e projet est ambitieux et s’exprime en millions. Millions d’euros, millions de produits…
Au domaine des Herbauges, dans le Muscadet, Jérôme Choblet planche depuis trois ans sur la création d’une gamme de vins de Loire en canette avec son associé Michel Houdebine (également propriétaire du château La Salle en Saumurois) et son œnologue Fabien Hachet. “Le vin en canette, ça existe déjà dans un certain nombre de pays, mais ce ne sont que des vins d’entrée de gamme. Nous voulons proposer des vins premiums. Les mêmes que ceux que nous vendons en bouteilles”, précise le producteur à la tête de 100 ha à Bouaye (Loire-Atlantique).
Lui, qui commercialise 90 % de ses vins à l’export auprès d’une quarantaine de pays, a tout naturellement sondé ses clients sur ce nouveau produit : une canette de 250 ml déclinée en IGP Val de Loire (chenin, chardonnay, sauvignon, grolleau gris en blanc, assemblage de gamay-merlot en rouge) et appellations ligériennes tranquilles (Muscadet, Saumur, Cabernet d’Anjou), en attendant que des bulles viennent élargir la gamme. “Je crois beaucoup à ce contenant pour aller chercher des jeunes consommateurs avec leurs codes. C’est aussi un excellent levier pour faire baisser notre impact environnemental, précise le vigneron. Entre la fabrication, le poids, et son recyclage, la bouteille perd la bataille carbone face à la canette en aluminium, à la fois très légère et recyclable à l’infini. On a aussi beaucoup travaillé sur l’étiquette avec notre imprimeur Autajon pour faciliter le recyclage. On appose une étiquette facile à décoller sur toute la canette”. 12 000 échantillons ont ainsi été adressés à quelque 800 importateurs ou clients directs au printemps dernier. Résultat inattendu : les retours positifs ont afflué dès l’été.


“On a été totalement surpris par l’ampleur du retour”, raconte Jérôme Choblet. qui a reçu des commandes du Royaume-Uni, de Corée du Sud, de Taiwan, d’Australie… "pour un volume de 2 millions d’unités. Des clients de Norvège, Finlande, Suède, Canada se disent aussi très intéressés”. Curieusement, alors qu’il n’y a fait aucune prospection, des clients français se sont manifestés. “Je ne l’ai pas travaillé parce que je pensais que le marché n’était pas mûr, mais le bouche à oreille a fonctionné. Notre projet commence à faire parler. Donc on discute avec une grande enseigne de grande distribution pour tester le produit lors des prochaines foires aux vins de printemps”.
Sauf que ce retour en flèche n’était pas tout à fait dans les plans du vigneron nantais. “Notre projet c’est d’investir 2,5 M€ dans un bâtiment de 1 200 m2 avec une ligne entièrement automatique qui devrait être en service courant 2024”, annonce Jérôme Choblet. En attendant que son équipement soit opérationnel, le producteur va louer une ligne de conditionnement, pour honorer ses premières commandes courant novembre. “A terme, la ligne pourra sortir entre 4 et 8 millions d’unités par an”.