 %. Ce n’était pas une année extraordinaire, mais il y a eu énormément d’alertes en mai. Huit jours presque d’affilée [entre le 21 et le 30 mai], ce n’était jamais arrivé » s’exclame Jérôme Laduye. Les orages de grêle semblent avancer dans le temps, étant moins fréquents sur la période de juin-juillet que plus concentrés sur celle de mai, &ce qui implique d’avancer la date du début de surveillance dès la fin mars pour l’Adelfa 33.
Cette volonté d’amélioration du réseau répond autant à l’implication croissante de la filière vin dans le dispositif* qu’à une nouvelle concurrence. Notamment le déploiement des solutions des sociétés Selerys et Lacroix, dont le produit high-tech Skydetect remplace les anciennes fusées par des ballons aux sels hygroscopiques (cliquer ici pour en savoir plus). « L’Adelfa 33 est une vieille dame, mais son efficacité est prouvée. On a mesuré en 60 ans une réduction de 60 à 70 % de la taille des grêlons avec nos générateurs » tacle Jérôme Laduye.
« Aucun système sur le marché ne peut annuler totalement la grêle. L’iodure d’argent permet seulement de réduire la grêle » précise Dominique Fédieu. Qui souligne que la raquette aura toujours des trous dans sa trame : « malgré toute notre bonne volonté, les générateurs ne pourront constituer une protection totale. Il faut mettre en œuvre d’autres outils, comme les assurances. »
* : En témoigne le nouveau siège de l’Adelfa 33, désormais au syndicat des Bordeaux et Bordeaux Supérieur, Planète Bordeaux.
Avec 130 générateurs déployés en 2018, la Gironde est le département français le plus couvert contre la grêle en termes de surfaces. Image : Adelfa 33.
Avec 130 générateurs en 2018 (dont 11 nouveaux sur la saison), l’Adelfa 33 a un budget de fonctionnement de 250 000 euros par an. Dont 66 % sont financés par le département, 25 % par la Fédération des Grands Vins de Bordeaux (par une cotisation de 63 centimes par hectare de vigne) et le solde par l’interprofession des vins bordelais (CIVB), la chambre d’Agriculture de Gironde (CA33), ainsi que 95 communes et 3 communautés de communes. Le principal coût de fonctionnement est l’achat de la solution d’iodure d’argent (4,60 €/litre en 2018), sachant qu’un générateur en consomme 1 litre/heure en fonctionnement. En 2018, 16 bidons de 29 litres ont été fournis à chaque générateur.
Sur l’impact environnemental de l’iodure d’argent, « nous n’avons rien à cacher » affirme Jérôme Laduye. Ayant réalisé des mesures d’activités en 2017, l'Adelfa 33 estime que 155 kg d’iodure d’argent ont été dégagés dans l’atmosphère sur la saison de protection. « Une pollution peu impactante, de 0,055 mg/m2, 1 000 fois moins que le seuil toxique » conclut le technicien, qui va étoffer cette estimation avec les mesures de cinq points de captage d’eaux de pluie en 2018.
