roit dans ses bottes, le postulat du Mouvement de Défense des Exploitants Familiaux pose que « ce n’est pas la faute du viticulteur, ce n’est jamais la faute du viticulteur si on se retrouve dans des difficultés économiques où l’on nous explique qu’il faut arracher les vignes » indique Didier Gadéa, secrétaire général et président de la commission viticole du Modef, lors d’une conférence de presse ce vendredi 29 septembre à la chambre d’agriculture de Lattes (Hérault). Annonçant défendre becs et ongles ses revendications, Didier Gadéa précise qu’au Modef « on ne se soumettra pas aux lois du marché. C’est ça aujourd’hui, on nous dit de se soumettre en permanence aux lois du marché. Nous sommes uniquement et exclusivement engagés dans la défense des intérêts des paysans, c’est-à-dire nos intérêts à nous, qui sommes paysans. »
Comme pour les élections présidentielles de 2022, le syndicat agricole demande un prix plancher fixé et garanti par l’État : « 100 €/hl pour les vins de table (VSIG), 160 €/hl pour les vins IGP, 200 €/hl pour les vins AOP et 260€/hl pour les vins bio » liste Didier Gadéa. Le syndicat se positionne également pour le paiement d’un acompte de 15 % à chaque fois qu’un contrat d’achat est signé, pour la plantation de cépages résistants à proximité des habitations, pour une aide à l’hectare des viticulteurs bio en difficulté, pour une retraite minimale à 1 300 € net… Et pour un retour au système des droits de plantation qui ont été remplacés par les autorisations de plantation en 2015. Pour Didier Gadéa, la règle du 1 % de croissance fait augmenter de 8 000 ha/an le vignoble français depuis 8 années, soit « 64 000 hectares, comme le département de l’Aude » alors que l’Espagne et l’Italie peuvent aussi planter.


Pour Didier Gadéa, il faut revenir à un encadrement des surfaces viticoles pour gérer l’existant sans l’arracher. Toujours opposé à l’arrachage, le viticulteur de Montagnac critique l’outil bordelais d’arrachage sanitaire : c’est « une enveloppe qui est normalement dédiée à l’arrachage sanitaire, style flavescence dorée. […] Ce sont des aides détournées », alors que l’« on rappelle que le département Gironde est un très très bon élève : c’est le premier département viticole de France, 115 000 ha de vigne produisant 5 millions hl de vin, c’est le premier département bio de France et le premier département AOC… autrement dit, il coche toutes les bonnes cases et il se retrouve dans la panade. »
Précisant son propos à Vitisphere, Didier Gadéa indique qu’« aujourd’hui tombe sur Bordeaux, mais ça aurait pu tomber ailleurs. Tout ça c’est le résultat d’une politique de déstructuration orchestrée et voulue politoquement. Ce n’est pas un hasard. » Et de citer les « accords secrets » sur l’importation française de vin algérien de 1962 à 1970 (« le négoce se fait de l’argent, les viticulteurs distillent. Ne pas connaître son histoire c’est être condamné à la revivre ») et le décret européen créant l’Organisation Commune du Marché du vin (OCM) fixant un seuil de prix annuel pour les vins en fonction des prix les plus bas au niveau européen (« On utilisait la misère dans laquelle était maintenue les viticulteurs du sud de l’Italie pour faire baisser le revenu des autres viticulteurs européens » indique Didier Gadéa). Faisant de la rémunération minimale et de la production maximale la mère des batailles, le porte-parole du MODEF ne croit pas dans une crise venue des seuls changements de consommation : « ce n’est jamais dû au hasard » conclut-il, restant droit dans ses bottes.