menu burger
Lire la vigne en epaper Magazine
Accueil / Politique / "Je travaille pour 7 centimes du verre de vin. Ce n’est pas possible !"
"Je travaille pour 7 centimes du verre de vin. Ce n’est pas possible !"
Lire plus tard
Partage tweeter facebook linkedin

Cri du cœur
"Je travaille pour 7 centimes du verre de vin. Ce n’est pas possible !"

Plus de gestion crise par crise, mais un plan d’action politique global pour redonner confiance à la filière vin par la valorisation et la production : c’est la demande du syndicat des petites exploitations agricoles qui appelle à la mise en place d’un préfet dédié.
Par Alexandre Abellan Le 15 septembre 2024
Lire plus tard
Partage tweeter facebook linkedin
« Là, ça va vraiment mal » résume Didier Gadea. - crédit photo : MODEF
L

a difficile situation vitivinicole s’aggravant à vue d’œil cette période de vendanges, le concours Lépine des propositions de sortie de crise se poursuit. Pas d’arrachage pour le Mouvement de Défense des Exploitants Familiaux (MODEF), qui dans sa lettre envoyée ce mardi 10 septembre au premier ministre, Michel Barnier, demande « la nomination d’un "préfet coordinateur" pour la viticulture » (entre la demande de priorité au soutien des trésoreries pour le nouveau ministre de l’Agriculture et le souhait de renvoyer d’un an des élections aux chambre d’agriculture, en janvier 2026).

S’inspirant du "préfet loup" (un préfet ayant un rôle de coordonnateur du plan d'action national loup), cette proposition tient de l’évidence pour Didier Gadea, le président de la commission viticole du MODEF. Le viticulteur de Montagnec (Hérault) pointe que « depuis 2019, on prend problème sur problème. Je n’arrête pas d’aller dans des réunions pour parler de crises et de pertes de récolte… Ça peut être utile, quand ça arrive ponctuellement. Mais là, chaque année on se prend une châtaigne. »  Au final, l’investissement syndical et les réponses gouvernementales ne sont pas à la hauteur : « à chaque fois c’est un emplâtre sur jambe de bois ». Et la demande de Grenelle de la viticulture, portée par l’Association nationale des élus de la vigne et du vin (ANEV), ne le convainc pas : « il faut une impulsion politique alors que l’on n’a aucune visibilité. Les gens sont abasourdis dans le vignoble. Les viticulteurs sont vraiment mal. »

Il faut pouvoir donner un signe positif aux viticulteurs

« À situation exceptionnelle, solution exceptionnelle » lance le viticulteur languedocien, prônant la création d’un préfet dédié au vin, un référent administratif et politique qui soit en lien direct avec la Commission Européenne, le premier ministre, les ministères de l’Agriculture, de l’Économie, du Commerce Extérieur… Afin d’assurer un suivi structuré et stratégique d’une filière qui ne cache plus ses difficultés. « La viticulture en France, ce n’est pas rien. Il faut pouvoir donner un signe positif aux viticulteurs » plaide Didier Gadea, qui rappelle que dans le vignoble « on prend des gifles de partout : le prix, les coûts, les intrants, les difficultés climatiques… On en prend plein la gueule. Il y a un affolement réel. Il n’y a pas de reprise et on ne sait pas ce que l’on va faire des vignes. Il faut passer à la vitesse supérieure. »

Travailler en vin

D’autant plus que face à des vendanges plus petites qu’annoncées et des metteurs en marché toujours attentistes, la rentabilité s’annonce difficile. « Ce matin, j’ai vendangé une parcelle de merlot en IGP Pays d’Oc. Au prix d’achat, je travaille pour 7 centimes du verre de vin. Ce n’est pas possible ! » s’étrangle Didier Gadea, qui explique avoir pris un cours du vin en vrac de 80 €/hl (« une fourchette haute avec le prix de l’année dernière, actuellement on est plutôt à 70 €/hl ») auquel il enlève 17 €/hl de prix de vinification de sa cave et le rapporte le volume à un verre de vin (12 cl, mais sans prendre en compte les coûts viticoles, ni les cotisations MSA, etc.).

On nous charge la barque

« Il y a toujours eu des problèmes dans le vignoble » reconnaît le syndicaliste, mais jamais avec « une telle fréquence. Il n’y a pas de porte de sortie : il faut en trouver une. Pas en arrachant les vignes, en travaillant sur la valorisation et la marge, mais aussi les capacités de traitement. On nous charge la barque en enlevant des molécules. On a des attaques de mildiou de plus en plus puissantes. Dès le printemps, ça explose. En même temps on nous enlève les produits, comme le diméthomorphe [NDLA : fongicide classé CMR1 fin 2022 dont le retrait d’AMM a été annoncé dans une note de juillet dernier de l’ANSES] Je ne suis pas chercheur pour savoir s’il fallait le retirer, mais je ne l’ai plus et il n’y a pas d’alternative alors que j’ai sauvé ma récolte 2018 avec. » De quoi réduire le rendement, mais pas le coût à l’hectare.

Vous n'êtes pas encore abonné ?

Accédez à l’intégralité des articles Vitisphere - La Vigne et suivez les actualités réglementaires et commerciales.
Profitez dès maintenant de notre offre : le premier mois pour seulement 1 € !

Je m'abonne pour 1€
Partage Twitter facebook linkedin
Tous les commentaires (7)
Le dépôt de commentaire est réservé aux titulaires d'un compte.
Rejoignez notre communauté en créant votre compte.
Vous avez un compte ? Connectez vous
Vigneron Le 17 septembre 2024 à 14:29:11
Il n'y aura pas de signe positif tant que le prix du VRAC n'aura pas augmenté ! Et que des prix planchers n'auront pas été fixés. Le négoce profite que certains vignerons n'arrivent pas à vendre pour faire baisser le cours du VRAC, entraînant ceux qui ne vivaient que de çà à la faillite, comme la filière laitière. Il faut éliminer du cours du VRAC les prix les plus bas utilisés pour déstocker le vin ne reflétant ni la qualité intrinsèque du produit, ni nos appelations, ni les vignerons et leur travail. Et il faut mieux rémunérer la qualité du vin, car on ne peut pas demander des efforts d'adaptation aux vignerons si cela ne paye pas. Les produits médaillés doivent avoir un prix de vente minimum. Il faut que les syndicats aident aussi les vignerons à vendre à l'export plutôt que de se regarder le nombril, car les autres pays vont bientôt nous rattraper !
Signaler ce contenu comme inapproprié
Loulou Le 16 septembre 2024 à 18:53:48
Arrêtez de rêver, la baisse de la consommation est réelle. Nos vins ne font plus rêver, ne passionnent plus les consommateurs. On en parle plus sans les médias sauf de façon négative. Ce n est pas les préfets et super préfets qui vont résoudre la baisse de la consommation. Arrêtons de pleurnicher devant les pouvoirs publics ils ne feront rien. Ayons tout d abord une profession solidaire, des syndicats, des Odg qui travaillent dans le même sens. Le consommateur a besoin de nouveautés et nous leurs proposons rien . Toutes nouveautés sont contrecarrées par la profession et l administration. Elles viendront de Chine et des américains et nous aurons que les yeux pour pleurer.
Signaler ce contenu comme inapproprié
Aristere Le 16 septembre 2024 à 17:20:40
En tant que viticulteur je prends de face comme tous les viticulteurs une somme hallucinante de petites décisions et/ou reglements qui prit individuellement semblent sans effet mais qui ont creusés la tombe de la viticulture française. On ajoute à cela les marges effroyable et insultantes des restaurateurs sur le vin qui dégoute lrs consommateurs du vin et on enfencent violemment les clous sur le cercueil pour etre certain que le viticulteur soit bien mort. On a besoin Simplication administrative Moratoire de plantations pendant 5 ans sauf pour les replantations Régulation des marges des restaurateurs
Signaler ce contenu comme inapproprié
Renaud Le 16 septembre 2024 à 15:53:00
Tout est dit dans l'article ou les post en annexe. Voilà un exemple de plus de la misère des territoires viticoles malgré un travail et un acharnement hors du commun. Ça fait tellement de temps que c'est urgent que je n'ai plus de mort. Si ce n'est que le laisser faire est criminel
Signaler ce contenu comme inapproprié
VignerondeRions Le 15 septembre 2024 à 19:07:06
Le constat est le même dans beaucoup de régions. Pour autant je ne comprends pas la position anti arrachage de ce Monsieur. Il ne faut pas tout arracher, mais laisser une porte ouverte à ceux qui ont l'âge de la retraite bien passé et qui ne trouverons aucune solution de reprise de leur vignoble dans les 5 ans. Pour que des jeunes reprennent il faut de la rentabilité, et ça ne se décrète pas, même avec un préfet dédié. Tout le monde veut valoriser et monter en gamme (y'a plus qu'à) sauf que c'est pas gagné, parce qu'en face il faut des acheteurs (consommateurs) qui veulent bien payer. Et si c'était si simple, depuis le temps que tout le monde veut faire ça, nous aurions tous réussi. Alors quoi d'autre comme proposition de la part du Mouvement de défense des Exploitations Familiales... Pas grand chose et ça me désole. Nos responsables syndicaux sont en panne d'idées, acculé dans de vieux schémas. Sauf qu'ils tiennent entre leurs mains les chambres d'Agriculture, et en partie la politique agricole du Pays qui nous a conduit la. Certes le Modef moins que les autres mais il n'a pas su imposer des visions nouvelles La valorisation et la marge c'est très bien, c'est le travail de chacun, y compris le sien, et de ce point de vue il est à 0.07? le verre, comme les copains.
Signaler ce contenu comme inapproprié
Roy Le 15 septembre 2024 à 14:38:28
Êtes vous limité par votre rendement agronomique ou par le rendement d'appellation?
Signaler ce contenu comme inapproprié
augustin Le 15 septembre 2024 à 07:15:09
Didier Gadea a raison sur le diagnostic pais pas forcément sur le remède.Nombre d entre nous avons déjà joué la carte des préfets sans résultat. Ceci s explique par le fait que leur rôle se limite à presever l ordre public et ce plutôt de manière curative que préventive. Donc héla l IIntérieur ne semble pas la bonne adresse. Non plus que la seule Justice ou encore les Finances , sans parler du Commerce Extérieur ou encore de l Agriculture. C est pourquoi nombre d entre nous préconisons ce Grenelle en référence au protocole de 1968 qui finalement ne fut d ailleurs pas signé mais permit de contribuer à la sortie de crise cette année la, via Matignon Pompidou et Chirac . Les ministères concernés, les 4 grands syndicats avec une oreille attentive pour la Confédération et le Coordination , plus le collectif viti 33 et autres poissons pilotes locaux . Avoir le courage d admettre que le maillage odg et conseils interprofessionnels est usé et inadéquat, intégrer impérativement le secteur bancaire et les grands acteurs de l assurance et surtout l integralite de la filière que ce soit en amont pour le viti , que en aval pour le vini ,et bien sûr courtiers et négociants , gd et distribution chr et gd , export . Le tout dans l urgence et en s assurant d un minimum de compatibilité avec le le high level comitee récemment créé à Bruxelles.Ca fait beaucoup de monde autour de la table , il faudra du café mais aussi du courage et de la persévérance.Mais après tout en 1968 nos aînés ont du le faire , rue de Grenelle et il y a près de 45 ans .Alors pourquoi pas nous en 2024 ? La filière pèse lourd notamment à l export don c est notre balance du commerce extérieur qui est en jeu , ce qui vaut bien de faire un choix par rapport aux enjeux Evin et Ecophyto. notamment, même si cela se fait dans la douleur.Tout plutôt que tous crever le g... ouverte en somme !
Signaler ce contenu comme inapproprié
vitijob.com, emploi vigne et vin
Gironde - CDD Château de La Rivière
Vaucluse - CDI PUISSANCE CAP
La lettre de la Filière
Chaque vendredi, recevez gratuitement l'essentiel de l'actualité de la planète vin.
Inscrivez-vous
Votre email professionnel est utilisé par Vitisphere et les sociétés de son groupe NGPA pour vous adresser ses newsletters et les communications de ses partenaires commerciaux. Vous pouvez vous opposer à cette communication pour nos partenaires en cliquant ici . Consultez notre politique de confidentialité pour en savoir plus sur la gestion de vos données et vos droits. Notre service client est à votre disposition par mail serviceclients@ngpa.fr.
Politique
© Vitisphere 2025 -- Tout droit réservé