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L’arrachage de vignes toujours plus demandé par la France, l’Espagne et l’Italie
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Impatience, "il faut que ça bouge"
L’arrachage de vignes toujours plus demandé par la France, l’Espagne et l’Italie

Portée initialement par le vignoble français, la demande de réduction du potentiel de production viticole recueille un écho de plus en plus favorable en Espagne, alors que l’Italie reste à l’écoute, par prudence face aux risques de dégradation de ses marchés. La prolongation de 3 ans des autorisations de plantation est également demandée avec vigueur à la Commission Européenne.
Par Alexandre Abellan Le 10 juillet 2024
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L’arrachage de vignes toujours plus demandé par la France, l’Espagne et l’Italie
L’impatience l’emporte désormais sur l’attente dans le vignoble européen sous tension. - crédit photo : Adobe Stock (Noradoa)
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éuni ce 9 juillet à Logroño, dans le vignoble espagnol de la Rioja, le groupe de contact du comité mixte France-Espagne-Italie pour le secteur vitivinicole tire un bilan sans équivoque : s’il y a des îlots de croissance commerciale dans les vignobles (notamment les vins effervescents : crémant, cavas et surtout prosecco), toute la filière européenne est globalement logée à la même enseigne : le contre-coup de la déconsommation, de l’inflation, des risques géopolitiques et des aléas climatiques. Lors des échanges dans la Rioja, il y a eu « des témoignages poignants dans chaque délégation sur des situations qui deviennent alarmantes dans les vignobles, qui sont le socle de la ruralité » rapporte Ludovic Roux, le président des Vignerons Coopérateurs d’Occitanie, qui souligne un point positif dans ce contexte négatif : « les trois pays sont globalement en phase sur l’analyse de la situation et les réponses à donner. C’est rassurant. Les pouvoirs publics vont avoir le même message des trois principaux pays producteurs. »

Entre marchés déséquilibrés et trésoreries tendues, les demandes de soutien européen des trois premiers pays producteurs de vin dans le monde se rejoignent toujours sur la demande d’arrachage temporaire, formalisée fin 2023. Même si la nature la demande varie : la France était demandeuse pour s’en servir, l’Espagne et l’Italie se mettaient en soutien sans avoir identifié de nécessité il y a 9 mois. Mais à Logroño, « l’Espagne le dit désormais ouvertement, elle a un sujet d’arrachage temporaire pour se donner une capacité d’adaptation, qui pourrait peut-être aller rapidement vers de l’arrachage définitif » esquisse Jean-Marie Fabre, le président des Vignerons Indépendants, notant que « l’Italie n’a pas évoqué aussi clairement le sujet de l’arrachage que la France l’a fait [fin 2023] et que l’Espagne vient de le faire. La filière italienne utilise plutôt du stockage et de la vendange en vert, mais elle va soutenir la demande d’arrachage temporaire qui les intéresse. Les choses peuvent changer rapidement, il ne faut pas insulter l’avenir. »

Prolongation des autorisations de plantation

Intéressant plusieurs vignobles européens pour se donner des capacités d’adaptation et de repos des sols, la restructuration différée serait un excellent outil comme le souligne Anne Haller, la directrice des Vignerons Coopérateurs. Si l’arrachage définitif est moins consensuel (avec « plus d’interrogations », mais « pas d’oppositions »), les vignobles appellent Bruxelles à des avancées rapide : « il y a des choses sur lesquelles il faut se débloquent rapidement. C’est plus que de l’attente, ça commence à bien faire. Nous vraiment besoin d’outils. » L’arrachage temporaire donc, mais pas seulement : « nous sommes tous très demandeurs d’une confirmation rapide de la prolongation de 3 ans des autorisations de plantation » indique Anne Haller, qui plaide pour un outil qui « ne coûte rien à personne » et permet « de temporiser le renouvellement ». Demandant des réponses pour l’après-vendanges 2024, soit octobre, la filière sait que le temps lui est compté. Face aux tension, « il faut que ça bouge » résume la directrice des caves coopératives. « On a ressenti que les gens sont plus pressés d’aboutir et plus précis » résume Ludovic Roux, qui confirme que les soutiens conjoncturels demandent d’« aller beaucoup plus vite » (sur l’arrachage temporaire, la prolongation des autorisations de plantation et de la flexibilité sur l’utilisation des fonds communautaires pendant cette crise).

« Nous sommes rassurés de voir que si les réalités et la conjoncture peuvent être différentes selon les pays, nous partageons une vision commune » confirme Jérôme Bauer, le président de la Confédération Nationale des producteurs de vins et eaux de vie de vin à Appellations d'Origine Contrôlées (CNAOC), rapportant qu’« il est nécessaire de développer une boîte à outils avec des mesures de crise (arrachage, distillation, stockage privé) et des mesures de régulation (allongement des autorisations de replantation de 3 ans, autoriser la fixation de la croissance d’un bassin ou d’un produit à zéro…) ». Au terme des échanges à Logroño, il apparait pour le président des AOC française que « nos voisins espagnols et italiens ont la même sensibilité que nous sur le développement d’outils "verts" dans les programmes vin des plans stratégiques, notamment en révisant le système d’assurance-récolte en élargissant la base assurable ou en finançant le repos des sols pour favoriser la biodiversité tout en soulageant les marchés. »

 

Groupe de haut niveau

Dans l’immédiat, « il faut faire confiance à la maturité du secteur viticole pour faire en sorte que la Commission et le Parlement nous donnent moyens de répondre à la crise » indique Jean-Marie Fabre, se projetant sur les futures négociations de la Politique Agricole Commune (PAC 2027) : « il faut trouver de la flexibilité et de l’agilité dans la capacité de soutien à la filière, sinon les réponses sont trop tardives. Nous avons besoin de plus de réactivité et d’agilité, y compris dans le financement. » Pour le long terme, Anne Haller compte sur les travaux du groupe de haut niveau pour le secteur viticole annoncé par la Commission Européenne. Devant se réunir à partir de septembre, ce véhicule pourrait acter des évolutions réglementaires dans l’accompagnement de la filière. « Nous sommes sur une sujet crise structurelle du secteur : de quels outils a-t-on besoin ? Il y a plein d’idées, il faut les mettre sur le papier pour l’automne » pointe Anne Haller. « Il ne faut pas attendre les calendes grecques. Nous avons besoin d’outils efficaces et flexibles avec des notifications de mesures de soutien prévues à l’avance » plaide Ludovic Roux, pour qui « on ne peut plus avoir des négociations qui durent des mois : le temps politique n’est pas celui économique. Quand une crise arrive, il faut pouvoir l’acter avec des notifications prévues et des cofinancements définis pour gagner un temps fou. »

Commençant le 11 septembre et devant aboutir à des propositions début 2025 après trois réunions au moins, les discussions de ce groupe à haut niveau doivent avoir pour socle « la sanctuarisation du régime d’autorisation de plantation (prolongé jusqu’en 2045), qui va faire l’objet d’un point d’étape en 2028 et qui reste à ce jour le meilleur système et le moins cher » note Jérôme Bauer, pointant « plus globalement, dans la négociation avec la Commission Européenne, il est indispensable de préserver nos budgets et nos spécificités vin dans l’OCM » (Organisation Commune du Marché vitivinicole). Mais le président de la CNAOC alerte : « le problème est que la Commission européenne ne sollicite les professionnels que sur la première réunion, en septembre. Comme ce groupe va travailler à des solutions concrètes pour l’avenir de notre filière, il est plus qu’indispensable d’être associés tout au long du processus » qui doit aboutir à des conclusions d’ici le début 2025.

Le prochain comité mixte entre France, Espagne et Italie se tiendra en fin d’année à Madrid.

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