uand d’autres vignobles s’effondrent, la Champagne marque le pas. Christophe Juarez, le directeur général de TECV (Terroirs et Vignerons de Champagne), l’a rappelé lors de la présentation des résultats de son groupe, le 13 juin, devant la presse.
Pour Christophe Juarez cette chute tient à trois raisons : « le prix, l’évolution de la clientèle et la métamorphose de la distribution. » S’agissant des prix, il n’y est pas allé par quatre chemins affirmant que « les Champenois ont exagéré ». Les opérateurs ont répercuté la hausse du prix des raisins. Mais le public n’a pas suivi.
Plus inquiétant peut-être : le champagne perd de son prestige. Une enquête du Comité Champagne révèle « une forte dégradation de la désirabilité du champagne dans les principaux marchés que sont la France, le Royaume-Uni, le Japon, l’Allemagne et l’Italie, a souligné Christophe Juarez. La Champagne a perdu 17 millions d’acheteurs en deux ans dans les grands pays développés. Quand les gens s’assoient à la terrasse d’un café, ils n’ont pas à l’esprit de prendre du champagne et chez les acheteurs professionnels, ce n’est plus la priorité absolue d’en commander. Notre message évolue peu. Notre discours est trop compliqué. »
Compliqué et déphasé. « On observe un retour à la célébration alors que nous avons travaillé sur l’accompagnement du repas », a déploré le directeur général. En clair, alors que les consommateurs ouvrent des bouteilles pour fêter des moments importants pour eux, le vignoble a mis l’accent sur l’accompagnement des repas. Une allusion à la communication des champagnes de vignerons ? La question n’a pas été posée.
Enfin sur le plan de la distribution : « partout dans le monde le secteur traditionnel recule » au profit de chaine généraliste ou spécialisées dans les vins et alcools.
Dans ce contexte, le groupe TECV a plutôt bien tiré son épingle du jeu l’an dernier enregistrant une hausse de 4% de son chiffre d’affaire sous l’effet d’une légère baisse de ses ventes en volume (-1%) et d’une hausse de leur valeur.
L’entreprise a connu des difficultés aux USA et au Japon. En revanche, elle décroché des contrats chez Air France et American Airlines. En France, la cuvée grande réserve de Nicolas Feuillate s’est imposée en grande surface où elle est vendue autour de 24 €, remplaçant la cuvée générique qui était vendue autour de 19 €.
TECV comprend quatre entités : Nicolas Feuillate, le navire amiral, Castelnau, Abélé et Henriot, sa plus récente acquisition réalisée fin 20234. En 2024, le chiffre d’affaires de Nicolas Feuillate a progressé de 5 % pour grimper à 167,5 millions, celui de Castelnau de 3 % à 10,1 millions d’euros et celui d’Abele de 7 % à 3,7 millions d’euros. Henriot est resté stable à 20,1 millions d’euros.
Malheureusement, si le chiffre d’affaires du groupe a progressé, la rentabilité a chuté de moitié sous l’effet de la hausse des frais financiers en grande partie due à la hausse des stocks.
Devant la presse Christophe Juarez n’avait pas de recette miracle pour redresser la barre alors que « la situation se dégrade un peu plus cette année », a-t-il dit. Pour lui, « il faut investir dans les marques pour justifier les prix qu’on pratique. » Au risque de grever encore un peu plus la rentabilité ?