ébut juin, la floraison bat encore son plein sur la majorité des 15 600 ha de l’appellation Alsace. La mi-fleur était atteinte au 6 juin à l’exception des situations précoces comme le secteur de Colmar où pinots et chardonnay avaient dépassé ce stade. Au 10 juin, aucune sortie de mildiou n’avait été signalée. Jusqu’à présent, les vignes se sont calées sur les contraintes hydriques. Elles restent fortes dans la vallée de Kaysersberg trop épargnée par les nuages. Mais les 20 à 50 mm de pluie tombés ailleurs dans la dernière semaine de mai sont arrivés à pic pour requinquer une vigne qui en avait bien besoin, les complants encore plus. Elles ont aussi réactivé un peu partout les vers de la grappe et une pression oïdium croissante au fur et à mesure que l’on remonte vers le nord de la zone d’appellation. « Fin mai, j’ai trouvé de l’oïdium en drapeaux sur de l’auxerrois. C’est inédit ! J’ai resserré la cadence à 10 jours au lieu de 14 avec des produits pénétrants et systémiques, choisis en fonction de la météo. En raison des pluies et de la sensibilité au mildiou, je fais doublement attention ! » indique Christian Kohser, apporteur de raisins sur une vingtaine d’hectares à Wangen, dans le Bas-Rhin. « Mais globalement, ça va ».
« C’est le moment de traiter » confirme Frédéric Schwaerzler, technicien viticole à la Chambre d’agriculture d’Alsace. « Si on décale l’intervention, d’ici trois à quatre semaines, la pression oïdium serait forte ». Autant dire que l’assouplissement de l’arrêté pollinisateur ce 5 juin a été accueilli comme un soulagement. « La topographie du vignoble et des sols encore humides des cumuls de pluie enregistrés dans la première semaine de juin font que la pression maladies est certaine. Les viticulteurs vont utiliser cette semaine la dérogation de traitement, qu’ils exploitent en bio ou en conventionnel » lance Christian Kohser, également référent environnement de l’Association des viticulteurs d’Alsace (Ava). L’information a été diffusée dès le 5 juin au soir aux groupes techniques et aux distributeurs qui… n’étaient pas au courant ! Les viticulteurs qui ont été prévenus étaient satisfaits.


« L’arrêté tel qu’il est rédigé est inapplicable. Traiter deux heures avant le coucher du soleil et trois heures, ne donne pas une plage de temps suffisante, sans même parler de la fenêtre météo et du personnel à mobiliser. Intervenir avec ces contraintes, c’est compliqué et dangereux. Certaines surfaces peuvent être traitées de nuit. Mais dans les pentes et avec les tournières qu’il y a, c’est impossible sans risquer l’accident. La réglementation doit afficher du bon sens sans mettre la vie du professionnel en danger » juge Christian Kohser.