rêle sur les plaies. Dans la nuit du vendredi 13 au samedi 14 juin, de violents orages ont touché la Gironde et n’ont pas épargné le vignoble avec d’importantes chutes de grêle. D’après les premiers retours de la Chambre d’Agriculture de Gironde (CA 33), les dégâts pourraient être assez importants localement (feuillage déchiqueté, bois cassés, grappes lacérées…) mais seraient assez diffus géographiquement (sur les zones de Podensac, Saint-Morillon et Saint-Selve ainsi que Arbis, Cantois et Montignac). Si des pertes de récolte sont remontées dans d’autres zones (qu’il s’agisse des Graves ou des Côtes-de-Bourg), il semble que les grêlons soient notamment tombés sur « le sud Gironde et le centre de l’Entre-deux-mers » rapporte Laurent Bernos, le directeur du pôle viticulture et œnologie de la CA33, qui pointe que ces premiers retours de terrain sont à recouper alors que « les dégâts finaux mettent un peu de temps à se voir » (brunissement/desséchement de la végétation grêlée…).
« Il y a eu de la grêle sur Saint-Selve, Saint-Michel-de-Rieufret, Pessac, Podensac, Cadillac, Baigneaux, Bourg, Arbis… » rapporte Régis Falxa le président des Vignerons Indépendants de Gironde, pointant que cet orage tombe sur un vignoble soumis à rude épreuve et où l’assurance multirisque climatique est devenue obsolète : « je me demandais hier soir si ce n’était pas l’événement de trop qui nous ferait mettre la clé sous la porte… Vraiment ça devient intenable. » N’ayant pas été touché par la grêle, le vigneron de Sallebœuf est comme ses collègues de sorties avec les pulvés face à la pression phyto qui menace (black-rot et mildiou).


Mais pour la vigneronne Amandine Noriega (maison Berneuil à Porte-de-Benauge), l’affaire est déjà plié. Ses 32 hectares de vignes ont été ravagées par les grêlons et s’« il est trop tôt pour dire s’il y a des pertes de récolte à 100 %, même s’il reste 20 % de rendement sauvable, l'argent mis dedans ne sera jamais couvert... Cela va me coûter trop cher d’essayer de produire. Je ne peux pas me le permettre en redressement judiciaire. » Ne pouvant envisager des traitements pour protéger ce qui peut encore l’être, la vigneronne ne peut pas non plus faire face à une nouvelle récolte déficitaire (ses vignes ont été gelées en 2021 et 2022, mises sous pression mildiou en 2023 et 2024). « Travailler avec la terre c'est ça, tout perdre en quelques secondes, son argent, son temps, sa vie » partage-t-elle également sur les réseaux sociaux, déclarant à « tous mes collègues, amis qui vivez la même chose... Que vous dire... Tenez bon... Mais ces mots n'ont pas de sens. Tenir pourquoi ? Quelques secondes, il a suffi de quelques secondes pour tout briser... »
Face à « des parcelles intégralement détruites (qu'il s'agisse de prairies, de céréales ou de vignes) », Jean-Samuel Eynard, le président de la CA33, indique que « nous allons faire un recensement le plus complet possible des dégâts et ensuite nous demanderons la mise en place de toutes les aides disponibles comme beaucoup trop régulièrement ces dernières années. Même si tous ces dispositifs sont insuffisants. » Qu’il s’agisse des dispositifs d’activité partielle ou du dégrèvement de la Taxe sur le Foncier Non-Bâti (TFNB), les habituelles mesures de soutien ne peuvent aider que des domaines en bonne santé, pas des structures usées par le cumul d’aléas économiques (inflation, déconsommation, dévalorisation…), géopolitiques (taxes Trump, taux de change…) et climatiques (gel, grêle, mildiou…) Pour Jean-Samuel Eynard, « tous les agriculteurs rêvent d'une année climatique "normale" si cela veut encore dire quelque chose, la verrons-nous un jour ou glisse-t-on vers une disparition pure et simple d'une grande partie des productions agricoles dans le grand sud-ouest de la France ? »
Actif lors de cette nuit orageuse, le réseau antigrêle de générateurs à iodure d’argent de l’Association départementale d'étude et de lutte contre les fléaux atmosphériques de la Gironde (Adelfa 33) Indique que pour les dégâts sur le secteur de Saint-Selve il y a un manque de générateurs en amont. Photo : Maison Berneuil.