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Un prix recommandé sur le vin en vrac pour les AOP et IGP : "le partage de la valeur commence ici"
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172 ter
Un prix recommandé sur le vin en vrac pour les AOP et IGP : "le partage de la valeur commence ici"

Le renforcement de l’article 172 ter de la PAC pourrait permettre une indication de valorisation partagée au sein des interprofessions pour les vins d’Appellation d’Origine Protégée (AOP) et à Indication Géographique Protégée (IGP). Porté par la CNAOC, ce projet pourrait rapidement se concrétiser à Bruxelles.
Par Alexandre Abellan Le 23 mai 2025
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Un prix recommandé sur le vin en vrac pour les AOP et IGP :
« Il faut aller vite sur le dépôt d’amendement au rapport sur le paquet vin pour passer rapidement au trilogue » indique Éric Sargiacomo. - crédit photo : Adobe Stock (Eléonore H)
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epuis Bruxelles, on pourrait avoir l’impression qu’en France on veut réinventer l’eau tiède avec la succession de lois Egalim quand des dispositifs réglementaires communautaires existent déjà pour soutenir la valorisation des vins dans la Politique Agricole Commune (PAC). Il en est ainsi de l’article 210, récemment exhumé par la coopération viticole pour mettre en place un prix d’orientation sur les vins certifiés bio ou Haute Valeur Environnementale (HVE). Il en est de même pour l’article 172 ter, travaillé par les vins AOC pour étendre aux moûts et vins en vrac l’actuelle possibilité de recommandation de prix sur les raisins AOP et IGP par leurs interprofessions. Co-président de l’intergroupe vin au Parlement Européen, l’eurodéputé Éric Sargiacomo (Nouvelle-Aquitaine, Parti Socialiste) s’est saisi de cet outil en déposant un amendement sur le mini-paquet réglementaire sur l'Organisation Commune du Marché (OCM) et en se préparant à le défendre dans le paquet réglementaire vin (devant passer en trilogue dès la rentrée prochaine, comme se fixe pour objectif l’eurodéputée Esther Herranz Garcia, rapporteuse sur le texte).

Concrètement, « le 172 ter permet une recommandation de prix des raisins sur une indication géographique au sein de l’interprofession, avec l’ensemble des parties prenantes de l’amont et de l’aval qui se mettent d’accord » explique Éric Sargiacomo, qui pointe immédiatement qu’il ne s’agit « pas d’un prix minimal, mais d’un prix d’achat recommandé par rapport aux coûts de production. Dans l’OCM, cela existe pour les raisins [AOP et IGP], on veut l’étendre aux moûts et aux vins en vrac pour éviter la spéculation à la baisse, quand des vignerons en situation précaire acceptent de très bas prix pour rentrer de la trésorerie. »

Outil concerté

Cette extension est fortement soutenue par la Fédération européenne des vins d'origine (EFOW) et la Confédération Nationale des producteurs de vins et eaux de vie de vin à Appellations d'Origine Contrôlées (CNAOC), qui voient dans cet article un puissant instrument de régulation de marché, venant enrichir la boîte à outils européenne et nationale. « L’article 172 ter est en cours d’expertise par notre confédération », indique Damien Gilles, le président de la commission marché de la CNAOC. « Face à une atomisation de l’offre, il est indispensable pour nous de disposer d’un outil concerté entre les deux familles, permettant de sécuriser le revenu du vigneron et de renforcer le partenariat amont-aval, avec la famille négoce » explique le vigneron rhodanien, pointant que « le partage de la valeur commence ici. Et tout ça, sans demander d’argent public ! »

Argumentaire

Parler de prix dans une interprofession demandant une dérogation au droit de la concurrence (en témoignent les condamnations alsaciennes de 2021 et 2022), l’eurodéputé explique qu’une interprofession n’est pas un cartel, comme la recommandation de prix qu’elle peut proposer est pondérée par les intérêts opposés du négoce, partisan de baisse des prix à l’achat, et de la viticulture, à la recherche d’augmentation des cours à la vente. Autre argument pour l’extension du 172 ter : l’outil collectif interprofessionnel est le mieux placé pour indiquer le meilleur partage de la valeur ajoutée venant de signes de qualité AOP et IGP au profit de tous les maillons de la production et de la commercialisation.

Auditionné ce 20 mai par l’intergroupe vin, le commissaire européen à l’Agriculture, Christophe Hansen, a pu noter les retours globalement positifs sur le paquet vin qu’il a proposé fin mars 2025, ainsi que les diverses volontés d’amendements (sur la promotion, sur l’œnotourisme…). Si le 172 ter n’a pas été évoqué, le commissaire luxembourgeois a demandé à ce que les modifications proposées soient limitées afin de respecter les négociations préalablement effectuées lors du Groupe de Haut-Niveau dédié (le GHN s’étant réuni le second semestre 2024) et d’éviter toute « polarisation » pouvant retarder l’adoption du paquet vin (avec ses outils de gestion de crise pour répondre à l’urgence : arrachage, distillation, etc.).

Cohérence et transparence

Pour Raphaël Fattier, directeur de la CNAOC, vouloir étendre le 172 ter n’est pas contraire aux principes du GHN qui vise le renforcement des mesures de régulation à disposition de la filière : une indication de prix allant dans le bon sens pour tous les opérateurs. « L'article 172 ter reconnaît la valeur de l'orientation non contraignante des prix pour les raisins, mais les raisins ne constituent que la première étape du processus de vinification de l'IG » explique-t-il, ajoutant qu'« autoriser l'indication des prix pour les moûts de raisin et les vins IG, c'est-à-dire à toutes les étapes, garantirait la cohérence et la transparence tout au long de la chaîne de valeur. C’est pour cette raison que nous avons sensibilisé les parlementaires européens, la Commission et le Conseil pour qu’une extension aux moûts et vins soient intégrée au paquet vin. »

Encore faudra-t-il que cette réglementation soit bien connue et appliquée en France…

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Tous les commentaires (3)
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Olivier Metzinger Le 23 mai 2025 à 17:28:49
Enfin la filière découvre que des lois existent pour encadrer les exigences qualitative, environnementale, etc. Que ce fût difficile de le faire entendre, car soyons honnête, la filière le savait très bien, mais elle a tout fait pour ne pas s'en servir. Il n'est jamais trop tard, quoi que... Cela ne doit pas nous empêcher de se questionner sur ce qu'attendent les consommateurs en terme de positionnement de prix, parce que nous pouvons définir des tunnels de prix qui prennent en compte les coûts de revient, sauf que si nous ne répondons pas aux attentes, nous garderons nos produits sur les bras, faute d'acheteur. Pour cela nous n'avons besoin ni de l'Europe, ni des ministres, mais de la bonne volonté de la filière, et pour l'instant le sujet n'existe pas, c'est dommage, car le temps perdu, c'est des vignerons en moins, une casse sociale, une perte de savoir, bref une belle gabegie.
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Renaud Le 23 mai 2025 à 13:00:37
Merci à notre Député Éric Sargiacomo. Comme quoi avec de la bonne volonté on avance. Il aura fallu tant de drame pour enfin sortir d'un libéralisme idéalisé pour reconnaître ce que la PAC avait prévu. À savoir une régulation possible. L'anonciation des tunnel de prix d'orientation c'est bien mais il faut que ce soit suivi des 210bis préservation des coûts de production pour des raisons de durabilité et le 109 ( de tête) création d'OP pour peser sur la mise en marché et s'entendre ?.. allez un effort. Mais là comme ailleurs l'ennemi vient de l'intérieur
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gm Le 23 mai 2025 à 12:16:32
ça ressemble furieusement à de la diversion et de l'enfumage pour éviter de rentrer dans EGALIM. L'article 172 restera sur des recommandations facultatives qui ne doivent pas éliminer la concurrence, sauf à le réécrire complètement. Donc ne retirera pas l'épée de Damoclès des pratiques anticoncurrentielles si ils comptaient imposer ces prix. Quant à l'article 210bis, il permet d'imposer des normes de durabilité environnementale, mais pas de prix en lien. Ou en tout cas ça va être difficile de justifier qu'on veut imposer des prix en lien avec ces normes, maintenant qu'elles ont été imposées gratuitement dans certains cahier des charges (et qu'il existe des crédits d'impôts pour compenser les coûts). A voir par contre si le 210bis pourrait être modifié pour permettre d'imposer des normes de durabilité sociale, et ainsi imposer une norme RSE à tout ou partie des produits, norme qui serait choisie pour ses exigences fortes sur les prix d'achat... Mais ceux qui ne veulent pas d'EGALIM voudront-ils une norme RSE ?
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