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Accords et désaccords européens sur l’arrachage
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Groupe à Haut Niveau
Accords et désaccords européens sur l’arrachage

Alors que Bruxelles accueille la première réunion du Groupe à Haut Niveau sur la stratégie vitivinicole communautaire, les eurodéputés témoignent déjà d’un souhait de soutenir la filière en crise, mais avec des visions bien différentes sur les moyens d’y parvenir. De l'urgence pour l'arrachage en France aux réticences pour d'autres pays.
Par Alexandre Abellan Le 11 septembre 2024
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Accords et désaccords européens sur l’arrachage
« Il est temps d’assumer à nouveau le besoin de réguler l’ajustement de la surproduction, car ça ne se fait pas tout seul » plaide l’eurodéputé socialiste Eric Sargiacomo. - crédit photo : Adobe Stock (Cranach)
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’ouvrant ce mercredi 11 septembre par une réunion de la Commission Européenne, le Groupe à Haut Niveau (ou High Level Group en langage bruxellois) sur les politiques vitivinicoles ouvre un cycle de trois rencontres (annoncées en octobre, novembre et décembre) entre la Commission Européenne (à l’initiative), les 27 ministères de l’Agriculture (à haut niveau décisionnel) et les représentants de la filière (invités pour l’ouverture en septembre* et la clôture en décembre des discussions). L’objectif est de collecter des « contributions importantes pour doter le secteur d’une stratégie et d’une politique pour la PAC post-2027 (Politique Agricole Commune) qui doit être adoptée aux alentours de l’été 2025 » indique Pierre Bascou, le directeur pour le développement durable et le soutien aux revenus de la Direction Générale à l’Agriculture de la Commission Européenne (DG Agri), ce jeudi 5 septembre devant la commission de l'agriculture et du développement rural du Parlement européen (AGRI).

Deux eurodéputés seront invités à suivre ces réunions, afin de nourrir les réflexions législatives pour répondre aux défis actuels : « on a vu un déclin considérable de la consommation de vin ces dernières années (impactées par certains nombres d’évènements qui souvent n’ont rien à voir avec le secteur, mais qui ont un impact réel, je pense aux droits américains dans l’affaire Boeing, le covid, l’agression russe en Ukraine et l’instabilité sur les marchés internationaux…) s’ajoutant à des modifications structurelles de la consommation de vin dans le monde (Union Européenne et reste du monde) » esquisse Pierre Bascou.

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Ne manquant pas d’idées pour renforcer la performance de la filière vin, les eurodéputés proposent d’avancer sur les nouvelles technologies génomiques (NGT), de ne plus laisser s’afficher la stigmatisation du vin (avec l’étiquetage des risques sanitaires autorisée en Irlande ou les réticences à communiquer sur les boissons alcoolisées**), une réforme de la réserve agricole (pour répondre plus rapidement aux crises), une simplification administrative des aides à l’export (avec une plateforme unique à tous les pays)… Est aussi proposée la réforme de la moyenne olympique pour l’assurance récolte portée par l’eurodéputé français Benoît Cassart (Renew) qui plaide pour « des systèmes assurantiels plus proches de la réalité du terrain et qui sachent réellement répondre aux crises climatiques et aux maladies de plus en plus fréquentes. Cela demande une réflexion sur les références utilisées pour évaluer les pertes et la possibilité d’allonger le nombre d’années utilisées pour calculer la moyenne olympique. » Une autre priorité est le tournant agroécologique pour Arash Saedi, eurodéputé français (La France Insoumise) appelant à « accompagner le secteur dans ces évolutions » grâce à une PAC réorientée « vers l’emploi et une production plus durable pour s’adapter aux marché et aux impératifs de santé publique ».

Feu vert très vite pour l’arrachage

Mais les eurodéputés français ont surtout parlé d’arrachage d’urgence lors de ce comité. « Le temps des réflexions est indispensable, mais ne doit pas empêcher l’action » pose l’élu socialiste Eric Sargiacomo, rappelant qu’« il y a deux demandes qui sont en cours d’aide à l’arrachage au niveau de la France. Il n’est pas normal qu’on dise aux représentants de la filière qu’il faut attendre les résultats du groupe de haut niveau alors qu’il s’agit d’une mesure financée à 100 % au niveau national par les aides d’Etat » plaide le conseiller régional de Nouvelle-Aquitaine (pour les Landes), ajoutant qu’« il nous faut un feu vert très vite de la Commission pour l’arrachage définitif et l’arrachage temporaire ».

Alors que « des milliers d’hectares de vignes sont en passe d’être arrachés en France », l’eurodéputée Céline Imart (Les Républicains) enfonce le clou face aux « conséquences sociales de cette crise : on parle beaucoup d’arrachage, c’est une nécessité. On a beaucoup de producteurs qui se retrouvent dans une impasse et qui peuvent passer à des gestes sous l’effet du désespoir ». Membre de la FNSEA, la céréalière du Sud-Ouest pointe que « quand un pied de vigne est arraché en France, c’est un part de notre culture qui est arrachée ». Ce sur quoi rebondit l’eurodéputé Gilles Pennelle (Rassemblement National) : « l’Union européenne n’est pas seulement faite pour subventionner la casse des bateaux de pêche, des usines ou l’arrachage. Un collègue parlait d’arrachage, d’arrachage, d’arrachage. Je suis d’accord avec madame Imard : arracher une vigne c’est détruire une parcelle de notre identité, c’est détruire un paysage, et c’est remplacé par quoi ? L’Union Européenne doit faire la promotion du vin et défendre nos vignerons » en arrêtant « de stigmatiser le vin comme la viande » et avec une « lutte contre concurrence intra-européenne souvent très déloyale »

Ne commettons pas une erreur

Pour l’eurodéputé allemand Norbert Lins (Union chrétienne-démocrate), « nous devons passer au crible les différentes mesures. Ne commettons pas une erreur en disant qu’il nous faut de toute urgence des mesures. Il faut que ces mesures soient pérennes. » Pour Eric Sargiacomo, il est justement « indispensable de financer de nouveau des arrachages dans le cadre de la PAC et des programmes nationaux d’aides. Ces mesures n’existent plus depuis 2010, parce que l’on croyait à l’époque que l’on n’avait plus besoin de réguler. Il faut remettre l’arrachage dans la boîte à outils de la PAC. A défaut, on va continuer à camoufler des mesures pourtant nécessaires avec des subterfuges comme l’aide à la diversification du deuxième pilier. »

Pas de quoi convaincre tous les élus européens. Ainsi Herbert Dorfman, eurodéputé italien (Parti populaire sud-tyrolien), lance qu’il ne sera « certainement pas favorable à ce que l’on prenne des mesures en masse de soutien à l’arrachage ou à la distillation. Le secteur vitivinicole a prouvé ces dernières années qu’il a les reins solides et qu’il peut supporter les pressions sur le marché. Je crois qu’il faudrait faire le ménage sur le marché. » Pas d’open bar des primes à l’arrachage pour Thomas Waitz, eurodéputé autrichien (écologiste) : « il faut être attentif afin de savoir qui reçoit cet argent de la PAC. […] Il y a moins de consommation de vin, très bien, réduisons la production dans les régions où vous pouvez avoir un autre type d’agriculture. Sinon on va finir par utiliser l’argent du contribuable en demandant qu’il plante des vignes, puis on va dépenser de l’argent supplémentaire pour faire de la promotion et ensuite pour la distillation ou le stockage. Il faut que l’argent soit utilisé de façon efficiente en fonction des besoins des marchés, pas en fonction de ce que nous considérons que les marchés devraient faire. »

Réactions de la Commission

Trouvant « rassurant » de « voir l’intérêt et l’assentiment » des députés européens pour le groupe à haut niveau lancé par la Commission, Pierre Bascou ne manque pas de diplomatie en indiquant avoir « pris bonne note des suggestions, des idées, des sources de préoccupation… Il apparaît clairement qu’il faut une approche stratégique pour instaurer une nouvelle dynamique pour la filière dans le et monde. Il faudra adapter la filière vitivinicole aux nouvelles préférences et tendances : produits, méthodes de production, étiquetage, emballages… » Soulignant qu’« il faudra régler les problèmes structurels du côté de l’offre », le haut fonctionnaire européen précise sur l’arrachage de vignes en France que « les autorités françaises et nous discutons de la mise en place d’un plan pour voir ce qu’il en est des primes à l’arrachage en France. Le sujet est discuté à la DG Agri mais également à la DG Concurrence. »

 

* : Participeront l’Assemblée des Régions Européennes Viticoles (AREV), le Comité Européen des Entreprises Vins (CEEV), la Confédération Européenne des Vignerons Indépendants (CEVI), le Comité des Organisations Professionnelles Agricoles de l'Union européenne (Copa), le Comité Général de la Coopération Agricole de l'Union européenne (Cogeca), l’European Coordination Via Campesina (ECVC), la Fédération Européenne des Vins d’Origine (EFOW) et la Fédération Internationale des Mouvements d’Agriculture Biologique (IFOAM).

 

** : « La Commission Européenne a toujours tendance à dire qu’il ne faut pas soutenir les publicités pour des boissons alcoolisées en Europe. C’est une absurdité, c’est grotesque. Au contraire, il faut soutenir la promotion de ces produits » plaide Herbert Dorfman, pour qui « il ne faut tout de même pas mettre en danger les ventes d’alcool sur le marché européen avec un étiquetage. Il faut absolument promouvoir les débouchés »

 

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augustin Le 12 septembre 2024 à 05:35:00
Face à une telle cacophonie, la tentation du terrain est de se replier sur soi, ses parcelles , so chai et ses quelques clients et prospects relances sans relâche. Les factures s accumulent et la trésorerierentre 2024 est insuffisante pour y faire face. Il est d ailleurs frappant que la dimension humaine du désastre annonce soit totalement ignorée de la part des technocrates ainsi réunis en (con) clave. Ce ne sont pas des ceps de vigne que l on arrache mais des cœurs de vignerons . Des conjoints qui demandent la séparation , des parents hagards et des enfants qui prennent la tangente , sans parler des amis qui progressivement se détournent.Il ne s agit plus seulement d ha de vignes à arracher , d hectolitres à distiller , de subventions à distribuer ... mais de vies humaines à réconforter! Faut voir comment on nous parle ou plutôt comment justement on ne nous parle plus .Évitons une fois encore de parler de "faillite" qui a une signification pénale visant des agissements frauduleux. Cessation de paiement et liquidation suffisent à donner l image de ce qui se passe , car la majorité des viticulteurs a fait sur ces dernières années ce qu elle pensait devoir faire : produire moins, produire meilleur , produire propre , bien promouvoir et au bon prix , avec les bons canaux de distribution et malgré tout cela , c est le chaos . Espérons que les politiques proches du terrain sauront remonter enfin cet SOS de rentrée, d abord à Paris puis à Bruxelles. Jamais la distance entre " les gens d en bas " et les "groupes de haut niveau " n'a été aussi dramatique .Cela doit cesser , car ,à défaut , la viticulture de demain connaîtra le sort de la sidérurgie d hier , avec son cortège de misère politique économique et sociale .
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