’entrevue était chronométrée. « On a un quart d’heure », avertit une conseillère du ministre de l’Agriculture après les politesses d’usage. Ce 29 février, vers 12h10, Marc Fesneau a fait un arrêt express au pavillon des vins au salon de l’Agriculture à Paris pour une énième rencontre avec les représentants de la filière en ces temps de crise.
« Nous avons des sujets fonds d’urgence, Egalim, étiquetage, simplification… », a énuméré Bernard Farges, le président du Comité National des Interprofessions de Vins à Appellation d'Origine et à Indication Géographique (CNIV) en guise d’introduction. Puis Jérôme Despey, le président du conseil spécialisé vin de FranceAgriMer est entré dans le vif du premier sujet et la presse a dû s’éclipser.
« Actuellement, seules les sociétés détenues à 50 % par un exploitant sont éligibles à l’aide d’urgence. Nous demandons l’application de la même règle que pour le bénéfice des aides PAC [au moins un associé doit être agriculteur actif, NDLR], a expliqué, par la suite, Jérôme Despey. Nous demandons aussi que les entreprises en observation soient éligibles au fond d’urgence. Pour l’instant elles en sont exclues, contrairement aux exploitations en redressement ou en sauvegarde. »
Bien d’autres sujets ont été abordés. Concernant l’étiquetage, les Fraudes ont fait circuler une note stipulant qu’elles exigent que le QR-code nutritionnel soit clairement nommé "Ingrédients et nutrition". Pour la filière, il n’en est pas question. « On nous parle d’un choc de simplification. Donc on veut que les choses soient les plus simples possible. On ne veut pas de l’obligation de mettre ingrédients et nutrition pour chaque pays, dans chaque langue, martèle Bernard Farges. Le ministre nous a dit qu’il essaierai de peser de son poids. »
Les deux responsables demandent également l’ouverture d’une aide au stockage privé et d’une aide aval, mais sans avoir encore évalué les montants qui seraient nécessaires. Autre sujet remis sur le tapis : celui l’arrachage définitif. Ce jeudi, il est apparu sous la nouvelle terminologie, moins brutale, d’arrachage avec perte de potentiel plus diversification. Aucune avancée sur le sujet. Les négociations à Bruxelles continuent pour que l’Etat français puisse débloquer les 150 millions d’euros annoncés le 31 janvier.
Enfin, Jérôme Despey et Bernard Farges demandent à l’Etat « d’accompagner les effets induits de la recalibration du vignoble ». Les arrachages auront des répercussions sur les coopératives et les pépiniéristes. Pour les premières, il est question de débloquer des aides à la restructuration ou à la fusion. Pour les seconds, il s’agit d’accorder l’aide à l’arrachage des vignes-mères et de rendre éligible à l’aide à la restructuration les replantations avec changement de porte-greffe. « Pour s’adapter au changement climatique la demande en porte-greffe 3309 ou Riparia va diminuer au profit du SO4 ou du Paulsen. La pépinière est à la base de notre filière. Il faut la soutenir », plaide Bernard Farges.