a saison démarre doucement depuis quelques jours dans le Var. « Beaucoup de bourgeons sont encore dans le coton, mais je vois régulièrement des vignes au stade deux trois feuilles étalées sur les grenaches des zones précoces et jusqu’à des apparitions d’inflorescences sur les parcelles encore plus précoces du côté de la Londe-les-Maures » notait ce 1er avril Jean Andrès, consultant pour l’Institut Coopératif du Vin (ICV). Une semaine plus tard, la situation a peu évolué. « Selon les secteurs nous avons de quelques jours à une semaine de retard sur 2024, qui était très précoce. Les températures n’ont pas été élevées, si bien que le vignoble n’a pris qu’une feuille en moyenne », témoigne Julie Mazeau, conseillère pour la Chambre d’agriculture.
L’absence de pluies significatives depuis le 23 mars et le vent ont en revanche permis aux sols humides et par endroits gorgés en eau de se ressuyer. « Les viticulteurs peuvent à nouveau accéder à presque toutes les parcelles et finir de détruire leurs couverts, des chantiers qui ont souvent pris du retard », continue la conseillère. « Avant ils ont eu peu de créneaux pour réaliser des travaux mécaniques. D’ailleurs, nous avons vu plus de désherbage mécanique cette année qu’habituellement », complète Jean Andrès.
Il est en effet tombé dans le Var entre 400 et 600 mm de pluie entre le 1er octobre et le 31 mars. « J’ai récemment vu une carte du Centre d'agrométérologie de la région PACA qui faisait le cumul des pluies depuis le 1er janvier. Tout le secteur varois est à plus de 300 mm depuis cette date », détaille le consultant. « Les pluviométries records du mois de mars se sont cumulées aux excédents qu’on avait déjà en 2024. Nous avons une recharge en eau comme on n’en voit rarement dans le Var », appuie Julie Mazeau.
Jean Andrès recommande aux viticulteurs de garder des rangs de passage, « soit un enherbement broyé soit un rang dur », pour s’assurer de pouvoir rentrer dans leurs parcelles dans le cas où le printemps serait lui aussi pluvieux. Les premiers traitements ont été déclenchés cette semaine contre l’oïdium sur les parcelles sensibles de carignan, chardonnay ou tibouren ayant atteint les stades 2 à 6 feuilles étalées. Un nouvel épisode pluvieux étant annoncé à partir de ce dimanche et pour plusieurs jours, la protection contre le mildiou va également bientôt débuter. « Après plusieurs années compliquées, la réserve de spores est potentiellement élevée et la maladie pourrait vite démarrer », alerte Julie Mazeau. Si les traitements préventifs n’ont à ce jour pas démontré leur efficacité, la conseillère invite les vignerons à surveiller étroitement l’apparition des premières tâches dans les zones où les feuilles sont sorties pour bien positionner le premier traitement.
Julie Mazeau craint aussi le gel. « A ce jour, aucun risque n’est signalé mais nous ne sommes que début avril et nous allons continuer de suivre attentivement la météo en espérant enfin passer une année sereine ! »