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Le négoce européen ne veut pas d’arrachage, mais de la vendange en vert
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Gestion de crise
Le négoce européen ne veut pas d’arrachage, mais de la vendange en vert

Groupe à Haut Niveau d’impatience pour la sortie de crise de la filière vin : le lancement de la plateforme stratégique permet de mesurer les points d’accord et de divergences entre les différents acteurs d’un débat crucial.
Par Alexandre Abellan Le 12 septembre 2024
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Le négoce européen ne veut pas d’arrachage, mais de la vendange en vert
3 autres réunions sont désormais prévues pour le groupe à haut niveau. - crédit photo : Adobe Stock (Samon)
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rand oral de rentrée ce mercredi 11 septembre à Bruxelles pour les représentants de la filière intervenant devant les membres décisionnaires de la Commission Européennes et des administrations nationales formant pour la première fois le Groupe à Haut Niveau portant sur les politiques vitivinicoles. L’occasion pour les premiers de partager leur vision de la crise viticole actuelle et d’avancer leurs propositions de solutions aux seconds, le Groupe à Haut Niveau devant rendre en début d’année 2025 ses conclusions pour lancer des actions rapides d’adaptation de la filière et pour prévoir la prochaine Politique Agricole Commune (PAC 2027) et son Organisation Commune du Marché (OCM).

Accords et désaccords

Pendant son intervention, chaque organisation vitivinicole a porté des priorités pour renforcer la filière, avec des propositions se recoupant souvent, comme sur un étiquetage ne stigmatisant pas le vin, mais pas toujours comme avec la réduction du potentiel de production viticole. La Confédération Européenne des Vignerons Indépendants (CEVI) a ainsi demandé, via sa présidente Matilde Poggi, des simplifications administratives, un soutien aux ventes en Europe et à l’export… Représentée par l’eurodéputée sortante Anne Sander, l'Assemblée des Régions Européennes Viticoles (AREV) a défendu l’innovation avec les drones ou les Nouvelles Techniques Génomiques (NTG), la simplification administrative (par exemple pour la vente de vin entre pays européens), mais affirme dans un communiqué son « opposition à une politique massive d'arrachage, en préconisant des outils permettant d'adapter la production à la demande tout en évitant la délocalisation de la viticulture vers d'autres continents ».

Intervenant par son secrétaire général, Ignacio Sánchez Recarte, le Comité Européen des Entreprises du Vin (CEEV) indique que s’il faut « mieux gérer le potentiel de production pour améliorer l'équilibre entre production et demande », le négoce estime que « la vendange en vert devrait être la seule mesure "corrective" utilisée et en déconseillant fortement l’introduction d’un mécanisme d’arrachage généralisé. Si des fonds publics devaient être alloués à de telles actions, des conditions strictes doivent être appliquées. » Par la voix de son président, Riccardo Ricci Curbastro, la Fédération Européenne des Vins d'Origine (EFOW) est moins tranchée en demandant plus généralement « des mesures de marché pour soutenir les opérateurs en difficulté, assorties de conditions ».

Nuances

Prenant la parole en tant que vice-président du groupe vin de la Copa-Cogeca, Ludovic Roux pointe que toutes les organisations de la filière se sont consultées en amont pour partager leurs positions et arriver avec des propositions cohérentes voire consensuelles. « Evidemment avec des nuances » reconnaît le vice-président Europe des Vignerons Coopérateurs de France, qui porte à Bruxelles les sujets français de l’arrachage, définitif et temporaire et note une base d’accord avec le négoce européen : « le Comité vin dit que l’arrachage n’est pas une solution à long terme pour piloter la filière vin. S’il suffisait d’arracher pour que demain ça aille bien, ça se saurait. Mais l’arrachage est un outil obligatoire : il y a des situations de faillite. Nous devons appeler un chat un chat. Il faut trouver des solutions pour sortir ces vignes. »

Alors que les vendanges témoignent d’un malaise croissant dans le vignoble français, « il y a un besoin urgent d’avoir une réponse sur l’arrachage » pointe le viticulteur des Corbières, notant que le volet définitif est en discussion directe entre la France et la Commission (avec l’objectif d’une mise en œuvre pour le 15 octobre), alors que l’arrachage temporaire est un sujet évoqué lors du Groupe à Haut Niveau (avec des intérêts exprimés par la France, l’Espagne et l’Italie). « Il ne faut pas opposer les deux systèmes, ils n’ont pas la même optique » indique Ludovic Roux, alors que l’arrachage définitif serait un outil français d’urgence et que l’arrachage temporaire semble s’orienter vers une intégration à la PAC. Pour le viticulteur, « il n’y a pas eu d’oppositions fermes. Des pays en sont plus friands que d’autres. Cela peut être un outil de flexibilité. »

Flexibilité, agilité, innovation et rémunération

Portant les trois axes de propositions du Copa Cogeca*, Ludovic Roux les résume par des mots clés : « flexibilité, agilité, innovation et rentabilité ». Ce dernier terme étant le « maître mot. Tout l’objectif est de retrouver de la rentabilité. Quand ce sera fait, ce qui est possible, on pourra reprendre des parts de marché que l’on a perdues. La consommation de vin baisse dans le monde, mais celle d’alcool continue à monter. Ce n’est pas l’alcool qui est le sujet, c’est l’adaptation de nos vins aux consommateurs. » Alors que Cognac propose son propre outil de renforcement de la rentabilité par un rendement différencié, « ça peut être solution dans certains secteurs, mais ce n’est pas duplicable partout » pointe Ludovic Roux, soulignant que « dans le grand Sud, on est à un petit 50 hl/ha » (bien éloigné des 95 hl/ha prévus dans le vignoble charentais pour le millésime 2024 réduit). Pour le coopérateur, « il y a une multitude de solutions qui peut être envisagée, mais a aucune n’est duplicable partout. C’est pour ça qu’il faut de la flexibilité. »

Autre proposition innovante travaillée en Occitanie et portée à Bruxelles par Ludovic Roux : une évacuation de la surproduction de vin en cas de crise par des usages industriels (sucres, sirops, pépins…) dont la moindre rentabilité serait compensée par un fonds de mutualisation dédié (géré par bassin avec de l’argent public et une cotisation de solidarité de la filière). « Quand il y a surproduction, l’idée est d’agir vite pour envoyer ces volumes vers des marchés évitant de dévaloriser les vins » explique le viticulteur du Midi, pour qui « mieux vaut vendre un petit volume de sa production à petit prix pour conserver la valorisation du reste, plutôt que de voir tous les prix s’effondrer. »

Avec toutes ces analyses et propositions, « les pouvoirs publics ont du grain à moudre » résume Ludovic Roux, qui appellent à des réponses rapides et fortes alors que les craintes pour la pérennité des exploitations touchent jeunes comme anciens. « Il y a un énorme problème de rentabilité » conclut-il.

 

* : Les propositions du Copa Cogeca portent d’abord sur l’adaptation au changement climatique (par exemple avec le renforcement de l’assurance, qu’il s’agisse de pertes de récolte, de risque géopolitique…), ensuite sur la meilleure rémunération (un partage de la valeur touchant au droit sensible de la concurrence) et enfin la relance de la consommation (avec plus d’innovation sans ).
 

 

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Tous les commentaires (11)
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Geoffrey B Le 17 septembre 2024 à 15:02:27
Le négoce est contre l'arrachage, ben voyons, et de la vendange en vert en plus...déjà ils ont eu du HVE pour le prix du conventionnel, du Terra vitis pareil, et maintenant on va vendanger en vert alors que 20% du vignoble fait perdre de l'argent au viticulteur. On rêve.
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viticulteur33 Le 12 septembre 2024 à 20:28:40
Nous sommes prêts à vendanger en vert, réduire encore les produits phytosanitaires et même à renoncer au tracteur au profit du cheval si cela permet de renouer avec les bénéfices. Mais comme cela a déjà été écrit dans d'autres commentaires, s'ajouter du travail et des contraintes pour un CA en baisse, c'est hors de question. Le point non négociable devrait être de viser à moyen terme une interdiction d'achat en dessous du prix de revient. Tout le reste n'est que bla bla.
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Gascogneur Le 12 septembre 2024 à 16:30:31
Entierement d'accord avec mes collègues vignerons , heureusement que la misère ne nous prive pas de notre bon sens paysan . Il faudrait que tous ses technocrates de haut niveau viennent passer du temps sur nos exploitations pour se rendre compte de la cruelle réalité et de la non rentabilité de la production viticole , y ajouter de la vendange en vert ne fera qu 'aggraver la situation car c'est une charge en plus et un revenu en moins ,un enfant de 6 ans peut comprendre ça .
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Lautier Le 12 septembre 2024 à 15:35:41
Bizarre ils savent la surface qu'il est nécessaire d'arracher pour sortir de la crise c'est à dire 150000ha incroyable le même chiffre que les plantations illicites de 2016 primé par l'Europe ! Je vous invite à consulter l'intervention du sénateur de l'Aude de l 'époque Roland COURTEAU Qui avez dénoncé c est état de fait Avec singulièrement des syndicats agricole français absent du débat? Aujourd'hui on paye cash la nullité de nos gouvernants successif. Une Europe qui va avoir à passer à la caisse mais pas au rabais car la colère gronde face à cette crise qui va mettre beaucoup de monde sur le careau mais qui n affectera d aucune façon les décideurs de Bruxelles bien au chaud avec la sécurité de l 'emploi au salaire frisant l 'indécence .
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VignerondeRions Le 12 septembre 2024 à 14:26:14
Le Groupe à Haut Niveau, n'en a que le nom quand on regarde les propositions qui sont faites. Depuis des années le négoce paie en dessous des coûts de productions, c'est prouvé vérifié et avéré. Il pense que la situation va continuer éternellement, et il parle d'alimenter le marché en cas de reprise. Les gens de haut niveau ne comprennent donc pas qu'il n'y a aucun avenir pour la viticulture à travailler à perte. Nous ne pouvons pas assumer seul les risques climatiques, géopolitique, sanitaires, commerciaux, ainsi que les exigences diverses et variées de la société qui entraînent une hausse des coûts de production. Le négoce ne veut même pas se mettre autour de la table pour en parler. 50% des agriculteurs auront l'âge de la retraite d'ici 2030. Un jeune qui s'installe a appris pour son plus grand bonheur quelques principes de comptabilité (notamment analytique) et il ne va pas aller dans une production qu'il sait déficitaire, pour la combler par une autre excédentaire. Même les banques ne suivront pas. On vous prête pour la partie qui gagne de l'argent c'est à dire celle que nous ne vendons pas aux négoces. Croire que le problème c'est le marché est une hérésie, le problème des exploitations agricoles c'est la rentabilité, et même avec un marché tendu, la rentabilité de la filière n'y est pas. Depuis plusieurs années nous l'expliquons avec des preuves mais les gens de haut niveau ne comprennent pas ou plutôt ne veulent pas comprendre. Comme on dit dans les campagnes c'est difficile de faire boire un âne qui n'a pas soif. Et comme dirait un ami "c'est pas demain qu'on aura sorti le cul des ronces". Pour autant ces positions n'ont rien de surprenant, puisqu'elle émanent des gens qui ont conduit la filière dans la situation dans laquelle elle est actuellement. Il y a des vignobles en friche dans toute l'Europe, mais ne faisons pas d'arrachage. Les vendanges en vert c'est le mildiou qui s'en chargera pour les voisins de ces vignes sans impact économique pour eux puisque le groupe de haut niveau le dit... Misère, misère, c'est toujours sur les pauvres gens que tu t'abats obstinément.
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Renaud Le 12 septembre 2024 à 13:00:32
Il est toujours doux d'entendre les conseilleurs qui ne sont JAMAIS les payeurs. L'arrachage est une mesure de medecine de guerre. L'infection n'ayant pu être endiguée à temps La gangrène est arrivée, il faut amputer . Depuis le temps que nous disions que nous avions besoin d'un poste médical avancé sur la ligne de front ?.. ceux qui veulent réduire l'offre par vendange en vert sont ils prêt à payer les frais supplémentaires et l'augmentation des coûts à l'hl ? Ils n'en parlent pas. Il est toujours intéressant de voir les nantis avoir des solutions pour les pauvres. Sont ils justes incompétents ou réellement méprisants ?
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Sangsues Le 12 septembre 2024 à 11:37:18
Le négoce veut de la vendange en vert pour réguler les rendements, c'est la meilleure celle là quand ont voit le prix qu'ils payent le vin. C'est eux qui vont payer la vendange en vert ? Il vont payer plus cher les petits rendements ? Le négoce à voulu des volumes et maintenant qu'ils n'arrivent plus à le vendre ils voudraient du caviar gratuitement !
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Deadfarm Le 12 septembre 2024 à 11:31:24
Le négoce ne veut pas de l'arrachage ? Ah bon ? Le contraire m'aurait étonné. Si nous voulons un marché durable, il faut arracher massivement, interdire les tailles mécaniques et contrôler la production et toutes les vignes qui dépassent les rendements autorisés il faut les déclassés en vin de table. Il n'y a que comme ça que nous nous en sortirons !
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Christophe Le 12 septembre 2024 à 10:55:04
J'adore le nom donné à ce groupe, c'est à peine suffisant. Nous les pécores de la terre, du bas niveau, ne sommes pas à la hauteur pour savoir ce qui est bon pour nous, eux savent. Quelle tristesse
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DARIUS Le 12 septembre 2024 à 07:42:19
La position du négoce est vraiment empreinte d'un grand cynisme et est même dégueulasse. Tant que l'offre dépassera la demande les cours resteront effondrés. Ce qui permet au négoce d'avoir du vin à très bas prix plus facile à vendre... en théorie. La réalité comme l'ont montré les crises précédentes c'est qu'à des cours trop faibles la qualité baisse et lorsque la qualité baisse le consommateur s'en va.
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Grami Le 12 septembre 2024 à 07:33:51
On a encore et toujours l'impression que ces gens là ne sont pas conscients de l'ampleur de la crise qui touche la filière ! Ils continuent à proposer des mesurettes pour résoudre le problème le plus important que nous ayons connu depuis 50 ans ! Ils sont comme nos politiques français qui à court d'idées et de vision pour notre société on fait émerger les extrêmes, et d'ailleurs gare au retour de bâton dans le vignoble à l'automne !
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