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"Pour préserver la trésorerie du vignoble, il faut reconsolider la dette bancaire"
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Jérôme Despey
"Pour préserver la trésorerie du vignoble, il faut reconsolider la dette bancaire"

Les annonces d’aides à la trésorerie ne suffisent pas à la filière vin, qui veut des précisions sur les garanties apportées par l’État dans le rééchelonnement de la dette 2024 ou de nouveaux prêts bonifiés.
Par Alexandre Abellan Le 07 mars 2024
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'On ne pourra plus piloter la filière vin à coup de millions d’euros d’aides comme on le fait ces dernières années' prévient Jérôme Despey (à gauche). - crédit photo : Alexandre Abellan (archives Sitevi 2023)
A

lors que le vignoble voit sa situation économique s’aggraver à grande vitesse, des opérateurs ne sachant plus comment tenir ni même vivre, il n’y a pas trente-six solutions pour Jérôme Despey, le président du conseil spécialisé vin de FranceAgriMer : « on sait que pour préserver la trésorerie du vignoble, il faut reconsolider la dette bancaire ». Après un salon de l’Agriculture sous tension et une succession d’annonces de l’exécutif (voir encadré pour les prix planchers), le premier vice-président de la FNSEA attend « du concret » sur les deux dispositifs bancaires annoncés ce 27 février par les ministres de l’Économie, Bruno Le Maire, et de l’Agriculture, Marc Fesneau. Soit un différé de paiement et un rééchelonnement jusqu’à 36 mois de la dette 2024 et de nouveaux prêts bonifiés à l’investissement, avec des taux allant de 0 à 2,5 %, dans les deux cas pour les domaines en difficulté financière (selon le recensement en cours auprès de chaque préfecture).

Il faut des précisions dans les 15 jours

Après les annonces, la filière vin attend des précisions sur la mise en œuvre de ce plan d’urgence pour les trésoreries. « Il faut un éclaircissement du ministre de l’Économie et du ministre de l’Agriculture » pose Jérôme Despey, pour qui « la vraie question pour les structures en difficulté est de savoir s’il y aura une garantie ou pas de l’État ». Cette question pouvant être bloquante, « comme on l’a vu sur la transformation en prêts bonifiés des Prêts Garantis par l’État (PGE) » regrette Jérôme Despey. Pour le viticulteur languedocien, « la question est de savoir si les banques suivront avec ou sans garantie de l’État. Un outil de consolidation à taux avantageux est utile et intéressant, mais à condition que les banques puissent y aller sans pouvoir être accusées de ne pas faire la preuve de la capacité de solidité financière. Il faut des précisions dans les 15 jours. » Le président de la République, Emmanuel Macron, ayant donné rendez-vous à tous les syndicats et filières agricoles trois semaines après l’ouverture du salon de l’Agriculture (ce samedi 24 février).

Faut pas rêver

Alors que le désespoir grandit dans le vignoble, Jérôme Despey ne veut pas le bercer de trop grandes illusions : « penser qu’il y aura un effacement de la dette, que l’on va raser gratis, ce serait mentir aux viticulteurs » prévient-il, ajoutant qu’« il faut être clair. Nous devons consolider l’économie de 2024 et aller vers des mesures plus structurelles. Ce que nous permet le plan de filière avec sa segmentation, la conquête de parts de marchés, ne plus stigmatiser l’alcool… On ne pourra plus piloter la filière vin à coup de millions d’euros d’aides comme on le fait ces dernières années. »

Actuellement, le vignoble bénéficie d’un fonds d’urgence opérationnel (avec de premiers paiements réalisés) et de la conclusion de la distillation de crise (avec sa troisième tranche). Sont portées actuellement des demandes de mesures de stockage privé au niveau européen, des demandes d’aide aval pour soutenir les outils de la filière, le déploiement d’un arrachage temporaire et une aide aux effets induits de la recalibration du vignoble

 

"Notre crainte est qu’un prix plancher ne devienne un prix plafond"

Autre annonce du salon de l’Agriculture, la mise en place de prix plancher généralisés doit être précisée pour Jérôme Despey : « il faut des éléments d’explication. On ne comprend pas trop derrière ce prix plancher/minimum comment cela va se mettre en place dans un marché mondial où il n’y a plus de prix administrés. La FNSEA a toujours dit qu’il faut trouver un mécanisme permettant de ne pas vendre en dessous du prix revient. Par la construction en avant du prix. La loi Egalim a été orientée sur le secteur de l’élevage. La viticulture a fait des choix différents (en ne définissant pas d’indicateurs économiques dans les bassins de production). Il faut affiner la notion d’indicateurs, qui était vague dans la précédente loi Egalim. Nous demandons des indicateurs interprofessionnels. Il y une hétérogénéité forte par la segmentation dans chaque bassin. Notre crainte est qu’un prix plancher ne devienne un prix plafond. Pour le vin en vrac, on parle toujours de prix moyens AOP/IGP, mais ça ne veut rien dire selon la qualité des produits. Le prix moyen a déjà tendance à figer le prix de marché. Je ne veux pas que le prix de plancher nous amène à un prix plafond. »



 

 

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Tous les commentaires (5)
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Renaud Le 12 mars 2024 à 13:06:06
Reconsolider des emprunts à 1% avec des taux actuels à 5% ?. La FNSEA est incompétente ou au minimum en retard d'un métro
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VignerondeRions Le 12 mars 2024 à 08:25:24
Reconsolider permettra de passer l'orage mais doit aussi s'inscrire dans le temps long, quid des perspectives à moyen et long terme. Tant que la filière ne veut pas avoir une analyse franche sur la rentabilité des exploitations et des filières (AOC, etc...) c'est un bandage sur une jambe de bois. Ça fait 18 mois que nous avons mis en évidence pour des milliers d'hectares une vente chronique à perte (depuis les années 2000), et ça fait 18 mois que personne ne veut se mettre autour de la table. Ils pensent naïvement que quand le voisin aura coulé ça ira mieux pour ceux qui restent. Malheureusement Thomas explique bien le problème, on ne peut pas baser le modèle sur du bénévolat d'une partie de la famille (?) Le monde a changé, les entreprises qui doivent être reprise (50% d'ici 5/10 ans) ne le seront uniquement si elles répondent aux critères de rentabilité de n'importe quelle entreprise. Il n'y a plus d'exception Agricole (parce que même si tu aimes ton travail, tu ne tolères plus, les Banques non plus, de payer pour le faire). Ne pas en tenir compte, est de l'inconscience, et le suicide de notre filière viticole. C'est dommage, il suffirait juste de travailler un peu.
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augustin Le 07 mars 2024 à 17:28:37
bien vu thomas Le cer est effe effectivement complice en considérant la main d oeuvre familiale non rémunérée comme base du système . Les prix de revient n intègrent pas la main d oeuvre , incroyable mais vrai !!! pêche chasse verger fruitier poulailler clapier nous voici revenus 80 ans en arrière sur le plan de l économie rurale , en pleine Occupation. Le tout constituant bien entendu un manque gagner tres significatif pour la msa qui bien ne perçoit rien sur cet invisible et concentré donc ses efforts pour se focaliser sur le malheureux visible : po pp échéancier et ultimement huissier puis contraintes et garanties sur le foncier ... il est vrai que la msa ne peut pas éternellement être la banque des vitis ! remettons le système bancaire autour de la table !
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Thomas Le 07 mars 2024 à 15:31:56
Dans le Bordelais, un indicateur existe depuis longtemps puisque la chambre d agriculture avec son document référent sur les coûts de production, calcule ces valeurs. Avec 3 ou 4 parcours et modes de cultures différents. Si l on prend une moyenne autour 5000pieds hectares, on arrive a 1800? le tonneau! Ce calcul est obtenu en ajoutant le coût des intrants divers, fils de fer, piquets, main d oeuvre etc à la vigne et au chai. Elles sont donc vraies pour tous. Pourquoi arrive t on a cette valeur et non pas aux 1300? du tonneau qu on entend ci et là comme étant une valeur correcte pour que le vigneron survive, de parole de nombreux vignerons par ailleurs? Eh bien, parce que l étude de la chambre ne prend pas en compte papa qui passe ses journées su r le tracteur, maman qui fait les factures et les 70 heures par semaines ( soit 35 heures "gratuites") faites par le viticulteur! Et dans les 1300? il n y sûrement pas le remplacement du matériel... Et pour ce qui est du prix plancher je crois que ceux qui agitent le prix plafond comme un chiffon rouge sont en réalité contre la mesure de prix plancher... Pour quelles raisons? La dérégulation leur convient sûrement... Eh bien pas a moi!
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augustin Le 07 mars 2024 à 14:32:07
nous y voici enfin une fois encore et sans sombrer dans le complotisme les banques ont fait peu ou prou la même analyse : les actifs des scea ne valent plus rien... par contre si ces sci partent en lj les banques peuvent immédiatement mettre en cause leurs associés ( cumul d un article 1858 du code civil emascule par un arrêt de la cour de cass de 2020 ) ... Pourquoi diantre les banques ne se rueraient elles pas sur vcette porte de sortie ??? eh bien pparemment c est exactement ce qu elles font et il est temps de légiférer pour renforcer le 1858 ! à défaut blood sweat and tears des ce printemps pour les sc en lj puis très vite leurs associés...
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