La saison 2025 a été très belle. » Voilà résumé en une phrase par François Lieubeau, vigneron (domaine Lieubeau) et porte-parole de ses confrères de la Fédération des Vins de Nantes, le sentiment des vignerons de Loire-Atlantique cet été. Pour commencer, le vignoble du Muscadet a été épargné par le gel printanier, de sinistre mémoire. Il n’y a même pas eu de sérieuse alerte, évitant aux vignerons les nuits d’angoisse.
Le printemps s’est ensuite déroulé à l’avenant, sans grand stress. « Nous avons eu des conditions parfaites pendant la floraison et très peu de pression maladie », résume François Lieubeau. Seule petite ombre au tableau : « Certaines vignes semblent avoir souffert de filage avant la fleur. C’est probablement dû à l’excès d’eau de l’hiver, et des séquelles de 2024 », millésime particulièrement exposé au mildiou. Les pertes, minimes, n’ont pas été évaluées dans le détail.


« Depuis juin, nous avons un temps exceptionnel, sec et avec de la chaleur », présente aussi Romain Mayet, en charge des dossiers techniques de la Fédérations des vins de Nantes. « L’état sanitaire de la vigne est quasi-parfait, on n’a pas vu ça depuis des années. »
Coté quantité, le millésime 2025 ne s’annonce pas pour autant excessivement généreux. « On a des sorties de grappes raisonnables, on sera dans la norme des 15 dernières années », soit autour de 40hl / ha (versus 30hl/ha en 2024).
Raisonnablement optimistes, les vignerons du Nantais espèrent maintenant « un peu d’eau », notamment pour les jeunes vignes et les enherbées. Le ciel sera donc scruté dans les semaines d’août. Des risques d’orage et de grêle sont toujours possibles : fin juin, une cellule avec de la grêle est passée entre Clisson et Monières, remontant jusqu’aux coteaux de Loire (au Nord). « Ceux qui étaient dessous ont eu des dégâts, mais rien de durable, et ça a bien cicatrisé », évoque François Lieubeau.
Des vignerons nettement "moins fatigués" qu’en 2024
Les vendanges 2025 s’annoncent donc "précoces" dans le vignoble nantais, le ban pouvant être promulgué dès le 25 août (pour les bulles). « On dit chez nous que les millésimes en 5 sont supers… Je prends ça avec détachement, mais jusqu’ici, ça colle », sourit François Lieubeau.
Quoiqu’il en soit, les vignerons sont déjà « contents et surtout moins fatigués » qu’à la même période en 2024. « C’est comme s’ils n’avaient pas fait le même métier qu’en 2024 », résume Romain Mayet. Restent les inquiétudes côté marché et le même « contexte anxiogène » que pour toute la profession. « Mais le muscadet est dans les tendances de consommation », positive François Lieubeau. Et le vignoble, dont les surfaces ont été réduites de moitié ces trente dernières années, continue de se restructurer autour de ses meilleurs parcelles, attirant des investisseurs et des jeunes vignerons. Bref : le muscadet a connu des millésimes plus difficiles.