lissée ce mercredi 9 octobre par la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, la mise en place effective de la transformation des Prêts Garantis par l’État (PGE) en prêts bonifiés à 2,5 % est une première bonne nouvelle pour les trésoreries vigneronnes cet automne. L’outil étant attendu depuis un certain temps : « cela arrive 18 mois après les premiers échanges, mais mieux vaut tard que jamais » salue Jean-Marie Fabre, le président des Vignerons Indépendants, qui souligne que depuis le 1er octobre le dispositif de rachat de PGE est à la main des deux réseaux bancaires l’ayant validé (Banque Populaire Caisse d’Épargne et Crédit Agricole alors que le réseau Crédit mutuel CIC propose un outil similaire (mais indépendant du dispositif d’État). « Tous les conseillers de ces réseaux bancaires peuvent mobiliser cette première bouffée d’oxygène : un allégement bancaire à 2,5 % pour reconsolider ses PGE sur des prêts à moyen et long terme » explique Jean-Marie Fabre.
Alors que le gouvernement évoque un prêt de trésorerie garanti par l’État pour les entreprises agricoles en crise (une piste ouverte par le premier ministre Jean-Michel Barnier ce vendredi 4 octobre lors du salon de l’élevage), le président des Vignerons Indépendants prévient que peu d’exploitations viticoles pourront accéder à cette ligne supplémentaire de trésorerie : « l’outil est intéressant, mais le bémol est que la très grosse majorité des vignerons ont des niveaux d’encours bancaires au maximum (comme ls investissent beaucoup de la production à la commercialisation). Les entreprises vigneronnes sont au taquet des encours bancaires. »
Consolidation bancaire
D’où la défense d’un autre outil : un dispositif de consolidation bancaire dont les coûts de seraient atténués par la prise en charge par l’État des garanties (qui sont contractées sinon sur les marchés extérieurs). Une prise en charge des garanties par la BPI qui n’est pas inédite pointe Jean-Marie Fabre, citant le pacte de consolidation et de refinancement des exploitations agricoles mis en place en 2016 (grandes cultures et élevage). Un outil qui devait « garantir à tous les agriculteurs des solutions de refinancement. Il s’agit d’un pacte, car chacun devra prendre sa part de responsabilité et accompagner à son échelle l’agriculture française » annonçait il y a huit ans, le 4 octobre 2016, le premier ministre d’alors, Manuel Valls.
Si les finances publiques actuelles imposent un resserrement des budgets, Jean-Marie Fabre pointe que « la dépense pour l’Etat sera faible, l’argent étant seulement bloqué, son utilisation étant conditionné au défaut de l’entreprise. Le coût induit est faible pour maintenir et conforter des entreprises dont on connait l’apport pour les caisses de l’État (6,5 milliards d’euros de recettes fiscales, chiffre d’affaires de 92 milliards d’euros…). » En somme, c’est un pari gagnant, évitant de perdre des pans entiers de la filière, ce qui aurait des impacts économiques bien plus forts pour la Nation. « Le gain est quasi assuré comme on dit en bourse. Comme si en mettant 1 € on peut continuer à gagner 3 € » plaide le vigneron de Fitou (Aude).