yant défendu un rendement commercialisable à 10 500 kg/ha pour le millésime 2025 dans la lignée de la récolte 2024 (10 000 kg/ha, -12 % par rapport à 2023), la Fédération des Vignerons Indépendants de Champagne n’apprécie guère la décision à 9 000 kg/ha du bureau exécutif du Comité Interprofessionnel du Vin de Champagne réuni ce mercredi 23 juillet. « En-dessous de 9 500 kg/ha, certaines de nos structures vont avoir du mal à tenir le choc » alerte dans un communiqué Christine Sévillano, la présidente des Vignerons Indépendants de Champagne, qui réunissent 400 récoltants-manipulants pour 3 000 ha de vignes et 16 millions de bouteilles par an (quand la totalité de la Champagne rassemble 16 300 viticulteurs, 125 coopératives et 390 négociants, avec 34 200 ha pour 287 millions cols produits en 2024 et 271 millions cols vendus). « Cette décision est basée sur le seul paramètre du stock de bouteilles. Elle ne porte aucune source de réflexion stratégique, pas d’optimisme, et elle n’est certainement pas l’image du collectif » critique Christine Sévillano.
Lors de l’annonce du rendement 2025, le Comité Champagne montrait pourtant son union face à un compromis négocié par la production et le négoce. Président de l’Union des Maisons de Champagne (UMC), David Chatillon indiquait que le niveau de rendement annuel se base sur les stocks au 31 juillet 2025 et les prévisions de vente sur six ans afin d’avoir un ratio de stock instantané de 4,2 années. Les stocks ayant grandi à 1,28 milliard de cols en Champagne, le ratio de stock est actuellement de 4,8 ans : « on a décidé conjointement de suspendre l’application de notre modèle car il donnait des résultats qui étaient trop bas pour les viticulteurs » indiquait David Chatillon. Président du Syndicat Général des Vignerons (SGV), Maxime Toubart soutient une approche prudente à court-terme et ambitieuse pour la suite : « notre cible est de vendre 300 millions de bouteilles, volume qui permet de faire les vivre les deux familles. La Champagne n’a pas pour vocation à vendre moins de bouteilles mieux vendues » Les deux co-présidents du Comité Champagne indiquant que pour les vignerons connaissant un fort développement commercial et ayant besoin de volumes, il est demandé une augmentation de 5 à 15 % de leur production du seuil d’achat par les récoltants.


Revendiquant 70 membres vendant 100 % de leurs vins en direct, Christine Sévillano rétorque que pour eux la solution ne viendra « pas en leur proposant d’acheter des raisins, puisque notre ADN c’est bien de produire des raisins dans un premier lieu, mais en leur permettant de produire à hauteur de leur capacité commerciale. Nous devons trouver une solution rapidement. Si nous lisons entre les lignes l’annonce du CIVC : l’amorce d’une trajectoire de déstockage signifierait-elle que nous sommes dans une transition où nous pourrions avoir d’autres rendements à 9 000 kg dans les années à venir ? » Cette baisse de rendement 2025 devant permettre de déstocker 12 millions de cols d’après le Comité Champagne.
Rapportant qu’en Champagne « les trésoreries montrent des signes inquiétants d’essoufflement », les Vignerons Indépendants soulignent que les exploitations viticoles « ont subi deux vendanges compliquées en 2021 et 2024. Sont venues s'ajouter à ces facteurs une augmentation des taux d’intérêts, une menace de la flavescence dorée et des inquiétudes liées au réchauffement climatique. »
Si
En l’état pour la fédération des caves particulières, cette « décision de rendement apparaît d’autant moins raisonnable qu'il y a encore quelques mois, de nombreux gros opérateurs ont justifié des augmentations de prix énormes en évoquant l’inflation, mais surtout une rareté du champagne sur le marché » alors que « cette "rareté" est bien celle du rendement décidé chaque année » d’où la question en suspens : « et si une reprise se faisait jour dans 2-3 ans quand ces raisins arriveront en bouteilles sur le marché, les acheteurs accepteront-ils de nouveau des augmentations dues à la rareté ? » Pour sa part, le conseil d’administration des Vignerons Indépendants « s’était prononcé pour une baisse du prix du raisin afin de conserver un niveau élevé de rendement ».