nnoncé ce samedi 24 février au salon de l’Agriculture par le président de la République, Emmanuel Macron, le plan d’urgence pour les trésoreries agricoles vient d’être précisé ce mardi 27 février par le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, après une rencontre avec le secteur bancaire français à la porte de Versailles. « Il y a un sujet de trésorerie que nous devons régler dans les semaines qui viennent pour soulager les exploitations agricoles françaises » pose en conférence de presse le ministre de l'Économie confirmant l’ouverture « dans les heures qui viennent » d’un recensement par les conseillers départements en préfecture des difficultés de trésorerie des exploitations agricoles. Ce recensement permettra d’accéder à des aides spécifiques : « les entreprises en difficulté seront définies par le conseiller départemental qui va faire le recensement » indique Bruno Le Maire, ajoutant qu’il revient « à l’exploitant qui a difficulté de trésorerie de se signaler auprès du conseiller départemental qui se trouve dans chaque préfecture, qui est à disposition des exploitants agricoles. »
Ce préalable permet d’accéder aux « solutions immédiates à apporter aux entreprises les plus en difficulté » poursuit Bruno Le Maire, qui dévoile un premier outil : « la possibilité pour ces exploitations agricoles en difficulté d’avoir un différé de paiement d’un an de leur dette bancaire, puis un rééchelonnement jusqu’à 36 mois de cette dette bancaire. Ce sera évidemment un soulagement très important pour les entreprises agricoles les plus en difficulté. » Soit « un an de différé du remboursement puis trois années de rééchelonnement » résume le ministre, rappelant que cet outil sera réservé « à toutes les exploitations agricoles en grande difficulté ». Les frais de ce rééchelonnement seront pris en charge par les banquiers précise le ministre.


En accord avec la Fédération Bancaire Française (FBF), Bruno Le Maire annonce un deuxième outil : « un prêt à taux préférentiel compris entre 0 et 2,5 % en fonction de la situation des exploitations [qui sera] proposé par toutes les banques françaises aux exploitations agricoles en très grande difficulté. » La variabilité de ce taux laissant la place aux politiques commerciales de chaque banque, pour éviter toute entente. Interpelé sur le risque d’une spirale de surendettement, Marc Fesneau, le ministre de l’Agriculture, précise que l’« on voit beaucoup de sujets conjoncturels liés à des aléas climatiques, à un moment d’investissement, d’installation, de modernisation de l’outil et de l’appareil de production… Il y a sans doute des situations difficiles. Mais cette idée de rééchelonnement ou d’une année où l’on passe par-dessus ça se regarde dans la viabilité d’une exploitation ».
Le ministre ajoutant qu’« il y a des filières structurellement et conjoncturellement en difficulté, je pense à la viticulture, il y a des mesures prises par l’état en complément » comme le fonds d’urgence de 80 millions d’euros pour le vignoble, mais soumis au plafond des minimis (20 000 € sur trois ans). Lors de sa participation ce lundi 26 février au conseil des ministres européens de l’Agriculture à Bruxelles, Marc Fesneau a demandé « comme plusieurs de ses collègues, en faveur d’un rehaussement du plafond des aides de minimis agricoles » indique le ministère de l’Agriculture.


Quant à l’outil de transformation des Prêts Garantis par l’État (PGE) en prêts bonifiés pour les caves particulières et coopératives, les banques semblent rester sur la réserve. « La transformation des PGE en prêts bonifiés est actuellement à l’étude au sein des Banques Populaires » indique par exemple le groupe BPCE à Vitisphere. Président du directoire de BPCE, Nicolas Namias intervenait lors de la conférence de presse comme président de la FBF : « les 350 000 banquiers de France sont là pour être utiles à tous leurs clients à tous leurs moments », dont les difficultés que « nous connaissons aujourd’hui avec le secteur de l’agriculture ». Se faisant le chantre du « dialogue personnalisé avec les clients, agence par agence », Nicolas Namias saisit une autre annonce de Bruno Le Maire : l’avancement à mai de l’ouverture des prêts garantis de 2 milliards € pour les investissements agricoles. Pour le président de la FBF, il s’agit de « préparer l’avenir » de la filière agricole. Président du Crédit Agricole, Dominique Lefebvre renchérit « le nombre d’entreprises en difficulté est limité au total. Il n’est certainement pas volumineux. L’agriculture française se développe, elles n’est pas structurellement en difficulté » et d’annoncer qu’« il n’y aura pas de contingent. Nous ferons face à toutes les situations. » Ce que confirme Marc Fesneau : « l’agriculture française est plutôt solide mais traverse un moment difficile ».
De prochains rendez-vous doivent désormais être pris avec les assureurs, du moins au retour de Bruno Le Maire du G20 Finances (28-29 février au Brésil).