Alexandre They : Oui, le hasard a fait que c’est arrivé le jour de la nomination de Michel Barnier [à Matignon]. Nous avons tenu à rappeler au préfet qu’à l’échelle du territoire régional, la viticulture souffre pour des raisons différentes mais toutes liées à l’évolution climatique. A l’ouest le bassin Midi-Pyrénées a été submergé par une pression mildiou inédite liée à un excédent de pluies, doublé d’épisodes de grêle. De notre côté languedocien, la grêle a également sévi, en particulier dans mon département de l’Aude, mais nous sommes confrontés à une sécheresse devenue presque permanente. Sans accès à l’eau, c’est ni plus ni moins qu’une désertification de nos terres qui se profile. L’eau est une nécessité absolue.
Quels sont les obstacles ?
Des zones littorales accusent jusqu’à -70 % de récolte, avec près de 30 % de mortalité des pieds de vigne. Si on n’aide pas la viticulture par souci d’économies, la facture sera autrement plus conséquente dans un avenir proche pour la casse économique et sociale que va provoquer l’arrêt de ce pilier économique de nos territoires. Même chose pour le dossier de l’arrachage définitif qui n’a pas bougé faute de gouvernement. Il est urgent d’agir, d’autant que la situation s’est aggravée entre l’époque du sondage il y a 4 mois et aujourd’hui, où les intentions sont nettement à la hausse.
Peut-on encore parler d’ordre de priorité dans les chantiers à faire avancer ?
L’eau est au centre de tout. Sans ça, le pronostic vital du patient viticole est engagé. Sur ce sujet, le temps des réunions et concertations est terminé. Le prolongement de l’eau du Rhône, qui est un très vieux dossier de notre bassin, n'en peut plus attendre, au même titre que les forages et les retenues collinaires. Des initiatives locales de groupes de vignerons pourraient rapidement être lancées mais ils n’ont pas l’argent pour financer les études préalables.
Sur le plan économique, on voit que les entreprises qui ont le plus investi sont devenues les plus fragiles, alors que leur investissement leur permettrait justement d’être celles qui seront le plus performantes demain. Les trésoreries sont exsangues et on ne va pas pouvoir attendre 8 mois de plus. Les paiements des mesures d’aide de résilience économique et climatique doivent être arrivées en fin d’année ! Dans les exploitations, on sent clairement la tension monter alors que les dossiers n’avancent pas. La sortie des vendanges risque d’être rude.