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Des taxes punitives en ombres chinoises pour les vins européens
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Risque d’escalade
Des taxes punitives en ombres chinoises pour les vins européens

Opportunément agitée par des médias chinois, la menace de mesures de rétorsion visant les vins européens ne peut qu’inquiéter la filière française, qui n’avait vraiment, mais vraiment, pas besoin de ce tracas supplémentaire…
Par Alexandre Abellan Le 21 mai 2024
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Des taxes punitives en ombres chinoises pour les vins européens
La géopolitique du pire n’étant jamais sure, les opérateurs du vin européens se mobilisent pour faire entendre leurs intérêts dans le conflit commercial larvé avec la Chine. - crédit photo : Adobe Stock (Jordi Mora)
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arfois, les vignerons de France, et notamment de Bordeaux, se laissent aller à un doux rêve : si chacun des 1,4 milliard de Chinois buvait ne serait-ce qu’une bouteille de vin hexagonal par an, il n’y aurait pas assez de vignes françaises pour répondre à ce raz-de-marée de demande… Mais il semble qu'un cauchemar exactement inversé se dessine si l'on en croit le coup de semonce qui vise l’avenir des vins en Chine. Face aux procédures européennes ciblant actuellement les subventions chinoises à la production des voitures électriques, panneaux solaires et éoliennes, « les autorités chinoises ont préparé d’importantes contremesures » rapporte ce samedi 18 mai la Chambre Chinoise du Commerce pour l’Union Européenne sur Twitter, reprenant une information de l’application d’actualités Jinri Toutiao. « La Chambre considère ce message suffisamment important pour le partager avec la presse » poursuit le communiqué, appelant à la suspension des mesures européennes en pointant qu’« un expert juridique remarque qu’étant donnée l’importance des subventions européennes au secteur agricole, les productions européennes de vin et produits laitiers pourraient se retrouver pris entre deux feux. »

Alors que les eaux-de-vie de Cognac et d’Armagnac semblaient sorties de la zone de turbulence d’une enquête antidumping, du moins dans les paroles diplomatiques, les vins pourraient désormais être pris dans les tensions entre Bruxelles et Pékin. S’il n’y a pas eu d’annonce officielle du gouvernement chinois, ces publications dans les organes officiels de presse et d'affaires témoignent du risque d’escalade dans la guerre commerciale opposant l’Union Européenne à la République Populaire de Chine. Dans ce jeu de poker menteur diplomatique, les enchères sont logiquement montées de part et d’autre : « la Chine laisse entendre des représailles dans le cadre d'une aggravation du conflit commercial avec l'Europe » résume Bloomberg, précisant que « l'alimentation, le vin et les avions pourraient être des cibles, selon les médias d'État » alors que la Chine est en plein bras de fer avec les États-Unis.

Prise d’otage

Si le marché chinois des vins reste bloqué dans une mauvaise passe, du fait d’une économie plombée par le secteur immobilier et la surcapacité industrielle, sa fermeture aux vins européens par des droits d'accise dissuasifs serait un coup dur pour le vignoble français qui perdrait sont huitième marché export en volume (5,2 millions de caisses en 2023 en incluant Hong Kong, -24 % par rapport à 2022) et neuvième en valeur (399 millions €, -20 %). Les exportateurs français connaissent bien le coût de sa prise en otage dans des conflits commerciaux qui lui sont étrangers. Née d’un différent aéronautique (Airbus contre Boeing), la taxe Trump de +25 % sur les vins a coûté 450 millions € à la filière française en 16 mois d’application (elle n’est d’ailleurs que suspendue, jusqu’en 2026). Ayant déjà menacé les vins européens de mesures de rétorsion en 2013, en parallèle d’un conflit sur les panneaux solaires, la Chine avait bien sauté le pas pour les vins australiens, visés par des droits d’accise allant jusqu’à 218 %. Suspendues en mars dernier, ces taxes punitives ont duré plus de trois ans et réduit à peau de chagrin le leadership des vins d’Australie en Chine…

La perspective d’années de surtaxes en Chine est inenvisageable pour une filière vin devant déjà faire face aux aléas climatiques (gel, grêle, sécheresse…), aux revers économiques (l’inflation accélérant la déconsommation et augmentant les coûts de production) et à la transition écologique (le virage agroenvironnemental allant de pair avec le changement climatique). Un secteur du vin français dont le plan de filière, sa stratégie de relance, passe par l’export et un commerce sans entraves martèlent ses représentants. Qui espèrent que leurs intérêts vont compter dans les discussions commerciales entre Bruxelles et Pékin. Et si des bouteilles de vin français pouvaient être vidées à l'occasion de chacune de ces réunions de négociation, ça ne pourrait pas faire de mal à l'économie nationale et au rapprochement entre les peuples...

 

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Tous les commentaires (3)
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Maxime Le 22 mai 2024 à 08:03:37
Ha en. Faudrait savoir, on ne veut pas de taxe pour exporter en Chine mais on veut interdire l'importation de vin espagnol. Peut on avoir le beurre et l'argent du beurre?
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Cqcvin Le 21 mai 2024 à 08:48:08
Le marché chinois reste un marché de dupes, ils agissent toujours de la même façon, ils font miroiter des débouchés énormes , et les plantent à 80%. Mieux vaut s'intéresser à d'autres marchés, tels que certains pays africains, Maghreb, Inde?
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bill et boule Le 21 mai 2024 à 07:02:51
Communique de presse en.guise d avertissement tres alarmant ce 18 mai, vinexpo Hong kong 2024 à la fin de ce meme mois : on ne peut être que frappé par la facheuse coincidence des deux événements . Alors meme que la planète Bordeaux peine à mettre en œuvre la jurisprudence egalim dans le domaine des vins sur le marché domestique déjà à la baisse ( entre moins 4 et moins 6% selon le civb en un an ) , cet avertissement émanant de la RPC pourrait stopper net la relance commerciale tant esperee sur l Asie . Et dans 8 petits mois le nouveau locataire de la Maison Blanche pourrait très bien remettre en place une taxe sur les importations de vins français, protégeant ainsi Boeing qui en a bien besoin en ce moment .Pour rappel la baisse annuelle des exportations de vins de Bordeaux entre début 24 et début 23 est déjà de l ordre de 12 à 13 % pour ces deux grands pays ( chiffres civb) . Le problème merite d être adressé très rapidement par le gouvernement car les viticulteurs sont déjà las de leur sort d otages , que ce soit pour l aviation civile hier et l automobile electrique demain.
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