ée en 1975, l’appellation Fronton réaffirme ses envies d’avenir à l’occasion des festivités de son cinquantenaire cette année. Alors que la production sort de quatre millésimes où les aléas ont grevé les volumes moyens de revendication qui avoisinent normalement les 50 000hl, la démarche d’arrachage primé va concerner 250 des 2000 ha de vignes de l’aire de production . « Il y a quelques coopérateurs en fin de carrière qui arrêtent leur activité mais ce sont surtout des blocs de 2 à 3 ha situés dans des secteurs de gelées systématiques », décrit Benjamin Piccoli, directeur du syndicat d’appellation de Fronton.
Un arrachage pour mieux laisser la place à une transition ? C’est ce que suggère probablement la validation de la nouvelle version du cahier des charges de production en avril 2025, avec l’introduction de Marselan (10% maximum, du cépage patrimonial local Negret punjut (variante légère de la Négrette) et surtout la nouvelle possibilité d’introduire une proportion de Bouysselet blanc dans les assemblages. « C’est également un cépage patrimonial local, un parent du Savagnin du Jura, qui ouvre en fin la porte à la production de vins blancs d’appellation plus tard. Ceux-ci ne peuvent actuellement qu’être produits en IGP Comté Tolosan ou vins de France, avec des cuvées 100% Bouysselet qui sont particulièrement bien valorisées et recherchées par les cavistes et restaurateurs », pointe Benjamin Piccoli.
Au pays de la Négrette reine comme partout ailleurs, c’est bien l’élan commercial qui reste le nerf de la guerre, avec une chiffre d’affaires annuel des ventes d’appellation autour de 25 millions €. En raison de la place importante prise par la coopérative Vinovalie dans la production (près de la moitié des volumes revendiqués, essentiellement en Fronton rosé), c’est la grande distribution qui reste le canal préférentiel historique de vente des vins de Fronton, là aussi à hauteur de la moitié des volumes de l’appellation. Mais ce débouché tend à se réduire « au profit de la vente directe pour 20% des volumes, en progression, comme du circuit traditionnel, 15% des volumes, alors que l’export ne décolle pas vraiment et se maintient autour à 15% des volumes », décrypte Benjamin Piccoli. Le directeur ajoute d’ailleurs que cette tendance a un effet positif sur les prix moyens de vente de la quarantaine de domaines qui produisent, « avec des cuvées haut de gamme qui partout ne descendent pas sous les 15€ », pose-t-il.
En bonne voisine, l’appellation a toujours fait les yeux doux au million d’habitants du bassin toulousain qu’elle jouxte (Fronton s’étend sur 20 communes entre Toulouse et Montauban), avec de nombreuses animations régulières, mais Benjamin Piccoli explique que ce n’est pas nécessairement là que résident le plus gros leviers de croissance. « Il y a une difficulté avec le secteur de la restauration toulousain qui va plus volontiers se tourner vers le Languedoc que les vins du Sud-Ouest qui l’environnent. Si bien que nous trouvons des développements bien plus importants sur les marchés de la façade ouest, comme la Bretagne, où il est bien plus simple d’ouvrir des marchés qu’à Toulouse. Ou même en Belgique, où la clientèle est particulièrement friande de vins du Sud-Ouest », développe le directeur du syndicat Fronton.
Autre enjeu pour l’appellation, le renouvellement de ses générations de producteurs. Les dix dernières années ont notamment vu arriver l’installation d’une dizaine de néo-vignerons non issus du sérail, dont des étrangers apportant des visions nouvelles. « Ces idées apportent un nouvel élan, comme on a pu le voir avec le collectif Négrette promouvant des vins haut de gamme 100% Négrette, ou l’introduction de sucres résiduels, non AOC par conséquent, par un néo-vigneron britannique. La dimension environnementale est également rentrée fortement dans les préoccupations, si bien qu’aujourd’hui la moitié des caves particulières est certifiée bio », termine Benjamin Piccoli. Un élan qui pourrait donc bien mener à l’apparition d’un nouveau vin blanc AOC Fronton dans quelques années.