00 000 hectolitres. Ce volume prend une double signification en 2024 en Alsace. C’est tout d’abord, à quelques hectolitres près, l’estimation de la récolte de cette année communiquée aux délégués de l’assemblée générale de l’Association des viticulteurs d’Alsace (Ava) réunis le jeudi 25 juillet en assemblée générale de pré-vendanges. Le gewurztraminer se contenterait de 40 hl/ha, le sylvaner d’habitude très productif, de 65 hl/ha. Aucun cépage ne dépasserait la barre des 70 hl/ha. Ce niveau correspond également aux conditions annuelles de production sauf pour le riesling autorisé à 75 hl/ha. Et ce potentiel pourrait encore être réduit sous la possible pression de l’oïdium, du rot brun ou du botrytis...
900 000 hl, c’est ensuite le volume avec lequel le vignoble, qui plaçait encore le curseur au million d’hectolitres il n’y a pas si longtemps, se prépare à devoir vivre à l’avenir en raison de la baisse de la consommation. Les opérateurs le vivent déjà car au rythme actuel annuel des ventes, ils sont partis pour écouler quelque 918 000 hl en 2024. Gilles Ehrhart, président de l’Ava, approuvé par l’auditoire, en tire la conclusion logique qu’il va falloir « reconquérir de la valeur », condition d’autant plus nécessaire qu’il faut pouvoir investir et donner l’envie aux jeunes viticulteurs de s’installer.
Baisser la surface de gewurztraminer
Au passage, les responsables du vignoble sont bien décidés à s’occuper du cas du pinot gris, et surtout du gewurztraminer. « Nous en vendons environ 120 000 hl par an, mais nous en avons 270 000 hl en stock sans la récolte 2024 » rappelle Didier Pettermann, ancien président du Conseil interprofessionnel des vins d’Alsace (Civa). Serge Fleischer, son successeur, enchaîne en répondant à la salle qui demandait de ne pas sacrifier le cépage : « ce gewurztraminer a son marché. Mais le surstock est mortel. Il faut le réduire pour pouvoir à nouveau rémunérer correctement le raisin ». Dans ses meilleures années, le gewurztraminer vrac se négociait autour des 4 €/l, aujourd’hui entre 1,80 et 2 €/l à peine. Afin « de repartir sur des bases saines », il faudrait descendre la surface de gewurztraminer en production à 1 800 ha au lieu de 2 700 actuellement. Dans l’immédiat, l’assemblée a voté un nouveau tour de vis à son rendement 2024 : 50 hl/ha au lieu de 55 hl en 2023. Même logique pour le pinot gris ramené de 70 à 65 hl/ha.