Moment normalement suspendu dans le soulagement de la fin de campagne viticole, la récolte est amère ce millésime 2024 en France. « Les vignerons sont épuisés avant même de commencer les vendanges. Ils sont sur les rotules. Mère nature s’est acharnée sur l’agriculture, pas seulement la vigne » pointe Gérard Bancillon, le président de la Confédération des vins à Indication Géographique Protégée de France (Vin IGP). Citant pêle-mêle les excès d’eau ayant fait flamber le mildiou dans de nombreux vignobles, et les fortes sécheresses mettant en péril des vignes du littoral méditerranéen, le viticulteur de Garrigues-Sainte-Eulalie n’oublie pas le gel, les orages de grêle…
De quoi faire plonger les rendements, et la cote de l’assurance multirisque climatique qui n’en est qu’à sa deuxième année de réforme. « L’assurance climat est discréditée » résume Gérard Bancillon, qui appelle à « revoir l’assurance climat qui n’est pas adaptée et à réviser la moyenne olympique. Même quand on veut s’assurer, ce n’est pas possible. Le capital assurable à l’hectare n’est pas satisfaisant. Avec une succession de petites récoltes, on une mauvaise moyenne et il faut y ajouter 20 % de franchise. »
Déception et désenchantement
Ayant lui-même fait la promotion de l’assurance contre les aléas climatiques auprès des adhérents de la cave coopérative qu’il préside (les Collines du Bourdic), Gérard Bancillon se souvient des bonnes prises en charge du millésime 2021, année de gel historique. « On avait plus de 80 % de vignerons assurés. Ils sont moins de 50 % aujourd’hui. Ça ne vaut plus la peine : en 2021 il y a eu le gel, en 2022 et 2023 la canicule, en 2024 le mildiou… Ceux qui voudraient s’assurer ne le peuvent pas » soupire le viticulteur, qui ne fait « plus la promotion de l’assurance : que ceux qui le peuvent s’assurent. »
Pointant « la catastrophe » de la moyenne olympique pour s’assurer, Gérard Bancillon souligne la difficulté pour le vignoble de s’adapter face à un climat aussi changeant. « Ça part dans tous les sens. On passe d’une année sèche à un millésime humide. Sur quel pied danser pour le travail du sol, l’enherbement, etc. ? » esquisse-t-il. Pointant « la catastrophe » de la moyenne olympique pour s’assurer, Gérard Bancillon souligne la difficulté pour le vignoble de s’adapter face à un climat aussi changeant. « Ça part dans tous les sens. On passe d’une année sèche à un millésime humide. Sur quel pied danser pour le travail du sol, l’enherbement, etc. ? » esquisse-t-il. Charge aux pouvoir publics de modifier au plus vite le carcan réglementaire de la moyenne olympique pour rétablir la résilience des exploitations demande Gérard Bancillon. Qui appelle également le prochain gouvernement à agir pour le pouvoir d’achat : « c’est la seule réponse à la crise économique que l’on vit. L’inflation est la racine du mal qu’est la déconsommation du vin. Il faut vite relancer l’économie. »