in du suspens. Après des jours de rumeur, la nomination de la députée Annie Genevard au ministère de l’Agriculture est confirmée par l’annonce officielle du gouvernement de Michel Barnier ce samedi 21 septembre. Actuellement vice-présidente de l'Assemblée nationale et vice-présidente déléguée du parti Les Républicains, Annie Genevard est une figure de sa famille politique, comme son prédécesseur au ministère de l’Agriculture, Marc Fesneau, qui occupait la rue de Varenne depuis mai 2022, et qui reste député du Loir-et-Cher et premier vice-président du parti Mouvement Démocrate (MoDem, dont il préside le groupe à l’Assemblée).
Participant au groupe de travail sur l’agriculture du groupe Les Républicains depuis son élection juin 2012 à l'Assemblée Nationale, la nouvelle locataire de l’hôtel de Villeroy ne présente pas de liens forts avec le vignoble*. En séance, l’ancienne professeure de français a surtout pris part à des travaux sur la culture et l’éducation, mais aussi sur la fin de vie et les principes de la République. Membre de plusieurs groupes d’études à l’Assemblée Nationale ces douze dernières années, elle n’a pas participé au groupe d’études vigne et vin, mais aux travaux sur la montagne, la filière brassicole, la gastronomie ou les industries du luxe (dont elle a été co-présidente).
S’étant impliquée par le passé sur les sujets agricoles (touchant notamment les exploitations montagnardes de sa circonscription**), Annie Genevard ne va pas manquer de dossiers vitivinicoles urgents alors que la colère agricole de l’hiver dernier ne demande qu’à repartir faute de réponses concrètes. Si le sujet de l’arrachage définitif vient tout juste d’avancer (avec encore une validation européenne à obtenir et cependant un enjeu de budget à régler), il reste celui de l’arrachage temporaire qui est discuté dans le Groupe à Haut Niveau de la Commission Européenne.
N’attendant que l’arrivée d’un nouveau ministre pour lui présenter son plan stratégique, la filière souhaite avancer rapidement alors que les vendanges se passent dans une ambiance très pesante : le difficile millésime 2024 faisant chuter les rendements et bondir les coûts de production, alors que les marchés restent incertains (et peu valorisés, en témoignent des prix de foire aux vins). De quoi appuyer le désir de la filière d’une loi Egalim 4 intégrant les vins pour assurer un prix rémunérateur. Et appeler à un sursaut politique alors que les vignerons indépendants comme les caves coopératives voient se creuser un gouffre de difficultés financières (les procédures collectives se multipliant déjà, alors que les suicides frappent et menacent toujours plus).
S’accumulant depuis des mois, les propositions ne manquent pourtant pas pour redresser la filière. Annie Genevard et ses équipes en trouveront dans le programme porté par les vins AOP et IGP ou le cap fixé par les Vignerons Indépendants : allègement des démarches administratives, alignement de la transmission des biens viticoles sur le Pacte Dutreil, application du principe "pas d’interdiction sans solution" pour les phytos, révision de la moyenne olympique pour l’assurance climatique, maintien d’une fiscalité permettant une consommation avec modération, dynamisation de l’emploi saisonnier en pérennisant le dispositif TO-DE, exonération de la taxe sur le foncier non bâti (TFNB), la gestion administrative des vignes en friche, expérimentation des traitements par drones… Sans oublier la demande de soutien concret face aux menaces chinoises de taxation antidumping réclamé par les vignobles d’Armagnac et de Cognac. Le vignoble charentais demandant également un rendement différencié pour mieux gérer sa production sans rien coûter à l'Etat. Ce sont des mesures sonnantes et trébuchantes qui sont attendues dans les vignobles ravagés par les aléas climatiques (gel à Cahors, grêle à Gaillac, sécheresse dans les Pyrénes-Orientales et l'Aude...).
Il y a du vin sur la planche de la nouvelle ministre, et la filière vin le répète : il n'y a plus le temps de repartir à zéro sur un constat, il faut avancer sur un plan d'action permettant un choc de relance.
* : En décembre 2012, elle était cependant la cosignataire d’une « proposition de loi visant à ce que le vin français fasse partie intégrante du patrimoine culturel et gastronomique protégé en France ».
** : Annie Genevard a présidé l’Association nationale des élus de la montagne de 2018 à 2020.