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6 000 manifestants valident le succès de la mobilisation vigneronne à Narbonne
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Aides d'urgence
6 000 manifestants valident le succès de la mobilisation vigneronne à Narbonne

Dans les rues de Narbonne, la manifestation a rassemblé un large Midi viticole du sud-ouest jusqu'au Rhône et la Provence. Des réponses et des annonces rapides du ministre de l'agriculture en visite mercredi à Montpellier sont attendues pour faire souffler les trésoreries et donner des perspectives d'avenir.
Par Olivier Bazalge Le 25 novembre 2023
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6 000 manifestants valident le succès de la mobilisation vigneronne à Narbonne
Dans les rues de Narbonne, les vignerons et le monde rural ont massivement répondu à l'appel du syndicat des vignerons de l'Aude - crédit photo : O. Bazalge
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n vigneron ne crève pas la bouche ouverte sans se battre"

Ardèche, Aude, Drôme, Gard, Gers, Hérault, Pyrénées-Orientales, Tarn, Var, Vaucluse... Ce 25 novembre, le grand Midi viticole s’est réuni nombreux pour marcher dans les rues de Narbonne. En car ou par leurs propres moyens, 6 000 viticulteurs et sympathisants du monde rural dans son ensemble, (6 000 selon l’organisation, 4 000 selon la préfecture) ont répondu à l'appel du syndicat des Vignerons de l'Aude (SVA) pour envahir la place de l'hôtel de ville et arpenter dans une ambiance pacifique les grands axes de la sous-préfecture audoise, au son des bombes agricoles, des pétards, sans déplorer le moindre débordement. Si 300 viticulteurs avaient trouvé refuge en 1976 dans la cathédrale Saint-Pierre sous la protection de l’évêque de Montpellier, cette fois c’est monseigneur Bruno Valentin, évêque du diocèse de Carcassonne et Narbonne qui s’est joint à la foule pour appuyer la population viticole et rurale de son soutien. Tous les représentants syndicaux régionaux et de nombreux présidents de chambres d’agriculture garnissaient les premiers rangs, aux côtés des nombreuses écharpes tricolores des élus de la république des territoires viticoles d’Occitanie.

 

14h20 : une délégation de représentants syndicaux a été reçue par le préfet

Aux côtés du président du syndicat des Vignerons de l'Aude Frédéric Rouanet, le président des Vignerons indépendants de France Jean-Marie Fabre, des Vignerons coopérateurs d'Occitanie Ludovic Roux, des Jeunes agriculteurs de l'Aude, Fabien Mariscal, et de la FNSEA, Jérôme Despey et Guilhem Vigroux, ont rappelé durant une vingtaine de minutes aux préfet et sous-préfet de l'Aude le besoin urgent de réponses rapides aux revendications exposées en amont de la manifestation

 

14h45 : La place de l'hôtel de ville de Narbonne est pleine comme un oeuf

Déjà, les pétards agricoles résonnent sur la place du centre de Narbonne.

Aux premiers rangs, les nombreux élus des territoires viticoles arborent leurs écharpes tricolores

 

15h : Fabien Mariscal, Jérôme Despey et Frédéric Rouanet se succèdent à la tribune

Le président des JA audois Fabien Mariscal prend le premier la parole et n’hésite pas à dénoncer les successions de contraintes toujours plus fortes auxquelles sont soumis les vignerons. Il en profite pour adresser un tacle aux « escrologistes » et la « violence » de leurs charges à l’encontre d’agriculteurs qui ne demandent qu’à vivre de leur travail. En parallèle, « l’Europe nous annonce tranquillement que la disparition de la vigne est acceptable ! Comment ne pas réagir sans violence ? » face à ces assauts répétés à l’égard de la profession vigneronne, tonne un président des JA audois habité et largement applaudi.

Derrière lui, Jérôme Despey rebondit sur l’attention particulière « à porter à ces jeunes agriculteurs qui sont l’avenir de la filière, mais plus fragilisés », avant de s’écorcher la voix en listant les éléments d’une crise « qui peut avoir de lourdes conséquences sur tout un pan de l’économie », et d’intimer le ministre de l’agriculture « d’agir vite ». Arrachage temporaire primé avec replantation différée, retraite anticipée, promotion à l’export, appel à la restauration de réfléchir à ses coefficients multiplicateurs sur les vins vendus… Jérôme Despey réitère les leviers qui pourront faire souffler l’économie des entreprises vigneronnes. Là encore, une attention toute particulière est portée « à cette clique d’activistes écolos qui devraient lâcher leurs téléphones et venir nous aider à désherber à la pioche ! Ils sauraient ce qu’est la vraie fatigue et on leur offrirait une bonne soupe, un bon repas avec des bons fruits et légumes de notre production… et un bon verre de vin ! », déclenchant les huées de la foule. Le besoin essentiel en eau, le pilier patrimonial que constitue le vin et le nécessaire « ajustement de prix du vin qui n’ont pas évolué depuis 15 ans » sont également rappelés par celui qui préside la chambre d’agriculture de l’hérault.

Vient alors le tour de Frédéric Rouanet, qui rappelle en préambule combien « la solidarité coule dans le sang de notre profession qui a toujours refusé de se soumettre », au cœur d’un lieu historique de la contestation viticole. Il le répète depuis des mois, « le prix du vin est indécent », au regard de tant « d’efforts de qualité, d’engagement environnemental, d’endettement lourd qui ne sont pas récompensés par une rémunération à la hauteur ». La crise frappe sans distinction dans les rangs vignerons mais « Emmanuel Macron ne doit pas prendre notre patience pour de la faiblesse ! », tonne le leader syndical audois, « car ce ne sont pas quelques mesures qui vont suffire, sans réponses fortes la colère contenue éclatera ! ». Fustigeant l’image rabaissée du vin en France « alors qu’il est affiché comme un fleuron dans bien d’autres pays, nous voulons que le vin soit considéré comme un produit de la nation ! ».

Frédéric Rouanet martèle combien aider la population viticole est la solution économique la moins coûteuse. « Un vigneron ne crève pas la bouche ouverte sans se battre ! Notre raison est celle de la justice sociale ! Jamais nous ne déserterons car fiers de ce que nous sommes !», lance-t-il avant d’engager la marche dans les rues de Narbonne.

 

15h45 : Le cortège se met en route

Précédés par les pétards agricoles, élus et représentants syndicaux mènent une longue foule à travers les artères de la ville.

Les pancartes résument les revendications vigneronnes, sans oublier le clion d'oeil à la déconsommation et l'hygiénisme

 

17h : La manifestation se disloque. Trêve syndicale pendant Sitevi

Au moment d’annoncer la fin de la mobilisation du jour, sur le parvis du théâtre de Narbonne, Frédéric Rouanet confirme une trêve syndicale pendant les 3 jours du salon Sitevi du 28 au 30 novembre à Montpellier. Le ministre de l'agriculture sera présent mercredi à Montpellier et rencontrera une délégation de représentants syndicaux. « A défaut d’avoir les moyens d’investir dans du matériel, nous irons voir les machines. Les fournisseurs de matériel sont nos partenaires et souffrent comme nous de la baisse d’activité », annonce Frédéric Rouanet. Alors qu’un vigneron a été interpellé pendant la manifestation, le leader syndical explique « qu’il a bien été relâché, nous pouvons disloquer dans le calme cette manifestation ».

Pendant que la foule se disperse, le président des Vignerons indépendants de France Jean-Marie Fabre souligne la réussite de cette mobilisation et attend une réponse « dès cette semaine » des pouvoirs publics pour répondre d'urgence aux difficultés de trésorerie. « Les causes sont multiples mais les solutions sont simples et connues, et couteront bien moins cher que la disparition d'un pan entier de notre secteur ». Un classement de la région en zone test vis-à-vis du changement climatique est également attendu.

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Tous les commentaires (11)
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Albert Le 28 novembre 2023 à 21:33:46
Il faudrait rappeler à la filière du LR comment elle peut se fourvoyer toute seule > avec la reconnaissance de l'IGP Terre du Midi, c'est un Oc en version dégradée qui a été accepté : INAO et Minagri ne se sont pas opposés à cette IG dont on pourrait se demander à quelle histoire viticole renvoie son territoire si ce n'est aux sombres heures du "midi" viticole .. quant au papa du VDP d'Oc, le "Grand" Gravegeal, il a usé de son droit de veto en refusant toute possibilité de vins de cépage pour Terre du Midi. Pourquoi cette pâle copie de Oc ? .. pour que puissent être assemblés des vins issus des départements languedociens, qui n'auraient certainement pas pu être présentés en Oc ! .. Merci à Terre du Midi, la filière n'a pas cru devoir rehausser son niveau de jeu .. on lui a permis de continuer à produire sans changer ses habitudes .. une réponse a ainsi été apportée sur une nouvelle possibilité d'écouler (en théorie) des volumes de rouge languedocien sans aucune autre considération. La colère d'une partie du monde vigneron s'entend. Mais est-elle si légitime ?
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BioRev Le 27 novembre 2023 à 08:37:15
@ Msc2006 Ce n'est pas un problème de Nord et de Sud...mais de blanc et de rouge. C'est le rouge moyenne gamme qui souffre car la tendance anglo-saxonne, qui fait la pluie et le beau temps en France, est au blanc et au rosé. Ajouté à cela un problème réel de rapport qualité/prix et la descente est assurée. L'arrachage est peut-être une solution d'urgence mais il faut aussi savoir s'adapter. Je pense que le pétillant (rouget et rosé) a sa carte à jouer en Languedoc. Les Sudistes peuvent tenter le joker face au champagne et crémant nordistes!
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Pierro Le 26 novembre 2023 à 20:48:50
Un jour je manifeste, un jour je retourne les panneaux,... mais jamais je change de politique... effectivement ce sont les mêmes.... toujours... et ça va continuer: Lire l'article de Terre-Neuve du 23 novembre : "Grâce à un décret, le gouvernement pourrait accorder davantage de financements à la FNSEA, défenseur de l'agriculture industrielle. De quoi fragiliser les plus petits syndicats..."
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Msc2006 Le 26 novembre 2023 à 10:34:29
Bonjour , d'une ce n'est pas toute la viticulture qui est malade , mais juste celle du sud !!!! Une petite remise en question serait nécessaire . Produire moins mais mieux . Éviter de faire allégeance à Parker et au négoce. Revenir au fondamentaux . Prendre exemple sur les vignobles du nord ....
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Dominique Le 26 novembre 2023 à 10:11:34
Réunir 6000 manifestants pour demander des mesures, OK. Reste à savoir lesquelles : si ce sont encore des mesures conjoncturelles, on sait que ça ne résoudra encore rien. Ceci dit, il est extraordinaire de voir parmi les protestataires Jérôme Despey : Président de la Chambre d'agriculture de l?Hérault, vice-président national de la FNSEA, président du conseil spécialisé « Vin et Cidre » de FranceAgriMer, et autres casquettes. En outre, il est l'homme le plus écouté du ministre Marc Fesneau et de Macron. Après avoir fait valider en coulisses ses décisions par le ministère, il descend dans la rue pour protester ! On rêve. C'est lui qui s'est le plus opposé aux mesures d'arrachage et qui a donné l'ordre à la FNSEA33 d'être très discrète sur ce sujet en Gironde. C'est lui qui propose une stratégie d'expansion alors que la baisse sociétale de consommation et la récession mondiale sont là. Je ne comprend pas comment les vignerons ruinés du Languedoc acceptent encore de tels soutiens et leur permettent encore de la ramener, alors qu'ils devraient les inviter à se faire oublier.
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dumas Le 26 novembre 2023 à 09:53:49
Tout est à la disposition de qui veut REELLEMENT traité le problème vitivinicole du Languedoc Roussillon. Un scénario de sortie de crise proposé par le conseil de Bassin en 2011 pour une fonctionalité en 2025 - la Filière plurielle. Les pluie diluviennent à capter par des retenues collinaires et une irrigation pilotée par IA. Une déconsommation du vin rouge tranquille mesurée, connue, incontournable, évidente à intégrer à l'analyse. Une remise en place de la PAD d'urgence. Et surtout la mise au point d'un projet pour "l'après" : le remembrment du foncier abandonné à la végétation spontanée (58,6% des vignobles arrachés définitivement) pour une production mécanisée, industrielle de l'Amande Bio en remplacement des vignes arrachées- l'iirigation collinaire complètera le besoin en eau. La vitivulture n'est pas morte la filière doit impérativement s'adapter maintenant. L'accompagnement palliatif par de l'olive, de la grenade, de l'amande des pistaches est un faux nez pour accompagner les vignobles à leur tombe.
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michel jacob Le 26 novembre 2023 à 09:52:04
Je suis vigneron en Champagne et donc un privilégié dans le monde viticole ce qui ne m'empêche pas d'être triste et révolté quant à la situation de ces vignerons. Mais l'histoire se répète, déja dans les années 80 alors que j'étais jeune stagiaire dans une coop de l'Aude la révolte grondait. La crise viticole d'aujourd'hui reflète bien le clivage entre la ville et la ruralité, entre la technocratie et le bon sens paysan, entrel'écologie politique et celle de terrain ,entre le commerce débridé face à celui de proximité à visage humain, entre l'hygiénisme et la gastronomie . C'est tout l'ensemble du monde viticole français qui devrait se révolter , car tôt ou tard c'est tous les vignobles qui seront concernés
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BioRev Le 26 novembre 2023 à 09:43:15
Les élus locaux font de la figuration....les élus syndicaux ont le beau rôle, ils en profitent pour s'en prendre aux "escrologistes" qui ne savent pas tenir une pioche. Trop facile...à escrologie, escroc et demi. Jerome Despey qui a son rond de serviette partout, crache sur l'écologie pour défendre une agriculture à deux vitesses. Celles des grands céréaliers et éleveurs, jumelés à l'industrie agro-alimentaire, lobbyiste à Bruxelles, et celle de l'agriculteur qui cherche à vivre dignement de son métier. Certes, il est viticulteur mais lui aussi il doit être plus souvent au téléphone qu'une pioche à la main.... Trêve de manif pour aller au salon SITEVI. Peu de savoir-faire français dans le domaine du machinisme agricole. S'endetter ou utiliser les aides de la PAC au profit du commerce extérieur allemand et américain, voire italien, c'est quand même un problème. Non? Libre-échange et solidarité sont les deux mamelles de l'UE. L'une coule à flot et l'autre au compte goutte....
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La rédaction Le 25 novembre 2023 à 23:42:00
Bonjour Paggu et Tintin Merci pour l'alerte sur l'Ardèche, les conditions du direct ont causé cet oubli, désormais corrigé grâce à votre vigilance. Le Gard était par contre bien cité. Bonne soirée
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Tintin Le 25 novembre 2023 à 22:49:01
Et le Gard...il pue ? Il n'est pas citer au début de votre article! Grosse erreur!
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Paggu Le 25 novembre 2023 à 22:05:06
Les vignerons de l'Ardèche non cités étaient présents aussi.
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