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"Il faut arracher de la vigne en France"
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Jérôme Bauer
"Il faut arracher de la vigne en France"

Le vigneron alsacien anticipe de nouveaux déséquilibres entre offre et demande pour le vignoble après la récolte 2023. Le point avec le président de la Confédération Nationale des producteurs de vins et eaux de vie de vin à Appellations d'Origine Contrôlées (CNAOC).
Par Alexandre Abellan Le 09 septembre 2023
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- crédit photo : AVA (archives)
M
algré une campagne distillation en cours, le moral reste maussade dans le vignoble, avec l’impression croissante que la crise n’est pas derrière, mais devant la filière vin…

Jérôme Bauer : La CNAOC a été la première à dire que cette distillation serait une rustine insuffisante et à se positionner pour l’arrachage définitif. Force est de constater que l’on va distiller 200 millions € de vin, mais qu’avec la déconsommation actuelle de vin, accentuée par l’inflation, on va rester dans une situation moribonde. La question à se poser est celle d’un excès de potentiel de production de vin en France. Il faut avoir le courage de se poser la question.

À la CNAOC on pense qu’il y a trop de potentiel de production de vin français. Je ne me vois pas retoquer à la porte du ministre pour redemander une distillation en 2024 ! Tous les représentants de la filière l’ont dit et répété. Il faut maintenant prendre son courage à deux mains et dire qu’il faut arracher de la vigne en France

 

Si la demande d’arrachage définitif est portée depuis 2022 par l’interprofession de Bordeaux face à la déconsommation de vins rouges AOC, les vignobles du Midi et de la Vallée du Rhône ne lui ont pas emboîté le pas…

Plus on parle de l’arrachage, plus il y a d’autres vignobles qui semblent intéressés. Ce qui n’est pas une bonne nouvelle ! Aujourd’hui, il n’y a pas de consensus sur la stratégie de la filière. Il faut se caler sur les principes de régulation. C’est-à-dire sur le contrôle des plantations et de l’arrachage. À partir de là, il faudra trouver des leviers d’action pour financer l’arrachage. Aujourd’hui, des fonds européens sont dédiés à la restructuration. Arracher des vignes pour maintenir la pérennité du reste du vignoble en France correspond à de la restructuration pour moi. Ce n’est pas possible actuellement, mais il va falloir ouvrir de nouvelles portes réglementaires. Les vignobles espagnols et italiens pourraient être intéressés.

 

Demandée l’an passé par Bordeaux, la possibilité de financer l’arrachage sanitaire sur les fonds européens (OCM vin, Organisation Commune du Marché vitivinicole) ne fait pas consensus dans la filière.

Un plan de filière est en discussion au sein du conseil spécialisé vin de FranceAgriMer. Il n’est pas suffisamment avancé pour en tirer conclusion. L’enjeu est de savoir si l’on continue à laisser faire ou si l’on trouve des solutions.

 

Face aux replis commerciaux actuels, la vendange 2023 voient des stratégies de réduction des rendements, de mise en réserve ou d’espoir de rétablissement dans les syndicats viticoles.

Il faut plusieurs leviers pour s’adapter aux situations différentes. La baisse des rendements et la constitution de réserve sont des solutions. Mais réduire le rendement augmente le coût de production, ça ne peut être que temporaire. Réduire de 10 % le rendement, c’est augmenter le coût de production. 

  Pour réguler l’offre, la fédération des vins IGP militent pour un dispositif d’étanchéité entre AOP et IGP.

La CNAOC a été la première à porter le sujet de l’étanchéité des segments, il y a des années. Aujourd’hui, nous sommes tous mûrs pour remettre un tel dispositif en place. Nous sommes tous d’accord : AOC, IGP, vignoble, négoce… Il faut gagner en stabilité, les IGP ne peuvent pas être le déversoir des AOC quand ça ne va pas, et vice-versa. On travaille depuis un an à une proposition, que l’on va désormais travailler avec la fédération des vins IGP.

 


 

 

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Tous les commentaires (6)
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Dumas Le 17 septembre 2023 à 11:57:06
Il faut arracher en Languedoc dans la viticulture d plaine qui disparaît. Mais que fait-on du foncier?
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Vigneron Le 11 septembre 2023 à 08:56:47
Il est logique que l'Etat et l'Union européenne ne peuvent continuer à verser des millions d'euros pour aider la filière vin "sous perfusion". La baisse des rendements est un peu le revers de la médaille. Par contre, je suis contre la généralisation de cette méthode à tous les producteurs: Ceux qui ont mis leur vin à distiller devraient avoir leur rendement diminué. Mais ceux qui ont besoin de ces rendements parcequ'ils ont les marchés pour vendre, et ceux qui ont de faibles surfaces et qui ont besoin de tout le potentiel de production ne devraient pas être victimes coresponsables de la crise. Il ne faut pas pénaliser ceux qui permettent à la filière de se développer vers le haut et de tirer la croissance. Les pénaliser, ce serait plonger alors toute la filière dans une décroissance voir une crise générale. Car il ne faut pas penser que la baisse des rendements obligatoires permettra ispo facto d'augmenter les prix et de faire revenir les consommateurs, cette logique étatique est absurde. C'est comme si on disait à des personnes ayant trouver du travail; c'est la crise alors par solidarité pour les autres, il vaut mieux que tu restes à la maison.
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FVigneron Le 09 septembre 2023 à 21:47:13
Je suis étonné comment cette situation ne pivote pas en faveur des producteurs. Il n'y a pas un jour qu'il n y a pas une nouvelle marque de whisky francais qui se creee et qui essaye de profiter de l'engouement et la croissance des spiritueux (forte valeur ajoutée et marge). Pour avoir distille des vins de cepage je peux vous dire qu'ils sont aussi bons que les meilleurs whisky. Ainsi, une annee j'ai envoye des echantillons a une competition connue de tout les producteurs de vins et spiritueux et un de mes echantillons s'est retrouve dans le lot de whisky et j'ai recu 3em meilleur whisky de cette competition. Ceci a ete invalide car il s agissait d'une distillation de cabernet-sauvignon et donc j'ai ete recompense pour les 'brandy'. Il me semble qu'il faut savoir etre opportuniste et une campagne de brandy francais haut de gamme pourrait éviter aux producteurs d'arracher, et plutot de prospérer. Arracher, replanter, arracher, replanter... pourquoi ne fait-on pas un avantage de ce qui est un inconvenient a priori. Ahhh! la France pays du Minitel pendant que les autres faisaient l'Internet.
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VignerondeRions Le 09 septembre 2023 à 11:27:30
La baisse des rendements est une connerie sans nom, ça peut s'envisager 1 ou 2 ans à conditions de faire des réserve pour aléas. Mais en Bordeaux rouge (par ex) les rendements autorisé ont baissé de 20% dans les années 2005, passant de 60/65 à 50/55 (moins les réfactions diverses et variéess dues au cdc) presque 20 ans plus tard le bilan est catastrophique. Mais surtout n'apprennons pas de nos erreurs, des fois que ce serait constructif. 20 % de chiffre d'affaires en moins c'est une capacité d'investissement sur la prospection commerciale qui s'effondre, sur la recherche, l'innovation, etc. C'est toujours ce qu'on supprime en premier, le reste étant essentiel, on ne peut pas arrêter de tailler, de traiter mais à la fin c'est l'ensemble qui coule. 20 ans de débats d'idées qui prouvent que "l'opposition" ne disait pas n'importe quoi. Ce n'était pas juste pour s'opposer, c'était pour que la filière vin en France reste forte et compétitive, en lieu et place, en 20 ans ils ont réussi à construire une ruine inadaptée. C'est quand même une performance qui mérite d'être soulignée.
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De passage Le 09 septembre 2023 à 10:24:56
C'est du gâchis d'arracher. Pourquoi ne pas employer l'excédent à la fabrication d'ethanole ? Pas besoin de récolter à la main dans ce cas. Enfin c'est dommage.
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Olivier Metzinger Le 09 septembre 2023 à 07:39:22
Ça me ferait presque marrer si ce n'était pas si grave. Les mecs se réveillent alors que nous le sentions venir déjà avant le Covid. Et tous ces représentants de la filière viticole française se sont servit du Covid comme prétexte, l'arbre qui cache la forêt. En 2023, ils commencent à voir que c'est planté, et que ça ne va pas redémarrer comme avant. 5 ans de négation de la réalité, 5 ans d'emplâtres sur des jambes de bois, 5 ans à faire semblants et à gaspiller des millions d'euros d'argent public pour enfin rejoindre ce que nous disions... A ce stade il faut vraiment des États généraux de le viticulture et pas uniquement à Bordeaux. Il y avait des indicateurs très fiables, la non reprise des vignes est le signe de la santé économique de la filière. Si les jeunes ne reprennent pas c'est que ce n'est pas viable. Ce n'est pas très compliqué à comprendre et les safer ont les arguments. Quand une filière va bien, il n'y a pas de fermage gratuit, il n'y a pas de friche, or chez nous ça fait plus de 10 ans que ça existe... Chaque région viticole gère autour de son nombril, et l'État garant de l'intérêt collectif, acquiesce sans broncher.
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