éjà dite, répétée encore et encore, la volonté gouvernementale du « pas d’interdiction sans solution » pour les phytos agricoles est désormais formalisée selon Matignon. A l’occasion d’une conférence de presse ce jeudi 21 février, le premier ministre, Gabriel Attal, annonce « publier le plan Ecophyto 2030 lors du salon de l’Agriculture [NDLR : 24 févrer-3 mars]. Il permettra d’acter et d’inscrire en toutes lettres notre changement de méthode : pas d’interdiction sans solution, pas de surtransposition, le tout, sans renoncer à notre ambition de réduire de 50 % l’usage des pesticides d’ici 2030. »
Déjà annoncée, la volonté gouvernementale de maintenir l’ambition de réduction de moitié de l’utilisation des pesticides d’ici 2030 est confirmée, tandis que la recherche d’un indicateur apte à remplacer le NODU (NOmbre Dose Unité) pour la mesurer s’achève : « je vous annonce que l’indicateur de référence pour suivre notre objectif de réduction ne sera plus le NODU franco-français mais bien l’indicateur européen. C’est conforme à notre volonté d’éviter toute surtransposition. C’était la demande des agriculteurs » annonce Gabriel Attal.
De quoi faire fulminer Générations Futures, qui estime dans un communiqué que « Gabriel Attal enterre Ecophyto. Après une consultation bidon le Premier Ministre confirme que l’indicateur du plan Ecophyto ne sera plus le NODU mais "l’indicateur européen" (le HRI1) » qui « est un indicateur mixte censé refléter à la fois la baisse de l’utilisation et du risque des pesticides. Il utilise les quantités de substances utilisées en les pondérant par un coefficient censé refléter leur dangerosité…on ne sait donc pas exactement ce qu’il mesure (un mélange d’utilisation et de risque). Problème : les coefficients de dangerosité sont trop faibles et ne contre balancent pas les quantités plus importantes de pesticides moins dangereux utilisés dans les calculs » estime l’ONG, pour qui « l’usage de pesticides dangereux homologués à faibles doses donne ainsi un indicateur plus faible que l’usage de pesticides à bas risque employés en plus grande quantité homologuée ».
Plus modérée, la Fédération Nationale de l’Agriculture Biologique (FNAB) se dit « rassurée de la reprise officielle d'Ecophyto mais déplore l’abandon du Nodu ». Rappelant que le plan Ecophyto « accompagne des dizaines de collectifs d'agriculteurs dans l'amélioration de leurs pratiques », la FNAB salue cette relance qui « prévoit explicitement d'accompagner les travaux visant à lever les freins au développement de l'agriculture biologique » pour la première fois. Mais « les agriculteurs bio déplorent l'abandon pur et simple de l'indicateur de réduction des produits phytosanitaires français, le Nodu, et proposent que le plan reste souple pour intégrer des indicateurs complémentaires dans les années à venir » (comme le pourcentage de surfaces bio ou le Nodu).
« Loin des caricatures, nous sommes le pays qui a drastiquement réduit l’utilisation des produits phytosanitaires, et nous le devons à la mobilisation des agriculteurs » estime pour sa part Gabriel Attal, citant des réductions de « 96 % pour les produits les plus dangereux pour la santé, -32 % pour le glyphosate, -18 % sur les quantités de substances actives, les QSA ».
A noter qu’« il n’y aurait pas de registre numérique centralisé obligatoire » indique le premier ministre.