Les mois de mai et juin ont été très pluvieux, avec également du soleil. Donc on connaît une pression importante des maladies, mildiou et black rot », commence Frédéric Ribes, président du syndicat AOP Fronton. « Sur le mois de mai, certaines zones ont reçu, en cumulé, 160 mm de pluie, précise-t-il. On a connu aussi un important orage le 25 juin. Lors de cet épisode, il est tombé entre 60 et 80 mm de pluie et de la grêle. Cela a favorisé le stress de la plante. »
Selon le bulletin de santé du végétal de la DRAAF Occitanie, les premiers symptômes de mildiou ont été observés début mai, dans le département du Tarn-et-Garonne où se situe, avec la Haute-Garonne, une partie du vignoble (2 000 ha, dont 1 200 revendiqués en AOP Fronton). Ceux du black-rot sont également apparus à la même époque, se souvient Frédéric Ribes. A la mi-juillet, l'ensemble du vignoble est touché par le mildiou et le black-rot dans des proportions qui varient selon la zone, la parcelle, la sensibilité du cépage ou le type de conduite. Leslie Quadri, conseillère viticole à la chambre d'agriculture de Haute-Garonne, observe davantage de difficultés chez les vignerons en bio : « S'agissant du black-rot, il n'y a pas vraiment de produit homologué. Ils utilisent le cuivre et le soufre, mais l'efficacité est limitée ». La conseillère estime, par ailleurs, que dans la lutte contre le mildiou, la limite de 4kg/ha de cuivre par an est un frein : « Parfois, cela aurait mérité d'aller au-delà. » Elle conseille pour la suite de la saison « de raisonner le traitement à la parcelle ».
L'un des cépages les plus sensibles aux maladies est la négrette, cépage emblématique de Fronton. « Les feuilles sont très grosses, elles conservent énormément d'humidité. Les baies sont fragiles. Dès qu'elles grossissent trop, les pellicules se déchirent. Au moment de la récolte on se retrouve souvent avec du botrytris », décrit Nicolas Baudet vigneron et propriétaire du château Terre Fauve (5,5 ha en bio à Fronton). Cette saison, avec sa compagne Morgane Jouan, également propriétaire et vigneronne, il a décidé de ne plus en cultiver. Il y a quelques semaines, 6 des 7 ha qu'ils ont arrachés étaient des parcelles de négrette. Malgré cela, son vignoble, cette saison, est tout de même été touché par le mildiou et le black-rot. En cause, notamment, un traitement manqué en raison d'un pulvérisateur en panne, il y a une quinzaine de jours. « Mais grâce au cuivre, on arrive à maintenir une sécurité contre le mildiou. Ce n'est cependant pas le cas pour le black-rot. J'ai des taches sur feuilles et j'ai vu que des grappes ont séché », décrit le vigneron installé depuis 2020. A ce stade, il ne peut faire d'estimation pour la fin de la campagne mais l'état actuel de ses vignes lui permet toujours d'espérer une récolte convenable.
Frédéric Ribes est aussi davantage soucieux concernant le black-rot pour les vignerons bio. « Sur une parcelle d'1,30 ha, j'ai déjà perdu la moitié à cause de la maladie. On ne sait comment s'en prémunir, insiste-t-il, lui-même viticulteur bio (domaine Le Roc). L'évolution va beaucoup dépendre de la météo. On ne peut pas encore faire de prévision de récolte. On attend avec impatience la véraison. » Cette année, elle pourrait être en avance. A la mi-juillet, la majorité du vignoble est déjà au stade fermeture de la grappe. « On a une semaine d'avance par rapport au développement de la vigne, précise Leslie Quadri. Sur les cépages les plus précoces, comme le gamay, on est même aux prémices de la véraison ».