emandée par la filière des vins européens (en avril dernier devant l'intergroupe vin du Parlement européen), la création d’un groupe de haut niveau pour le secteur vitivinicole est officiellement annoncée par la Commission Européenne ce 8 juillet car « le cadre politique doit être adapté pour accompagner la transition requise » en cette période de crises menaçant 130 milliards d'euros de PIB et 3 millions d'emplois directs et indirects. Invitant dans un communiqué « les organisations des parties prenantes » et « les représentants des États membres à participer », Bruxelles précise que ce groupe de travail se réunira pour la première fois le 11 septembre prochain et rendra des conclusions/recommandations « d’ici le début 2025 ». Saluant les performances économiques de la filière des vin européens (« leader mondial avec des exportations dont la valeur a triplé sur les 10 dernières années »), la Commission souligne que « malgré ce succès et sa contribution significative au PIB de l'Union Européenne, le secteur est désormais confronté à des défis importants (déclin à long terme de la consommation intérieure, changement du goût des consommateurs et contexte international instable pour les exportations et production devenant imprévisible en raison du changement climatique) ».
Dans ce contexte et face aux demandes des vignobles communautaires, « je salue le lancement prochain d'un groupe de haut niveau sur la politique du vin (que j’ai annoncé le 27 mai lors du conseil Agriculture et pêche) pour discuter des perspectives d’avenir de la production vitivinicole de l'Union Européenne et évaluer les outils politiques qui peuvent le mieux aider notre secteur à faire face à ses défis » réagit le commissaire européen à l’Agriculture, Janusz Wojciechowski, sur Twitter.
Même satisfaction dans la filière qui souhaitait réactiver cet outil (dernièrement opérationnel il y a dix ans, pour la fin des droits de plantation). « Nous ne pouvons que nous féliciter que la Commission Européenne ait pris au sérieux notre demande » indique à Vitisphere la Fédération Européenne des Vins d’Origine (EFOW), travaillant sur les multiples sujets qui nécessiteront des compromis : « mesures de crise et de régulation, déclin de la consommation et changements d'habitudes, des marchés internationaux instables, des aléas climatiques importants qui rendent difficile les estimations de production ». Indiquant « extraire les principales priorités et donner une réponse plus précise au problème du déséquilibre entre production et consommation », le Comité Européen des Entreprises du Vin (CEEV) va s’appuyer sur son manifeste publié en mai dernier, avec six urgences identifiées pour les élections européennes (une PAC soutenant la prospection commerciale, une réglementation alliant innovation et tradition avec plus de compétitivité et moins de complexité, une adaptation au changement climatique et à la transition agroécologique, une simplification du commerce intracommunautaire, un soutien face aux tensions géopolitiques et une politique de santé incluant la consommation modérée de vin).
Pour la Confédération Européenne des Vignerons Indépendants (CEVI), « il est essentiel de pouvoir échanger avec la Commission en amont de l’élaboration de la future PAC. Cela nous permettra de faire valoir les positions spécifiques de la viticulture indépendante européenne, notamment concernant la nécessité de préserver des dispositifs de soutien adaptés aux contraintes des PME ou le besoin de réduire le fardeau administratif qui entrave la compétitivité de nos entreprises familiales. » Un bémol pour la CEVI : « nous regrettons néanmoins que les organisations viticoles ne soient invitées qu’à la première des réunions de ce groupe de haut niveau, au risque de voir les conclusions adoptées ne pas refléter fidèlement la situation que nous connaissons et les évolutions que nous appelons de nos vœux. »