’une des pierres angulaires de l’économie européenne, la filière vitivinicole subit des attaques de toutes parts : événements climatiques de plus en plus extrêmes, tendance inflationniste des prix et des coûts, incertitudes géopolitiques, diabolisation… Ce sont autant de menaces qui mettent en péril l’avenir du secteur, estime Mauricio Gonzalez-Byass, président du CEEV. Cela, malgré les trois millions d’emplois directs, contribution fiscale de 52 milliards € et valeur marchande supérieure à 100 milliards € apportés par la filière vin à l’économie européenne.
Adaptation et compétitivité
Dans ce contexte, le CEEV, dont les membres assurent plus de 90% des exportations de vin de l’UE, a identifié six priorités stratégiques visant à assurer la résilience, une croissance pérenne et l’innovation au sein du secteur. Il s’agit du renforcement d’une Politique Agricole Commune tournée vers le marché qui augmente la compétitivité et réduit la complexité administrative ; une réglementation européenne qui concilie à la fois tradition et innovation pour adapter les produits aux nouvelles attentes des consommateurs tout en préservant la culture du vin ; le soutien à la résilience climatique et la transition environnementale en définissant des principes du développement durable pour la production de vin et en priorisant les mesures d’atténuation ; le renforcement du Marché Unique et la réduction des coûts de commercialisation en harmonisant pleinement la règlementation, en favorisant la digitalisation et en facilitant le commerce électronique pour les entreprises vin ; le maintien d’une stratégie commerciale ambitieuse pour l’UE qui améliore l’accès aux marchés, aborde les obstacles au commerce et protège les produits vitivinicoles dans le cadre de litiges commerciaux sans rapport avec le secteur ; et enfin l’adoption d’une politique de santé coordonnée, pragmatique et scientifique qui fasse le distinguo entre la consommation modérée de vin et l’abus d’alcool et prône le dialogue constructif.
Orientation qualitative et novatrice
« Notre Manifeste comporte une série de propositions concrètes qui visent à sauvegarder notre riche patrimoine, à favoriser une croissance pérenne et à assurer un avenir prospère au vin européen », insiste Ignacio Sánchez Recarte, secrétaire général du CEEV. Si certaines de ces propositions parlent d’elles-mêmes, d’autres nécessitent d’être développées. A titre d’exemple, au sujet de la PAC, hormis le maintien de programmes nationaux d’aide au vin, la poursuite de l’harmonisation des règles au niveau de l’UE, la simplification de la gestion administrative de la mesure promotion et un soutien spécifique au développement des activités oenotouristiques, le CEEV demande que soit évitée l’utilisation d’aides pour les arrachages et pour des systèmes de production qui visent des rendements à l’hectare « incompatibles avec la qualité ». Il souhaite ainsi que soient soutenues les vieilles vignes et la culture de la vigne dans des conditions extrêmes ou des zones défavorisées. Pour ce qui concerne l’innovation, le Comité demande à ce que les règles portant sur la production et l’étiquetage des produits vitivinicoles soient actualisées pour mieux refléter la nature des vins désalcoolisés ou partiellement désalcoolisés ainsi que les produits aromatisés. Il souhaite également une amélioration de la souplesse réglementaire sur les indications géographiques pour faciliter l’adoption de mesures d’adaptation au changement climatique.
Assurer l’harmonisation des initiatives
Concernant l’accès au marché, le CEEV insiste sur la nécessité de mettre en application une approche harmonisée de l’étiquetage qui remette en cause des réglementations nationales à même de menacer les chaînes logistiques européennes. Les technologies numériques doivent venir appuyer cette harmonisation et permettre de communiquer des informations sur le tri, le caractère recyclable des conditionnements et sur la santé, par exemple, et assurer la transmission de documents entre les entreprises et l’administration. Enfin, sur le sujet épineux de la santé, justement, le Comité propose que la Commission européenne dirige la coordination des actions des Etats membres en matière de politique pour éviter l’atomisation du Marché Unique et la délégation des évaluations de politique à des agences ou organisations externes. Il souhaite que des données et expertises propres à l’UE soient développées pour éviter de s’appuyer sur celles de l’OMS Europe.