ette année, la vigne a repris un peu de poil de la bête mais présente de maigres offrandes à ceux qui l’ont bichonnée en croisant les doigts depuis des mois pour qu’elle ne se dessèche pas.
« Ce n’est pas bien glorieux ! Certains vont faire une récolte encore plus basse que l’an dernier... » raconte Nicolas Dubreil, technicien et conseiller viticulture au Centre d’Initiatives et de Valorisation de l’Agriculture biologique et du Milieu Rural (CivamBio) des Pyrénées Orientales. « Cette année l’état de la vigne est meilleur que l’an dernier : on a beaucoup de feuillage, et on aura du bois pour tailler ! Cependant on paie les pots cassés de l’année dernière et on observe des récoltes amoindries. Je prends pour exemple un domaine que je suis : il y a quelques années ils étaient à 40 hl/ha, l’année dernière 30 hl/ha et cette année ils tournent autour de 20 hl/ha. »
S’il y a un peu de positif à noter pour cette récolte, c’est qu’elle est saine, que l’azote est présent et que les premiers retours sont plutôt enthousiastes sur la qualité malgré un manque de jus. Malheureusement perdre la moitié des rendements n’a rien de rassurant. Tous les discours semblent aller dans un sens : la viabilité économique de l’activité viticole est gravement menacée. « Le problème est économique parce que pour ceux ayant déjà des problèmes de trésorerie à cause des millésimes précédents et qui vont vendanger 10hl/ha en moyenne ça va être vraiment compliqué... »
François Douville, viticulteur sur 10ha au domaine Les Conques abonde en ce sens : « Les vendanges sont presque secondaires vu l’état des vignes ! La partie économique c’est le sujet numéro 1 ! »
Cette année, même s'il ne se considère pas comme le plus à plaindre, le vigneron constate lui aussi des rendements très faibles. Ses pieds de syrah lui ont fourni du raisin… sans beaucoup de jus !
« On est sur un cercle vicieux : il y a un gros coup de frein sur les ventes, du stock dans beaucoup de caves, des vignes qui produisent moitié moins ou qui meurent carrément, sauf que les charges à l’hectare restent les mêmes voire augmentent ! » constate François Douville. « Je crois qu’on est au bout d’un truc, ça va sonner le glas pour beaucoup de monde. Il faudrait qu’il y ait de réelles études économiques pour rééquilibrer lorsqu’on ne récolte pas plus de 30hl/ha. »


Nicolas Dubreil voit comme solution la diversification « non pas en terme de production puisque la problématique de la sécheresse restera la même qu'importe la culture, mais plutôt dans le tourisme ou encore dans le partage de compétence en proposant des formations de tractoristes par exemple. Malheureusement, cela concerne tellement de monde… Et lorsque l’on n’a pas la trésorerie pour repartir sur d’autre projets c’est compliqué. »
Ventes en berne, sécheresses, difficultés à vendre les vignes, questions d’arrachage en suspens… A ce jour, les vignerons ont la tête dans les vendanges, mais certains, à la clôture des comptes craignent de se retrouver dos au mur, esseulés.