dressée « aux candidates et aux candidats à l’élection présidentielle », la lettre ouverte de Pierre Thomas, président national du Mouvement de Défense des Exploitants Familiaux (MODEF) est un cri du cœur : « le métier d’agriculteur, métier passion, est arrivé à un stade où il ne permet plus de faire vivre sa famille. Globalement l’agriculture familiale va très mal, les cessations d’activité se multiplient et faute de perspective de revenu et de financement les installations sont en baisse de 6,7 % en 2020. »
S’adressant au futur président de la République, Pierre Thomas estime que la rémunération des métiers agricoles est au cœur des difficultés actuelles. Regrettant « l’inefficacité des mesures mises en place par la loi EGALIM 1 et la loi EGALIM 2 », l’éleveur de bovins laitiers note ainsi que « depuis des décennies, le gouvernement refuse à mettre en place des outils d’intervention sur les prix. » Le président du MODEF s’alarme d’un décrochage entre coûts de revient et cours du marché : « les prix payés aux éleveurs, viticulteurs ont chuté et restent toujours bas ! Les débouchés ont été durablement impactés par la fermeture de la restauration hors domicile. Les cours du pétrole continuent leur ascension en portant le baril à 88,13 dollars pour la première fois depuis octobre 2018. La hausse du prix du pétrole entraîne dans son sillage celui des engrais avec des prix à 785 €/t pour l’ammonitrate contre 265 €/t un an plutôt et 805 €/t pour l’urée contre 283,5 €/t en 2021. »


« Malheureusement les exploitants agricoles n’ont pas la maîtrise des prix agricoles de leur production et ne peuvent répercuter cette hausse des coûts de production » regrette Pierre Thomas. Pour stopper l’hémorragie, le Modef estime « primordial de garantir la rémunération des paysans par des prix garantis par l’État, d’encadrer les marges et les pratiques de la grande distribution et maîtriser les productions agricoles sur le marché intérieur ».
Soulignant le poids croissant sur la profitabilité des exploitations du risque climatique (gel, sécheresse…), le syndicaliste « s’oppose au projet de loi réformant l’assurance-récolte. Le gouvernement souhaite abaisser progressivement le niveau de garantie publique pour assurer le développement de l’assurance privée. Nous demandons le retrait de ce projet de loi et la création d’une caisse mutualiste aléas climatiques et sanitaires prenant en compte l’ensemble des acteurs économiques encadré par l’État. »
Syndicat agricole minoritaire, le MODEF a obtenu 1,9 % des suffrages lors des dernières élections agricoles (avec 3 558 voix).