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Allante, la ministre doit devenir aidante pour sauver la filière vin
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Allante, la ministre doit devenir aidante pour sauver la filière vin

Rencontre au sommet de la crise viticole pour Annie Genevard qui s’est montrée à l’écoute des besoins urgents de trésorerie, d’arrachage, d’innovation…
Par Alexandre Abellan Le 03 octobre 2024
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Allante, la ministre doit devenir aidante pour sauver la filière vin
Le plan et les demandes de filière ont été remis ce 2 octobre à la ministre, Annie Genevard. - crédit photo : DR
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ne filière au ministère. Ce mercredi deux octobre, les représentants des vins français présentaient à la nouvelle ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, leur plan stratégique et leurs besoins de soutiens politiques aussi urgents que consistants. « L’enjeu aujourd’hui est la survie d’une filière contributrice nette à la balance commerciale française d’une part et à sa dimension culturelle d’autre part » résume un communiqué commun*. Pendant deux heures, les représentants de la filière ont alerté la nouvelle locataire de la rue de Varenne sur les leviers à actionner pour redonner de l’oxygène à une industrie malmenée depuis des années par les crises géopolitiques, sanitaires, climatiques, économiques…

Au nom de la Fédération des Exportateurs de Vins & Spiritueux de France (FEVS), la négociante charentaise Patricia Gaboriau a alerté sur les conflits commerciaux menaçant la filière. À commencer par l’enquête antidumping chinoise visant les cognacs et armagnacs en mesure de rétorsion aux taxes européennes ciblant les voitures électriques venues de Chine. La filière demande au gouvernement français de retarder le vote de la Commission européenne sur la taxation des batteries électriques pour négocier, et éviter, tous droits de douane néfastes aux eaux-de-vie de vin. « La ministre en fera un sujet prioritaire pour éviter un préjudice commercial très impactant pour la filière des spiritueux » rapporte Jérôme Despey, tout juste réélu président du conseil spécialisé vin de FranceAgriMer (l’arrêté de promulgation doit encore être publié).

Déduction du potentiel viticole

Portant le sujet de l’arrachage avec Gérard Bancillon, président de Vin IGP, Jérôme Despey note que la filière attend toujours le retour de la Commission européenne sur la notification des autorités françaises débloquant 120 millions d’euros pour arracher définitivement 30 000 hectares à 4 000 €/ha : la validation de Bruxelles serait imminente. Avec une enveloppe pouvant théoriquement être portée à 150 millions € de prime à l’arrachage (et donc 37 500 ha), mais de grosses incertitudes pesant sur les futures demandes d’arrachage définitif (du plancher de 15 400 ha potentiellement intéressés selon un sondage récent au plafond de 100 000 ha de vignes excédentaires évoquées depuis l’an dernier par les représentants de la filière vin), les représentants du vignoble sont prudents : en cas de demandes supérieures à l’enveloppe, ils souhaitent qu’il n’y ait pas de stabilisateur et que toutes les demandes soient honorées.

Ne s’avançant pas sur le sujet, la ministre a rappelé les contraintes budgétaires avant d’appeler à étudier le bilan du futur appel à candidature. Regrettant que le dispositif d’arrachage temporaire ait été dissocié de celui définitif, Jérôme Despey a demandé à la ministre d’« obtenir d’ici la fin de l’année le dispositif d’arrachage temporaire de la part des autorités communautaires avec le groupe à haut niveau. C’est capital pour accompagner ceux qui veulent rester dans la filière, investir et replanter. Nous l’avons sentie très allante et motivée. » La question de la gestion des friches a également été porté auprès du ministère, par Jérôme Bauer, le président de la CNAOC.

Chasse aux trésoreries

Président des Vignerons Indépendants, Jean-Marie Fabre a porté la demande d’« un pacte de consolidation [des entreprises viticoles] mis sur la table par l’État avec la fédération des banques ». Ayant échangé avec les principales banques, le vigneron pointe un consensus entre filière et groupes bancaires : les opérateurs du vignoble ont besoin d’une consolidation durable des encours bancaires après l’important recours aux Prêts Garantis par l’État (PGE). « Nous demandons évidemment un effort des banques sur les taux des prêts de consolidation et de restructuration de l’endettement. Mais ces coûts de reconsolidation bancaire sont élevés par la prise de garantie sur les marchés extérieurs » souligne Jean-Marie Fabre, demande à ce que l’« État se substitue sur les garanties de prêts, pour réassurer le risque du rachat de la consolidation bancaire » sachant que l’« engagement financier sera nul » si les encours étalés sont dûment remboursés.

La réponse de la ministre à cette demande d’aide à la consolidation bancaire aurait été plutôt favorable, Annie Genevard indiquant avoir conscience que la consolidation bancaire des entreprises leur permet de faire face aux charges du quotidien, aux besoins d’investissement d’avenir… Et d’éviter des impasses économiques ayant un coût pour l’ensemble de la société poursuit Jean-Marie Fabre, qui salue l’écoute de la nouvelle ministre, en poste depuis 10 jours, et sa prise de conscience d’une crise nourrie d’« aléas multifactoriels » . Espérant que cela marque une ministre dans l’action rapide et pas dans l’analyse, alors que d’autres secteurs agricoles connaissent des difficultés de trésorerie (élevage et grandes cultures).

Changer la moyenne olympique

Autre point porté par Jean-Marie Fabre, l’adaptation du vignoble face au changement climatique pour atténuer ses multiples aléas (gel, grêle, sécheresse…). « Le coût de la prévention sera une économie d’échelle forte pour l’État n’intervenant plus autant » plaide Jean-Marie Fabre, qui appelle également à un renforcement du dispositif assurantiel : « nous demandons d’aller vite sur la référence historique. Tous les engagements financiers seront annihilés si l’on n’a pas la capacité de changer la moyenne olympique. » Un sujet de résilience climatique qu’Annie Genevard emporte avec elle pour le prochain conseil européen des ministres de l’Agriculture.

Autre point conjoncturel, la nécessaire restructuration des caves coopératives par rapprochement et fusion avec un plan. « Le programme d’arrachage national aura un impact sur la viabilité de certaines caves coopératives. Il y a nécessité de mettre en place une restructuration régionale des coopératives » porte Stéphane Héraud, le président de l’Association Générale de la Production Viticole (AGPV), qui plaide pour « le financement d’étude d’accompagnement, le renforcement des bilans par des subventions sur fonds propres des cooperatives absorbantes, le financement de la fermeture de sites suite aux fusions ».

Aides de court-terme

Le viticulteur bordelais souligne que si « les coopératives viticoles sont un modèle résilient qui a permis de traverser les crises à rebondissement depuis cinq ans », elles « sont aussi fragilisées par la dureté de celle que nous traversons ». Ce qui nécessite des mesures d’aide à court-terme : aide au stockage privé (« comme post-covid » en 2020), une aide pour l’aval (« comme pour le gel de 2021 ») et une consolidation des encours bancaires (pour soutenir les trésoreries, dans la lignée du PGE, du fonds d’urgence viticole…). « Ces aides de court-terme ne seraient pas exclusives aux coopératives, toute la filière étant fragilisée » précise Stéphane Héraud.

Plan d’expériences

Sur le volet structurel, Bernard Farges, le président du CNIV, a déployé les quatre axes du plan stratégique de filière (à l’étude depuis 18 mois) avec les enjeux de réduction de la production, de segmentation et de développement export (appuyé par Michel Chapoutier, président de l’UMVIN), le développement de l’œnotourisme, le soutien de la promotion et la relance de la consommation (avec Samuel Montgermont, président de Vin & Société), et d’adaptations techniques s’appuyant sur l’innovation (avec Bernard Angelras, président de l’Institut Français de la Vigne et du Vin, IFV). Ce dernier point étant au cœur d’un précédent plan de filière sur l’adaptation au changement climatique présenté l’été 2021 au ministre d’alors, Julien Denormandie.

 

* : Soit la Confédération Nationale des producteurs de vins et eaux-de-vie de à Appellations d’Origine Contrôlées (CNAOC), la Coopération Agricole – Vignerons Coopérateurs (VCF), les Vignerons Indépendants de France, la Confédération des Vins IGP (VinIGP), la Fédération Nationale des Syndicats d'Exploitants Agricoles (FNSEA), le Comité National des Interprofessions des Vins à Appellation d'Origine et à Indication Géographique (CNIV) et l’Union des Maisons du Vin (UMVIN).

 

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Tous les commentaires (2)
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Renaud Le 04 octobre 2024 à 14:34:32
Très bien tout le monde y a été de sa ritournelle habituelle?.. n'ont ils pas vu que le monde a changé. Quid de la reflexion sur une OP en viticulture seul espace de discussion collective sur un prix minimum. Le problème n'est pas les aides pour palier à des symptômes. Il faut être plus prospectif et regarder plus loin. Tant que nous ne rassurerons pas les acteurs économiques tout le reste est de la soupe rallongée fade et incipide. Quid des friches poison environnemental ? Quid des liquidations ou le tonneau de Bdx peut être moins cher que le vin de table espagnol? Créons des filets de protections pour que le business puissent se faire dans l'esprit serein qui lui est nécessaire
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augustin Le 03 octobre 2024 à 06:34:10
Il est beaucoup question des demandes de la filiere .Les réponses quant à elles se font attendre : c etait le cas avant , c est le cas maintenant et ce sera le cas demain. Et ce d autant plus que l equipe precedente , notamment Marc Fesneau et Bruno Lemaire ont tellement joué la montre , avec la complicité de certains préfets et de certaines interprofessions , que la crise à pris hélas un caractère irréversible pour beaucoup de petits opérateurs, mais pas que pour ceux ci désormais. Les caisses de l État sont presque vides , et celui ci n à plus actuellement d effet de levier credible sur le système bancaire , compte tenu de sa propre gabegie .Donc tant que la filière ne fait pas l effort de son examen de conscience , du simple inventaire des procédures collectives en cours , du retour des synergies courtage négoce, de la meilleure solidarite entre petites et grandes propriétés , il ne se passera rien. La seule lumière vient de la contribution au commerce extrrieur qui reste stratégique , mais comment arriver en ordre dispersé pour faire un lobbying efficace alors que par exemple le trio de référence Dassault Thales Safran poussé ses volants engins de mort avec le succès que l on sait . Dans chacune de nos bouteilles , il y a pourtant une colombe de paix pour un dîner entre amis , une nuit entre amoureux et une réunion familiale entre générations. Chacun d entre nous doit désormais contacter son nouveau député de circonscription, son sénateur local, pour que les deux chambres soient sensibilisées au problème et que la loi de programmation agriculture 2024 , une fois largement enrichie de son pan viticole etendu , passe enfin a la réalité du terrain. La marge de manœuvre est devenue très étroite, les délais requis d intervention sont désormais très réduits et la mise en friche generalisee des vignes devient hélas un scénario possible... Une filiere en demande , un exécutif en alerte ,un pouvoir judiciaire saturé, il ne nous reste plus que le législatif : rien de nouveau depuis l'esprit des lois et Montesquieu , le philosophe vigneron ! Il s oppose en 1727 a l intendant bordelais Boucher ( le bien nommé ...) qui préconisait deja la réduction de la s.a.u ... puis publia courant 1758 "l esprit des lois " consacrant la séparation des 3 pouvoirs et leur nécessaire synergie. Urgent , ce retour aux sources :^) Les Vignobles de La Brède , un magnifique compagnon de route pour l austère Rafale de Merignac ? C est encore possible et c est maintenant !
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