usqu’ici tout va bien. Très bien même. Si le moral n’était pas plombé par les difficultés commerciales, en particulier sur les rosés tendres, les vignerons angevins afficheraient un beau sourire en cette fin juin, tant les vignes leur offrent un visage radieux. “Les vignes sont très belles”, indique Damien Chauvigné, vigneron-coopérateur sur 48 ha à Montilliers au sud du Maine-et-Loire. Au 3 juillet, il avait comptabilisé trois passages en anti-mildiou et anti-oïdium. A quelques kilomètres de là, son collègue Yves Matignon (35 ha en HVE, à Martigné-Briand) est sur le même rythme. “C’est très sain cette année. Peut-être faudra-t-il un passage supplémentaire ? Au pire, on sera sur 4 ou 5 passages maximum”. Damien Chauvigné de son côté, prévoit déjà un traitement de plus. “Je vais retourner faire un anti-oïdium sur une parcelle de chardonnay qui est assez sensible. Je suis passé et j’ai trouvé quelques traces”, explique-t-il. Quant au black-rot, aucun traitement n’est conseillé par les conseillers de l’ATV 49.
Côté insecticide ni Damien Chauvigné, ni Yves Matignon n’en ont pratiqué contre Eudémis ou Cochylis. “Certains de mes voisins ont fait un passage sur les vols de deuxième génération, mais aussi contre les cicadelles”, indique le vigneron de Montilliers. Sur ce sujet, les conseillers de l’ATV 49 estiment que la chaleur devrait aider à réguler les populations. “Les fortes chaleurs et faibles hygrométries sont défavorables à la viabilité des œufs. Par exemple à 30,1°C avec 27 % d'humidité relative, seul 39 % des œufs survivent. Le temps chaud va fortement diminuer la viabilité des pontes qui seraient déjà présentes”.
Si globalement, les vignes sont très belles, avec les dernières journées de très fortes chaleurs, certaines ont commencé à souffrir. Le département a connu des pics à 38°C pendant deux ou trois jours, entourés de journées ne descendant pas en dessous de 30°C. Et la pluie s’est faite rare. Selon les données de l’ATV 49, la pluviométrie moyenne enregistrée en juin est de 17,2 mm sur les 20 000 ha du vignoble d’Anjou-Saumur. Un mois particulièrement sec. De 2003 à 2024, la moyenne des précipitations sur ce mois est proche de 50 mm. Rien à voir avec le millésime 2024, où la pluie incessante (75 mm en mai en moyenne, 50 en juin et 45 en juillet) avait forcé les vignerons angevins à jouer du pulvé pour contenir au mieux les attaques de mildiou. Damien se souvient avoir fait sept passages.
Sur ce millésime plutôt sec, l’ATV 49 recommande de surveiller les plantiers et les complants entre 2 et 4 ans. “Pour assurer la pérennité du pied et des raisins atteignant la maturité, il serait judicieux d'éliminer une partie, voire la majorité de la récolte afin de les soulager, en fonction des différents symptômes de stress hydrique : défoliation du bas du feuillage, faible développement de la haie foliaire…” Après plusieurs semaines sèches, une petite pluie de 10 à 20 mm selon les secteurs est venue rafraichir les vignes ce dimanche 6 juillet. Il en faudra d’autres, car les prévisions météo font état du retour d’une vague de chaleur. En espérant qu’aucun orage de grêle ne survienne. Le département est passé à côté jusqu’à présent, à l’inverse des voisins nantais et tourangeaux.
Quant à la récolte, elle s’annonce précoce, sans doute à fin août pour les vins de base. La viticulture angevine s’attend à un volume normal, sans excès. Et c’est très bien comme cela.