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70 à 150 000 ha de vignes en trop en France ?
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Des chiffres qui font peur
70 à 150 000 ha de vignes en trop en France ?

Récemment, deux responsables professionnels ont avancé un chiffrage de la surface de vigne en excédent en France. Il y aurait au moins 70 000 ha en production ne répondant plus aux besoins des marchés.
Par Bertrand Collard/Christelle Stef Le 25 octobre 2023
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70 à 150 000 ha de vignes en trop en France ?
Bernard Farges, président du Cniv estime que 100 à 150 000 de vignes sont en danger si la profession ne travaille pas sur la recherche de nouveaux consommateurs et l'élaboration de nouveaux profils de produits. - crédit photo : Laurent Wangermez
«

 Peut-être qu’il y aura 100 000 ha de moins en France rapidement. Il y a besoin de le faire. Mais il restera 650 000 ha de vignes », a lancé Bernard Farges, le président du Comité National des Interprofessions des Vins à appellation d'origine et à indication géographique (CNIV) dans un discours prononcé ce 18 octobre, devant le congrès annuel de la fédération des pépiniéristes à Reims-Bezannes.

Un potentiel de production au dessus des capacités de commercialisation

Faudrait-il donc arracher 100 000 ha pour rééquilibrer l’offre et la demande ? « C’est un chiffre qui n’a rien de scientifique, nous a précisé Bernard Farges par la suite. C’est un ordre de grandeur qui est lié au contexte actuel. Si on ne fait rien, si on ne travaille pas sur de nouveaux profils de produits, sur la recherche de nouveaux consommateurs, c’est entre 100 et 150 000 ha de vignes qui sont en danger. En 2020, on a distillé. En 2021, on a eu une petite récolte et on distille à nouveau en 2023. Le potentiel de production du vignoble français est largement au-dessus des capacités de commercialisation. »

Quelques jours plus tôt, lors d’un déjeuner de presse organisé par Vin et Société, Samuel Montgermont, le président de l’association, a avancé qu’il y a 70 000 ha en trop en France. « C’est un chiffre à prendre avec précaution, qui peut faire peur, nous a-t-il indiqué par la suite. Cela correspond au volume trop important de vin sur le marché français. Il faut recalibrer le potentiel de production. Le marché évolue plus vite qu’on ne le pense. On a distillé deux fois en quatre ans. On ne peut pas continuer ».

Ces évaluations laissent perplexes les autres responsables professionnels. « Nous sommes dans l’incapacité totale de donner un chiffre. 100 000 ha, ça me paraît ambitieux et exagéré », indique Jérôme Bauer, le président de la Confédération Nationale des producteurs de vins et eaux de vie de vin à Appellations d'Origine Contrôlées (CNAOC). Pas d’évaluation non plus chez VinIGP. « 15 à 20 % du marché des vins rouges est planté, observe Gérard Bancillon, le président de la confédération des producteurs d’IGP. Mais il faudrait corréler cela aux rendements dans chaque région pour arriver à un chiffrage. »

« Je n’ai pas connaissance d’un recensement du nombre d’hectare en excédant par bassin, indique pour sa part, Jérôme Despey, le président du conseil des vins de FranceAgriMer. Il n’y a pas l’ombre d’une demande pour évaluer le nombre d’hectares à éliminer par rapport à la situation actuelle du marché. »

La restructuration différée, La solution ?

Et pour cause : établir un tel bilan laisserait penser qu’il s’en suivrait une demande de plan d’arrachage définitif assorti d’une prime d’abandon comme ce fut le cas en 2008/2009. Or la règlementation européenne ne le permet plus et aucun responsable professionnel ne semble vouloir d’un tel plan ou imaginer qu’il serait réalisable. « Il n’existera pas de prime de 6 000 €/ha pour arracher 70 000 ha. Il ne faut pas traiter la solution par l’arrachage définitif comme par le passé », assène Samuel Montgermont.

Alors comment ? Avec la restructuration différée. L’idée est dans l’air depuis quelque temps. Elle revient sous une nouvelle forme. « Il s’agirait de lancer un appel à projet pour de l’arrachage sanitaire, pour éviter que des vignes soient tout simplement abandonnées, explique Jérôme Despey. Les candidats seraient aidés à hauteur de 50 % du coût de l’arrachage, soit environ 2 400 €/ha. Cette aide serait déliée de l’aide à la restructuration. Les bénéficiaires garderaient leur droit de plantation pendant 5 ans au bout desquels ils les perdraient s’ils ne replantaient pas. »

Le 25 octobre Ludovic Roux, président de Coop de France Occitanie s’envolait pour Bruxelles pour aller défendre cette idée avec le Copa-Cogeca devant la Commission européenne. « Nos collègues italiens et espagnols soutiennent ce projet, dit-il. On ne peut pas laisser les gens dans la difficulté. Il faut trouver des solutions. » Dans le meilleur des cas, cette mesure pourrait voir le jour pour la prochaine campagne.

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Tous les commentaires (15)
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Byron Le 30 octobre 2023 à 00:04:30
Le diagnostic de J.Henry DAVENCE est implacable, et parfaitement juste. Seules les IGP produisant à bas prix pour un certain marché, et les vignerons ayant fait le choix de la qualité et de l'identité s'en sortent. La deuxième option est le seul avenir possible pour la filière française car les humains ne boiront pas plus à l'avenir. Même des "no/low". Et les IGP connaitront le même destin lorsque nos marchés à l'export constateront qu'un Pays d'Oc n'est pas meilleur qu'un vin du Chili ou d'Australie trois fois moins cher. Par contre, vous êtes tous drôles à taper sur Farges et les autres dirigeants. Mais ces gens sont élus par les viticulteurs que vous êtes et qui n'ont pas plus que leurs dirigeants une vision stratégique à long terme. Ceux qui ont lancé les alertes par le passé sont cornerisés, et vous préférez réélire les mêmes qui vous ont menés dans le mur parce que produire toujours plus, ça vous allait tous très bien. Alors "dansez maintenant". Ou posez-vous les bonnes questions et engagez-vous, plutôt que de taper à bras-raccourcis sur les dirigeants que vous vous êtes choisis. Mais on constate que c'est souvent bien plus facile de se décharger sur ces gens, imparfaits s'il en est, mais qui eux, au moins, s'engagent (le plus souvent bénévolement).
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VIG-MIC Le 27 octobre 2023 à 21:06:19
@Dumas, je commence à avoir une indigestion d'amandes!
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Stéphane Le 27 octobre 2023 à 17:16:09
Il faudrait plutôt dire: Des capacités de commercialisation en dessous du potentiel de production...
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FD Le 27 octobre 2023 à 14:29:01
Il y a 30 ans la France, surtout le Languedoc, a déjà arraché 100 000 ha et cela n'a rien changé !! A part de laisser la place aux autres vignobles qui ont su s'adapter. Arrêtons de ne vouloir répondre qu'à quelques segments de marché alors qu'il y a tant à faire ...
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J.Henry DAVENCE Le 26 octobre 2023 à 17:24:58
@Dumas, merci nous avons tous compris l'intérêt que vous portez au remplacement de la culture de la vigne par la culture de l'amande industrielle... Essayez de nous proposer autre chose. Je n'ai vu aucun languedocien s'extasier devant cette proposition!
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Dumas Le 26 octobre 2023 à 10:41:03
Vous marchez sur la tête! TOUS! Quelles sont ces analyses, ses mesures, ses impossibilités invoquées à cause de l'Europe ou des indemnisations impossibles à assurer? Personne ici n'évoque un marché porteur, économiquement viable en remplacement des vignobles arrachés : "La culture industrielle de l'AMANDE ", qui produirait un chiffre d'affaires largement supérieur à celui dégagé aujourd'hui par des vignobles atones générant un produit (le vin rouge tranquille) que le marché n'absorbe plus. La question Politique porte sur la volonté des pouvoirs publics d'accompagner durant 5 à 6 ans cette mutation qui coupera les revenus viticoles avant la première production et la mise en marché. Pourquoi n'avoir pas pour objectif d'être n°1 Européen d'une production d'Amandes de qualité exceptionnelle , biologique, générée par une irrigation pilotée, rationnalisée, réorganisée à partir d'une volonté politique affirmée, pilotée , débarassée des contraintes administratives superflues et paralysantes. Cette solution sortirait la filière du trour noir dans lequel la maintient ceux qui n'ont comme seule vision que la vigne.
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CRCB Le 26 octobre 2023 à 10:15:17
Bonjour voilà le résultat de faire de la politique avant de faire du vrai syndicalisme pour les exploitants et non pour les caves et le négoce.....on ne peut pas tout mélanger. Résultat des vignes arrachées, des exploitants en dépôts de bilan et des bons terroirs qui s'en vont....quel désastre
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DARIUS Le 26 octobre 2023 à 09:11:36
Ce que dit Bernard Farges est la dure réalité. On ne peut pas espérer rémunérer correctement les viticulteurs tant que la production ne sera pas réajustée à la taille du marché. Car il y aura toujours quelqu'un pour brader et tirer les prix vers le bas. Remplacer Farges? Par qui? Plus personne ne veut s'occuper des syndicats viticoles! En tout cas plus personne de capable. La seule chose que je lui reproche: avoir donné une image industrielle au vin de Bordeaux en privilégiant les vins de marque alors que le consommateur veut des vins artisanaux d'où le succès de la Bourgogne. Il faut redonner une image artisanale aux vins de Bordeaux.
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J.Henry DAVENCE Le 26 octobre 2023 à 07:19:31
Tous ces professionnels, Bauer, Farges, Despey, Montgermont...etc, siègent dans toutes les instances gérant la filière. France Agrimer, pour les plantations et les aides, l'INAO pour les cahiers des charges des IG. Tous ces "professionnels" chuchotent à l'oreille de nos administrations et de nos élus pour certains depuis plus de 20 ans. Il y a encore peu de temps (moins de 3 ans) nombre d'entre eux ont voté pour des politiques libérales augmentant les capacités de production, créant des outils économiques en détournant les règles agronomiques pour faire produire la vigne comme une céréale et donc générer le même type de marché que pour les céréales ou autre production agricole. Quand on est un producteur français, baser ses politiques de développement sur la loi du marché, le développement par le volume et les prix bas : c'est suicidaire, la preuve par l'exemple est ainsi démontrée. Aujourd'hui, seuls s'en sortent, les IG ou les vignerons qui ont fait le choix de l'identité et de la qualité. Certains ont souhaité transformer la viticulture en industrie du vin, ... nous allons donc assister à la désindustrialisation de notre filière, avec malheureusement son lot de drames humains et économiques.
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Bruno Le 26 octobre 2023 à 02:15:38
Il est indispensable qu?une nouvelle génération de leaders émergent pour remplacer ces responsables qui ont conduit içi et là la filière dans l?impasse. A charge aussi coté exploitant de savour faire le ménage dans des pratiques culturales qui ne respectent pas la règlementation : pratiques individuelles de la maximisation qui conduisent tot ou tard à l?impasse. Règle économique qui se rappelle à tous. Nous y sommes avec besoin de mesures radicales pour sortir de l?impasse. Sans une reflection plus moyen/long terme, la court termiste solution radicale de l?arrachage risquerait d?être une rustine sans effet.
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Olivier Metzinger Le 25 octobre 2023 à 22:22:11
Le prévisionnel des ventes à Bx c'est 3.6MHl en 2024, 3.5 en 2025 et 3Mhl en 2030 avec les rendements moyen actuel c'est 66.000 Ha maximum en 2030... (Source FGVB) Il y en a 108.000, le compte est vite fait rien qu'à Bordeaux. Ça fait quand même quelques années que nous aurions pu nous organiser, anticiper, accompagner. Nos super représentant n'ont semble t il pas la même approche de la réalité que la base.
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le vigneron énervé Le 25 octobre 2023 à 21:43:31
20 ans de pouvoir à Bordeaux ! Et Bordeaux sera le premier contributeur à l'arrachage. Merci Monsieur. Nous vous devons notre défaite et nos faillites. Et malheureusement, ce monsieur minimise encore la situation. C'est sûrement 2 à 3 fois plus qu'il va falloir arracher.
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Pierro Le 25 octobre 2023 à 21:42:59
Un jour pyromanes, un jour pompiers... Chapeau bas les gas ! ... on adore ce que vous faites et on a hâte de vous voir continuer à oeuvrer pour l'intérêt collectif ! MERCI ENCORE
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Renaud Le 25 octobre 2023 à 21:34:55
2400?/ ha. Soit à peine plus que le prix de l?arrachage. Humour ou insulte ? Quant à la question de M Despey sur un diagnostic pour une cohérence territoriale qui ne serait pas demandé. Cela fait un an qu?à Bordeaux le collectif des viticulteurs le demande. C?est l?élément indispensable à toute action d?une telle grandeur. Il y a un grand plan d?aménagement à gérer. Il va falloir bcp de compétences autour de la table?? et de volonté
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Rico del Prado Le 25 octobre 2023 à 19:55:19
20 ans aux manettes...mais qu avez vous fait pendant toutes ces années, vous êtes pathétiques. C'est à cause de personnes comme vous que la viticulture est dans une impasse...vous n'avez rien anticipé...
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