uccinctes, les annonces de soutien aux trésoreries du vignoble de la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, ce mardi 5 novembre à Fabrezan (Aude), semblent laisser perplexes les représentants viticoles. « Il y a beaucoup trop d’imprécisions. On va se donner quelques jours avec les collègues pour regarder comment ça va fonctionner » esquisse Frédéric Rouanet, le président du Syndicat des Vignerons de l'Aude, qui ne ferme aucune porte : « si c’est un effet d’annonce, on verra quoi faire. Si les outils fonctionnent, on verra comment. » La figure audoise notant déjà un bon point : « la ministre est venue. L’an dernier, pour que le ministre vienne il avait fallu 6 000 personnes dans la rue » à Narbonne. « Les premières annonces vont dans le bon sens, elles sont encore à compléter par des modalités dans les prochains jours » confirme Jérôme Despey, le président de la chambre d’Agriculture de l’Hérault.
« Il faut être indulgent avec quelqu’un qui est là depuis 5 semaines. On ne peut que saluer la mise en œuvre de tout ce qui a été promis par le précédent gouvernement » nuance Ludovic Roux, le président des Vignerons Coopérateurs d’Occitanie, saluant « le fait de venir dans ce secteur de la France qui souffre de la crise viticole à laquelle s’ajoute le changement climatique (il n’y a pas eu de pluie pendant trois ans et des zones du secteur se désertifient ). » Pointant que « le diable se cache dans les détails », le viticulteur des Corbières attend « des précisions et des améliorations ».
Allégements
Venant avec des allégements de charges (rallonge de 20 millions d’euros de prise en charge de cotisations MSA, incitation des préfets à l’exonération des taxes sur le foncier non-bâti, TFNB…), la ministre a annoncé en l’état un prêt garanti pour l’agriculture (au taux compris entre 1,5 et 2 % sur 3 ans, avec un accès à partir de l’utilisation de 60 % de l’épargne de précaution pour les exploitants en disposant) et un prêt de consolidation bancaire (sur 5 à 7 ans où l’État apporte sa garantie). Au-delà des prises en charge classiques, « il n’y a pas eu de réponse au dispositif de fonds d’allégement des charges. On aimerait dans la palette d’outils permettre à l’État de prendre en charge des intérêts bancaires, des cotisations sociales et des prélèvements fiscaux lorsqu’il y a des entreprises en grande difficulté (par la dégradation de l’Excédent Brut d’Exploitation, EBE) » réagit Jérôme Despey.


Concernant les nouveaux prêts, le premier vice-président de la Fédération Nationale des Syndicats d'Exploitants Agricoles (FNSEA) souhaite que les prêts bonifiés à court terme affichent des taux « entre 1 et 1,5 % plutôt que les 1,5 à 2 % annoncés, avec une bonification pour les Jeunes Agriculteurs » et l’accès par « la prise en compte de la baisse de chiffre d’affaires ». Pour les prêts de reconsolidation, Jérôme Despey demande pour les cultures pérennes comme la vigne une durée de 10 ans a minima. Globalement, « d’ici la fin de la semaine, on veut connaître le détail de la mise en œuvre pour savoir si cela correspond aux demandes exprimées ».
Notant également que les allégements de charges annoncées sont déjà connus, pour ne pas dire classiques, Ludovic Roux, confirment que la mise en place des prêts et consolidation sera scrutée : « 7 ans, c’est trop court pour un dispositif qui s’adresse à des personnes en milieu de carrière devant repartir sereinement en réduisant leurs annuités pour permette leur désendettement ». Pour le représentant des caves coopératives, des annonces plus fortes et structurantes sont également attendues. Ces premières annonces sont « un début dans l’urgence. Maintenant, il faut bosser sur des sujets structurants ». Comme la demande de 75 millions € pendant trois ans pour restructurer les caves coopératives (« il faut un coup de pouce pour préserver ce service public que l’on apporte sur les territoires »), la mise en place d’un arrachage temporaire au niveau européen (en discussion dans le Groupe de Haut Niveau à Bruxelles) et la valorisation des prix du vin pour regagner en rentabilité dans les exploitations (avec la loi Egalim, la possibilité de parler de prix dans les interprofessions…).


« On peut demander toutes les aides possibles, la meilleure solution est un prix décent » confirme Jérôme Despey, qui appelle à « intégrer les coûts de production pour avoir un prix rémunérateur (qui n’est pas plancher ou minimum) » et parvenir par Egalim à « une rémunération qui permette aux producteurs de vivre de leur métier. Il faut responsabiliser les metteurs en marché et la Grande Distribution. Quelques centimes de plus dans une bouteille, ça peut changer les choses. +15 ou +20 centimes aideraient les vignerons. »