es prévisions de vendanges se suivent et se ressemblent : à chaque fois les rendements chutent un peu plus ! La France produirait 36,9 millions d’hectolitres de vin en 2024 d’après les Services de la Statistique et de la Prospective du ministère de l’Agriculture, qui estimait la récolte à 37,5 millions hl en octobre, 39,3 millions hl annoncés en septembre et 40 à 43 millions hl en août. Une chute de la vendange qui tomberait au niveau historiquement faible du gel de 2017 (36,78 millions hl). Le millésime 2024 enregistrerait ainsi une baisse de 23 % de la production nationale par rapport à 2023 et de 17 % par rapport à la moyenne quinquennale (2019-2023).
Amputé par les aléas climatiques (sécheresse extrême pour les uns, pluies abondantes et forte pression mildiou pour les autres, sans oublier gel, grêle, coulure, filage et millerandage… voir infographie ci-dessous) et les arrachages (Bordeaux vient de passer sous les 100 000 hectares, les friches se développent en Gironde, dans le Languedoc et en vallée du Rhône), ce millésime 2024 marque un nouveau coup dur pour un vignoble à bout de force. De quoi appuyer les demandes de soutien financier alors que 20 % des caves coopératives sont déjà en grande difficulté économique et que le tiers des vignerons indépendants craignent pour leur pérennité. Après le gel historique de 2017, le gouvernement avait débloqué des centaines de millions d'euros pour soutenir la filière, à l'amont et à l'aval.
Après le fonds d’urgence de 80 millions € pour le déjà difficile millésime 2023, la filière demande la relance de ce coup de pouce aux trésoreries, alors que la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, vient d’annoncer de nouveaux allégements de charges et des dispositifs de prêts (à court-terme et pour la restructuration bancaire). Ces dernières annonces devant cependant être précisées, les représentants viticoles ne pouvant en l’état que dire que cela va dans le bon sens, mais sans savoir si cela répondra réellement aux besoins d’urgence. Même attente d’actions plus fortes et plus concrètes pour l’adaptation au changement climatique du littoral méditerranéen frappé par le manque d’eau, qui joue la survie de sa viticulture.
Autre demande cruciale pour la filière, la valorisation de ses prix : même avec une petite récolte 2024 et un plan d'arrachage en cours, les premières tendances de marché ne vont pas dans le sens d'une rémunération correcte du travail accompli à la vigne. Un enjeu travaillé avec la grande distribution par les représentants de la filière, mais aussi débattu par les syndicats agricoles généralistes (du prix garanti par l'Etat à la révision d'Egalim, en passant par les organisations de producteur). Ces derniers appelant à manifester dans les prochains jours alors que les élections des chambres d'Agriculture se tiennent en janvier 2025. Mixez le tout et vous aurez un cocktail explosif pour les semaines et mois qui arrivent, le vignoble étant visiblement à bout après un nouveau millésime éprouvant climatiquement et face à des incertitudes économiques croissantes, que ce soit en France (avec la déconsommation et la perte de pouvoir d'achat) ou à l'export (taxes chinoises et menaces américaines notamment).
Baisses généralisées
Tous les vignobles sont touchés par une baisse de récolte en 2024 : le Jura (-68 % par rapport à 2023), la Champagne (-46 %), la Bourgogne et le Beaujolais (-38 % par rapport à une récolte 2023 historiquement généreuse), Cognac (-37 %), le Val de Loire (-29 %), la Corse (-12 %), la Provence et la vallée du Rhône (-11 %), Bordeaux (-12 % par rapport à une vendange 2023 déjà historiquement faible), le Languedoc-Roussillon (-9 %), le Sud-Ouest (-7 %)…