Millésime 2024

"Tout est sous contrôle" dans les vignes du Beaujolais, même si "ce n'est pas un millésime qui s'annonce facile !"

ans le vignoble du Beaujolais, les fleurs ont commencé à sortir fin mai. « Les vendanges pourraient être précoces... si le reste de l'année se passe normalement, partage Thierry Locatelli, viticulteur à Charentay et président de la cave Vinescence. Pour l'instant, la campagne ne se déroule pas trop mal. La vigne est plutôt saine, malgré quelques tâches de mildiou plutôt cantonnées aux feuilles du bas. » Il espère que la météo soit plus clémente qu'en 2024 : « au niveau de la coopérative, un tiers des surfaces ont abandonné la certification HVE à la suite du millésime catastrophique de l'an dernier », confie-t-il.

« Difficile de prévoir comment la vigne va évoluer dans les prochaines semaines tant on oscille entre la pluie et le beau temps, abonde Marine Descombes, à la tête des vignobles de la famille Descombes. Encore une fois, ce n'est pas un millésime qui s'annonce facile ! Il est clair qu'on ne manque pas d'eau, mais on n'est heureusement pas dans la même situation que l'an dernier. L'état sanitaire est correct, mais on aimerait avoir un peu de temps sec... Et dans les vignes enherbées, on est sur le pont pour ne pas se faire déborder par la pousse de l'herbe. »

Dans l'ensemble du vignoble, l'oïdium est absent et le black rot observé de façon anecdotique. « La situation sanitaire est globalement sous contrôle, mais les viticulteurs n'ont pas forcément plus de répit que l'an dernier : avec l'alternance de pluies et de jours chauds, la vigne pousse vite et les traitements doivent être renouvelés fréquemment, indique Bathélémy Souletie, conseiller viticole à la chambre d'agriculture du Rhône. Les premières observations de mildiou sur grappe ne sont pour l'instant pas alarmantes, mais on aimerait avoir deux ou trois semaines sans pluie... »

Semaine de tous les dangers

En ce début juin, c'est plutôt une semaine de tous les dangers qui s'annonce. Après l'orage du premier juin qui a causé des dégâts de grêle dans certains crus, et apporté localement près de 40 mm de pluie en vingt minutes, une alternance de jours chauds et de pluies est annoncée. « Depuis le début d'année, on n'a reçu finalement que 20 mm de moins qu'en 2024, indique Brieg Clodoré, vigneron et conseiller au sein d'Agribio Rhône-Loire. Mais il a fait plus frais en début de saison et on a eu plus de vent qui a eu un effet asséchant. Ce vent a aussi des inconvénients : il est plus difficile de trouver une fenêtre pour traiter. » Or chat échaudé craint l'eau froide : cette année, les vignerons – les bio encore plus que les autres- ont décidé de ne pas se laisser déborder : « Beaucoup ont démarré les traitements assez tôt et adopté des cadences resserrées, reprend le conseiller. Les bio sont en moyenne à 4 ou 5 traitements, voire 6 ou 7 pour ceux qui ont démarré plus tôt, avec des volumes plus faibles.  »

Avec de belles sorties de grappes observées, viticulteurs et techniciens s'accordent en tout cas à dire que le potentiel, à date, est prometteur.