ous venez d’être élu à la présidence d’un groupe qui s’est beaucoup développé ces dernières années. Quels sont vos dossiers prioritaires ?
Éric Potié : Le premier dossier est d’assurer la continuité du travail qui a été effectué. Et ensuite on va réécrire le projet stratégique sur le fonctionnement amont et aval de TEVC. Il nous semble important de nous reposer régulièrement la question du projet stratégique. Le changement de gouvernance est l’occasion de faire ce travail collectivement à la fois avec le comité de direction et avec les administrateurs.
La Champagne est chahutée au niveau des ventes. Quelle est votre analyse de la situation actuelle ?
Ce n’est pas la Champagne qui est chahutée. C’est le monde du vin en France qui est en grande difficulté. La Champagne est en baisse d’activité, mais elle reste dynamique par rapport à beaucoup d’autres régions françaises. La tension géopolitique sur les grandes zones de consommation nous pénalise. Je reste optimiste sur l’appellation Champagne. On a toujours su se serrer les coudes et adapter la voilure de l’appellation pour passer les moments les plus difficiles. Je suis confiant sur notre capacité à séduire les consommateurs sur notre produit, notre histoire et sur notre offre oenotouristique. On passe un moment difficile mais je n’ai pas trop d’inquiétude sur le long terme.
Estimez-vous qu’il y ait une baisse de la désirabilité du champagne ?
On parle de désirabilité en berne notamment chez les jeunes mais on a souhaité avoir une valorisation de l’appellation. C’est sûr qu’en revalorisant nos bouteilles on s’intéresse moins aux jeunes. Les jeunes consomment des bulles, natures ou accompagnées d’autres produits. Il va falloir réussir à les faire basculer de bulles moins chères à des bulles plus prestigieuses quand ils en auront les moyens. On a des marques qui trouvent leur clientèle. On a certes des marchés plus chahutés, mais cela tient surtout aux devises pour le Japon ou aux potentielles taxes aux États-Unis. On a toujours la sensation que nos clients ont envie de consommer du champagne.
Une partie du négoce estime que la hausse du prix des bouteilles est due à un prix du raisin trop cher. Qu’en pensez-vous ?
La hausse du prix de la bouteille était souhaitée par la filière. Le prix du raisin a aussi progressé en raison du partage de la valeur. Les tarifs des bouteilles ont augmenté sur les marchés, mais pour autant, la rentabilité intrinsèque de bouteilles n’a pas beaucoup augmenté. Il y a eu un accompagnement sur les marchés par des investissements sur le plan marketing ou commercial.
Le groupe TEVC possède quatre marques (Feuillatte, Castelnau, Abelé 1757 et Henriot). Ont-elles toutes trouvé leur place ?
Oui, elles ont chacune un positionnement défini aujourd’hui. Elles ont une promesse différente les unes des autres, voire en totale opposition. Et c’est ce que l’on souhaitait. Et elles ont également une image incarnée soit par un chef de cave soit par un directeur de marque. Chacune a son autonomie.
La fusion avec la CRVC date de fin 2021. Trois ans après, la greffe a-t-elle prise ?
Au niveau des adhérents, on n’entend plus beaucoup de remarques même si dans une fusion il y a toujours des ajustements à opérer. Le meilleur indicateur se situe dans la gouvernance. Aujourd’hui, autour de la table, on n’est pas capable de dire qui est un ancien du Centre vinicole Nicolas Feuillatte et qui est un ancien de la CRVC. Quand il y a des élections au bureau, comme cette année, on ne se pose pas la question de l’origine du candidat. Il était important, dans la reprise des bouteilles, que chacun puisse garder une typicité de Reims ou de Chouilly. C’est qui a été fait. L’autre point concernait le maintien et le développement de la marque Castelnau, aux côtés bien-sûr de la marque Nicolas Feuillatte. Chaque adhérent a trouvé une continuité dans la nouvelle structure. Le contrat est également rempli sur le plan politique.