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"Je vise 3 à 4 millions d'unités par an", ce vigneron du Muscadet parie sur la canette
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Conditionnement
"Je vise 3 à 4 millions d'unités par an", ce vigneron du Muscadet parie sur la canette

Dans le Muscadet, le domaine des Herbauges se lance avec ferveur dans le marché de la canette avec sa nouvelle ligne d’encannage.
Par Amélie Bimont Le 20 mars 2025
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Début de la ligne avant le passage dans l'encanneuse - crédit photo : Amélie Bimont
«

 Je n’avais jamais investi autant d’un seul coup », rapporte Jérôme Choblet, propriétaire du domaine des Herbauges, à Bouaye, en Loire-Atlantique. Devant lui, sa nouvelle ligne d’encannage tourne à plein régime. Un pari à un million d’euros.

« Nous avons réceptionné le matériel entre avril et novembre 2024, après quatre années d’étude du projet, annonce-t-il. Nous avons testé plusieurs machines chez des prestataires et visité deux fournisseurs. On a vu des canettes remplies de vin qui restaient à l’air libre lors d’arrêts de chaîne. C’était inconcevable pour nous. » Son choix se porte finalement sur une encanneuse Gai, le même fabricant que sa ligne d’embouteillage.

Jusqu’à 150 paramètres

Ce 7 mars, le vigneron encanne un vin blanc tranquille, à destination du Canada, dans des boîtes de 250 ml. « Mais on travaille aussi avec des 187,5 ml et 200 ml », précise-t-il. Avant la mise, un filtre cartouche opère une dernière filtration, à 1,2 ou à 0,45 microns. « Pour chaque vin et format de canette, nous avons des spécifications de tirage que nous avons programmées dans l’automate, indique Jérôme Choblet en pianotant sur l’écran tactile situé en amont de l’encanneuse. Il y a plus de cent cinquante paramètres, là où on en trouve une quinzaine sur la chaîne d’embouteillage. »

En début de ligne, l’encanneuse est alimentée par des canettes sans opercule, qui glissent sur un rail au long duquel elles sont retournées, lavées et soufflées à l’azote. Lorsqu’une canette arrive dans l’encanneuse, un bec se positionne au-dessus d’elle, la recouvre entièrement, puis aspire l’air qu’elle contient tout en injectant de l’azote afin de la mettre sous pression. « Nous répétons ce cycle trois fois, pour être sûr qu’il n’y a plus d’air à l’intérieur. »

Simultanément, la machine mesure la pression dans les canettes. Si elle est inférieure à la valeur attendue, elles sont éjectées. « À l’intérieur des canettes, il y a un revêtement très fin, spécifique au vin. Ce test nous permet de savoir s’il est abîmé, auquel cas la canette n’est pas utilisable car le vin pourrait finir par percer l’aluminium. »

Grosse consommation d’azote

Puis les canettes sont remplies de vin. Contrairement à un embouteillage, on ne voit rien de cela. Enfin, le bec de tirage se lève, laissant s’échapper de chaque boîte un épais nuage blanc. « C’est de la vapeur d’azote, explique Jérôme Choblet. On injecte une goutte d’azote liquide au-dessus du vin. Cette goutte repasse à l’état gazeux et voit son volume multiplié par 700 à température ambiante. Comme on vient rapidement sertir la canette, on emprisonne cet azote, ce qui crée une pression entre le vin et le couvercle. Grâce à cela, les parois de la canette deviennent très rigides. C’est indispensable pour les vins tranquilles. » Revers de la médaille : le vigneron a multiplié sa consommation d’azote par vingt depuis que cette nouvelle ligne fonctionne.

À l’étape suivante, les trois têtes de sertissage sont réglées au micron près en fonction du modèle de canette utilisé. « C’est l’un des points les plus techniques. Mais pour nous, il s’agit juste de choisir la bonne tête selon les canettes qu’on utilise, ensuite on n’y touche plus. »

Une fois la canette sertie, il n’y a plus d’échanges avec l’extérieur. « Le vin n’évolue plus. La fermeture est hermétique, et il n’y a plus d’oxygène qui pourrait se combiner avec le SO2. En revanche, si le vin contient trop de SO2 libre, on peut avoir de la réduction. Il faut donc être très vigilant sur ce point. Ici, on est à 10 mg/l de SO2 libre. »

Atout supplémentaire de la ligne : « On peut également sortir du vin gazéifié, en injectant jusqu’à 4,5 g/l de CO2 dans les canettes grâce à un contacteur membranaire. »

Au gramme près

La canette est alors lavée à grande eau, avant de passer dans un tunnel de séchage et de pesée. « Avec ce format de canette, l’unité doit peser entre 235 et 258 g, sinon elle est éjectée », détaille Jérôme Choblet. Lors de notre visite, l’écran affiche 240 g, signe d’un remplissage au gramme près. Toutes les canettes passent ensuite à l’étiquetage et au marquage du lot.

En bout de chaîne, une encaisseuse conditionne les canettes dans des cartons-wrap. « C’est un carton-présentoir de 24 canettes avec un “facing” de quatre canettes qui facilite la mise en rayon. Avec un prix de vente de 3,45 à 3,85 € TTC par canette, il faut que la logistique soit rapide. »

Côté commerce, le vigneron n’a aucune inquiétude. « Le lancement se passe très bien : on encanne toutes les semaines. Pour l’instant, nos principaux marchés sont en Corée du Sud et au Japon. On vient de signer un gros marché en Grande-Bretagne, et un importateur vient de nous en trouver un autre en Ouganda et au Cameroun. Sans compter que nous sommes sélectionnés pour les foires aux vins de Carrefour au printemps. »

Et déjà, à la fin mars, plus de 400 000 canettes vendues de sa gamme Verdevin – en France, et de son équivalent Vin de Loire à l’export. « Notre premier objectif est atteint », se félicite Jérôme Choblet.

Envisager la croissance

À l’avenir, le vigneron espère augmenter la cadence. « Je vise 3 à 4 millions de canettes par an ». Folie des grandeurs ? Pas sûr. « Récemment, on a reçu un appel d’offres de la compagnie aérienne All Nippon Airways, révèle-t-il, pour livrer 16 millions de canettes par an uniquement en blanc ! En travaillant en 2 x 8, on pourrait facilement monter à 12 millions d’unités par an, et jusqu’à 18 millions en 3 x 8. Le conditionnement de vin en PET dans les avions sera bientôt interdit, donc il y a une grosse demande. »

Fort de ces perspectives, Jérôme Choblet a déjà prévu d’autres investissements : en 2026, un nouveau bâtiment de 800 m2 verra le jour. « Huit nouvelles cuves souterraines de 450 hl sont déjà en place. Reste à finir le chantier. Tout devait être fait cette année mais nous avons reporté à cause de la mauvaise récolte due au gel en 2024. » Coût de l’opération : un million d’euros supplémentaire.

Au domaine des Herbauges, même la bouteille a le vent en poupe. « On prévoit au moins 25 % de progression cette année sur la bouteille. Nous avons créé une gamme de vin à degré naturellement bas à 8,5° qui cartonne, on a du mal à suivre. Et avec l’encannage, on ne veut pas se substituer à la bouteille mais au contraire, aller chercher de nouveaux consommateurs. » Pour ce conteneur hermétique, des perspectives très ouvertes, donc.

 

Lancement d’une offre de prestations

« Beaucoup de collègues commencent à nous demander d’encanner pour eux, livre Jérôme Choblet. Certains veulent par exemple fournir des festivals de musique. Nous avons bâti un cahier des charges qui indique nos exigences, et des teneurs maximales dans le vin en SO2 libre (20 mg/l), en cuivre et en chlorures. Je propose cette prestation pour traiter des volumes à partir de 10 000 canettes. Cette activité nous permettra aussi de garantir un chiffre d’affaires pour les années où l’on n’aura pas de vin. » Car sur sept des neuf dernières années, le vigneron a perdu entre 50 et 80 % de sa récolte, à cause du gel ou bien du mildiou.

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