’est une question à la nouvelle ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, qui brûle les lèvres de la filière vin : « connaître vos orientations et, surtout, les mesures concrètes et durables que vous comptez prendre pour soutenir nos vignerons ». Posée ce mercredi 9 octobre par le député Jean-François Portarrieu (Haute-Garonne, Horizons), cette interrogation permet à Annie Genevard d’annoncer qu’« il ne faudra pas s’en tenir à l’arrachage, qui est tout de même une forme d’échec, mais penser l’avenir. Or penser l’avenir, c’est prêter attention aux propositions de la filière, notamment au plan de consolidation. J’y suis particulièrement attentive et je travaillerai vigoureusement à ses côtés. »
Concrètement, l’ancienne députée du Doubs (Les Républicains) rappelle que si « le plan d’arrachage définitif, qui n’est pas une proposition de l’État, mais de la filière elle-même, vient d’être validé par Bruxelles, ce qui est une bonne nouvelle » le gouvernement va « remonter au créneau, s’agissant du plan d’arrachage temporaire ». Co-président de l'Association nationale des élus de la vigne et du vin (ANEV), le député François Portarrieu pointe que « la faiblesse des récoltes fait planer de grandes incertitudes sur la trésorerie de nombreuses exploitations. Un étalement des encours bancaires semble constituer une première mesure d’urgence pour une filière qui emploie 440 000 personnes et génère 6,5 milliards d’euros de recettes fiscales. »


Pour la consolidation des finances vitivinicoles, « nous allons créer des prêts bonifiés pour faire face au remboursement du prêt garanti par l’État (PGE), et certainement des prêts garantis pour pallier les problèmes de trésorerie » annonce Annie Genevard, reprenant ainsi les annonces du premier ministre, Michel Barnier lors du salon de l'élevage ce 4 octobre. La filière vin demande pour sa part une consolidation bancaire, comme évoqué lors d’échanges ce mercredi 2 octobre. Président des Vignerons Indépendants, Jean-Marie Fabre avait alors demandé « un pacte de consolidation [des entreprises viticoles] par l’État avec la fédération des banques » pour « un effort des banques sur les taux des prêts de consolidation et de restructuration de l’endettement » et que l’« État se substitue sur les garanties de prêts, pour réassurer le risque du rachat de la consolidation bancaire » sachant que l’« engagement financier sera nul » si les encours étalés sont dûment remboursés.
Constats et perspectives
Plus globalement, la ministre Annie Genevard reconnait que les « difficultés » de la filière des vins français qui sont « à la fois conjoncturelles (le changement climatique ou les mesures prises par la Chine contre la filière des cognacs et brandys) et structurelles (ses positionnements de marché n’ont pas toujours été optimaux, certains produits n’ont pas trouvé leurs débouchés, elle est confrontée à un phénomène sociétal de déconsommation – de vin rouge notamment) ». Voulant voir le verre à moitié plein, François Portarrieu note que « bien que la situation soit vraiment préoccupante pour la filière, la grande majorité des vignerons ne se résigne pas pour autant. Heureusement, puisque leur passion de la vigne et du vin contribue à notre économie à hauteur de 92 milliards d’euros. Leur engagement pèse encore près de 16 milliards d’euros sur la balance commerciale, malgré de nombreux freins à l’export, comme les menaces de surtaxe » en Chine.
« Les vendanges sont terminées dans les vignobles français, mais elles n’ont pas rassuré le secteur viticole » constate également le député François Portarrieu, demandant « l’indispensable évolution du système d’assurance, actuellement basé sur la moyenne olympique : il est évident que cet indicateur ne correspond plus à la réalité de récoltes bouleversées par le réchauffement climatique. » Une interpellation qui n’a pas été relevée par la ministre lors de son temps de réponse limité.