a difficile situation vitivinicole s’aggravant à vue d’œil cette période de vendanges, le concours Lépine des propositions de sortie de crise se poursuit. Pas d’arrachage pour le Mouvement de Défense des Exploitants Familiaux (MODEF), qui dans sa lettre envoyée ce mardi 10 septembre au premier ministre, Michel Barnier, demande « la nomination d’un "préfet coordinateur" pour la viticulture » (entre la demande de priorité au soutien des trésoreries pour le nouveau ministre de l’Agriculture et le souhait de renvoyer d’un an des élections aux chambre d’agriculture, en janvier 2026).
S’inspirant du "préfet loup" (un préfet ayant un rôle de coordonnateur du plan d'action national loup), cette proposition tient de l’évidence pour Didier Gadea, le président de la commission viticole du MODEF. Le viticulteur de Montagnec (Hérault) pointe que « depuis 2019, on prend problème sur problème. Je n’arrête pas d’aller dans des réunions pour parler de crises et de pertes de récolte… Ça peut être utile, quand ça arrive ponctuellement. Mais là, chaque année on se prend une châtaigne. » Au final, l’investissement syndical et les réponses gouvernementales ne sont pas à la hauteur : « à chaque fois c’est un emplâtre sur jambe de bois ». Et la demande de Grenelle de la viticulture, portée par l’Association nationale des élus de la vigne et du vin (ANEV), ne le convainc pas : « il faut une impulsion politique alors que l’on n’a aucune visibilité. Les gens sont abasourdis dans le vignoble. Les viticulteurs sont vraiment mal. »


« À situation exceptionnelle, solution exceptionnelle » lance le viticulteur languedocien, prônant la création d’un préfet dédié au vin, un référent administratif et politique qui soit en lien direct avec la Commission Européenne, le premier ministre, les ministères de l’Agriculture, de l’Économie, du Commerce Extérieur… Afin d’assurer un suivi structuré et stratégique d’une filière qui ne cache plus ses difficultés. « La viticulture en France, ce n’est pas rien. Il faut pouvoir donner un signe positif aux viticulteurs » plaide Didier Gadea, qui rappelle que dans le vignoble « on prend des gifles de partout : le prix, les coûts, les intrants, les difficultés climatiques… On en prend plein la gueule. Il y a un affolement réel. Il n’y a pas de reprise et on ne sait pas ce que l’on va faire des vignes. Il faut passer à la vitesse supérieure. »
D’autant plus que face à des vendanges plus petites qu’annoncées et des metteurs en marché toujours attentistes, la rentabilité s’annonce difficile. « Ce matin, j’ai vendangé une parcelle de merlot en IGP Pays d’Oc. Au prix d’achat, je travaille pour 7 centimes du verre de vin. Ce n’est pas possible ! » s’étrangle Didier Gadea, qui explique avoir pris un cours du vin en vrac de 80 €/hl (« une fourchette haute avec le prix de l’année dernière, actuellement on est plutôt à 70 €/hl ») auquel il enlève 17 €/hl de prix de vinification de sa cave et le rapporte le volume à un verre de vin (12 cl, mais sans prendre en compte les coûts viticoles, ni les cotisations MSA, etc.).


« Il y a toujours eu des problèmes dans le vignoble » reconnaît le syndicaliste, mais jamais avec « une telle fréquence. Il n’y a pas de porte de sortie : il faut en trouver une. Pas en arrachant les vignes, en travaillant sur la valorisation et la marge, mais aussi les capacités de traitement. On nous charge la barque en enlevant des molécules. On a des attaques de mildiou de plus en plus puissantes. Dès le printemps, ça explose. En même temps on nous enlève les produits, comme le diméthomorphe [NDLA : fongicide classé CMR1 fin 2022 dont le retrait d’AMM a été annoncé dans une note de juillet dernier de l’ANSES] Je ne suis pas chercheur pour savoir s’il fallait le retirer, mais je ne l’ai plus et il n’y a pas d’alternative alors que j’ai sauvé ma récolte 2018 avec. » De quoi réduire le rendement, mais pas le coût à l’hectare.