lors que la saison 2025 entre dans la dernière ligne droite en Bourgogne, on peut déjà l’affirmer : ce millésime n’aura rien à voir avec le précédent. Côté précocité d’abord. “On a observé les premières baies vérées dès la première semaine de juillet”, s’étonne encore Thomas Gouroux, technicien de la chambre d’agriculture de Côte d’Or (CA21). “Au débourrement, on envisageait une légère précocité. Mais la pousse s’est fortement accélérée. Désormais tout le monde se prépare pour fin août. Le millésime sera sûrement l’un des plus précoces des dernières décennies, quelque part entre 2020 et 2022.” Le résultat d'une météo idéale. “Plus chaude que la normale, avec des cumuls faibles mais réguliers, et un vent asséchant”. A Chablis aussi, “on se rapproche des dates de 2018 ou 2022”, estime Sophie Bardet, de la CA 89. Même si les conditions sèches “commencent à créer quelques blocages liés au stress hydrique”. Dans cette partie septentrionale de la région, on prépare machines et sécateurs pour début septembre.
Récolte potentielle modeste, sauf à Chablis
Ces conditions aidant, le vignoble bourguignon se trouve de manière générale dans un très bon état sanitaire. “Jusqu’ici, nous avons eu une pression mildiou faible à modérée”, se réjouit la technicienne. “Même si ces derniers temps, on observe une recrudescence sur feuilles”. Un faciès mosaïque “qui présente un risque côté maturation et mise en réserve, mais ne menace pas la récolte”. Récolte qui s’annonce donc particulièrement saine, d’autant que, d’après nos interlocuteurs, la grêle a touché peu de surfaces et les dégâts d’échaudage devraient rester sans conséquences.
Seul bémol : les volumes s’annoncent modestes. En Côte chalonnaise et Mâconnais, “le potentiel était modéré dès le départ, en particulier sur pinot noir, avec une initiation florale difficile l’année précédente et beaucoup de filage en début de saison. Puis la fleur a été compliquée, cette fois sur chardonnay surtout”, observe Florent Bidaut, conseiller à la CA 71. Confirmation de Thomas Gouroux. “En Côte d’Or on a beaucoup de grappes, mais elles sont petites et millerandées. Pour faire de grands vins, ce sera du caviar. Pour les rendements, c’est autre chose… On devrait s’inscrire dans la lignée de 2019 ou 2020.” Exception qui confirme la règle : l’Yonne, au nord. Dans le département de Chablis, “la fleur s’est faite en cinq jours, dans de très bonnes conditions. Il y a du raisin !”, se réjouit Sophie Bardet.
Oïdium : la bonne surprise
Nos trois conseillers notent une quasi-absence d'oïdium cette année. “En Saône-et-Loire, c’est la plus faible fréquence depuis 2015”, relève Florent Bidault. Dans l’Yonne, c’était aussi “le calme plat”, constate Sophie Bardet, qui avance deux hypothèses : “des stratégies plus précoces et plus fines des vignerons, avec une bonne alternance des matières, ainsi que le millerandage typique de l’année, qui facilite l’aération”.
Seule cette partie sud de la Bourgogne, à la frontière du Beaujolais, perdra des grappes à cause du parasite cette année. “Il y a des disparités mais globalement la pression s’est révélée très forte, au moins égale celle de 2024. On dépasse les 50% de dégâts par endroits”, se désole Florent Bidaut. “Certes le début de printemps a été plus humide ici qu’ailleurs, et nous avons eu beaucoup de rosées par la suite. Mais cela ne peut pas tout expliquer. Notre secteur est une exception au niveau bourguignon, voire national.” Ainsi le technicien annonce le lancement d’un “plan mildiou” local dès la fin de saison. “A l’image de ce qui s’est fait en Bordelais, nous allons réunir vignerons, ODG et distributeurs pour esquisser des solutions d’avenir.”